Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Les monstres politiques (la suite)

Le manque total d’éducation politique conduit aussi à ce retour désolant à la
conception médiévale du parti, c’est-à-dire un groupe de gens qui s’agglutinent autour d’un champion. Parlez du Parti libéral à un quidam, il vous fera l’éloge ou la diatribe de M. Couillard ; parlez du Parti québécois à un quidam, il vous dira que Mme Marois l’ennuie ou le stimule.

3 juin 2013

Or, un véritable parti politique dans une société démocratique, c’est un groupe de personnes qui adhèrent à un programme et qui décident ensemble des orientations les plus appropriées pour le bien commun, non les suiveurs d’un chef. C’est sûr que c’est plus difficile à analyser que les frasques d’une vedette. Québec Solidaire en paie le prix avec ses deux porte-parole et ses décisions collectives qui n’ont rien à voir avec les préférences du moment de tel ou tel membre de son comité de coordination.

Parlant de Québec Solidaire, il serait bon que les commentateurs improvisés
réfléchissent aux clichés monstrueux auxquels ils cèdent avec tant de facilité.
Quand ces trop bons personnages nous disent que le programme de Québec Solidaire est irréaliste, on aimerait bien qu’ils nous pointent l’aspect particulier dont ils parlent. Si une proposition est irréaliste, on devrait être capable de la citer.

Ça me rappelle, ces gens qui me disaient ne pas lire le Devoir parce qu’ils le
trouvaient trop « intellectuel ». Je leur répliquais : Combien d’éditoriaux du Devoir as-tu lus au juste ? « Aucun » était la réponse et on s’empressait d’ajouter « justement parce que c’est trop intellectuel ». Cela s’appelle une prophétie autoréalisante.

Mais, si tu n’as pas lu quelque chose, quel jugement peux-tu porter dessus ?
Pour en revenir à nos monstres politiques, une autre erreur facilement entretenue par notre éducation politique déficiente est celle qui consiste à placer tous les politiques dans le même sac : « tous pourris », ce qui sert en général les plus pourris d’entre tous, ceux qui s’avancent en disant : « Ce sont tous des méchants, élisez-moi ; moi je ferai mieux ! »

Ces héros font mieux pendant quelques semaines, puis font bien pire parce qu’ils n’ont pas de guide programmatique pour les conduire dans la vertu. Rappelez-vous le bon maire Drapeau qui régnait comme un roitelet sur la ville de Montréal. Élu pour remplacer tous les mauvais qui l’avaient précédé, son seul programme était justement de les remplacer.

Nous n’avons pas besoin de gens qui se prétendent vertueux, nous n’avons pas besoin de vedettes, nous avons besoin de programmes véritablement politiques dont le contenu s’intéresse au bien commun et qui permettent à la population d’avoir son mot à dire régulièrement et fréquemment.

Francis Lagacé

LAGACÉ Francis
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