« Nous devons nous protéger, car ni les rues ni les applications mobiles ne se préoccupent de notre sécurité. Alors, nous nous protégeons entre nous, et ensemble, nous dénonçons un modèle d’affaires terrible, déclare Narada Kiondo, un des porte-parole des livreurs et livreuses. Ça ne peut pas continuer comme ça. Pour que l’économie des plateformes numériques fonctionne dans notre société, elle ne peut pas prendre appui sur un modèle qui vise à extraire le plus de profits possible des livreurs et livreuses et des restaurateurs, ni sur le contournement des normes de travail. Nous allons nous montrer persistants, et nous gagnerons parce qu’il en va de notre santé et de notre gagne-pain. »
Cette lutte prend racine dans les victoires comme celle de la campagne Justice pour les livreurs et livreuses de Foodora, qui, au cours des deux dernières années, ont prouvé que l’action collective au sein de l’économie des plateformes numériques est possible, que des victoires se gagnent, et que la campagne de mobilisation elle-même donne de vrais résultats dans la vie des travailleurs et travailleuses. Il y a un an, les tribunaux ont reconnu aux livreurs et livreuses de Foodora le droit de se syndiquer, et la grande majorité d’entre eux ont voté en faveur de la syndicalisation.
L’entreprise Foodora, l’employeur qui était la cible de cette lutte, a quitté le Canada. Les travailleurs et travailleuses ont par conséquent élargi la portée de la nouvelle campagne pour syndiquer l’ensemble des livreurs et livreuses dont le travail repose sur des applications mobiles. Ils ont en commun les conditions de travail, les enjeux de santé et de sécurité et les risques, et bon nombre d’entre eux travaillent pour de multiples applications mobiles. Ils peuvent à présent préparer ensemble leurs revendications.
Jan Simpson, présidente nationale du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), a expliqué comment le syndicat avait accueilli ces travailleurs et travailleuses. « Les livreurs et livreuses ont prouvé que la méthode traditionnelle de syndicalisation était possible dans leur secteur d’activités. Ils sont toutefois allés plus loin grâce à leurs tactiques de mobilisation et à leur entraide. Ils ont formé une organisation ouvrière que nous soutenons fièrement, car l’énergie et les idées qu’elle produit sont les éléments essentiels à toute amélioration des conditions de travail et au rejet du modèle d’exploitation propre à la Sillicon Valley.
« Nos revendications sont raisonnables, et elles s’inscrivent dans une large vision, déclare Arash Manouchehrian, livreur. Il nous faut une rémunération qui nous permet de joindre les deux bouts, la transparence des salaires et des horaires de travail, des protections en matière de santé et de sécurité, l’accès à des toilettes, des lieux où se réchauffer, des pauses, bref tout ce dont une grande partie de la société estime être le minimum pour les travailleurs et travailleuses. Nous avons des droits, et il n’en tient qu’à nous de les revendiquer jusqu’à ce que le système soit corrigé. »
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