« Votre programme de régularisation nous a déçu, M. Mendicino et Mme Girault. Nous nous attendions à une reconnaissance pour tout le monde. Ce n’est pas juste, car notre travail et notre exposition au danger ont aussi assuré votre qualité de vie. Nous aussi, nous sommes des êtres humains à part entière, avec des droits. Nous ne devrions pas être obligé-e-s de mettre notre vie en danger pour être reconnu-e-s comme tel. Nous aussi, nous sommes essentiel-le-s. », a expliqué Samira, une réfugiée refusée qui est présentement sans papier.
L’annonce de vendredi survient après des mois de manifestations menées par des migrant-e-s au travers du pays demandant un programme de régularisation complet pour répondre aux inégalités qui se sont approfondies durant la crise de la COVID-19.
« Dans cette période de pandémie mondiale, nous voyons une nouvelle opportunité de mettre en place un programme de régularisation complet pour tout le monde quel que soit leur pays de naissance, la couleur de leur peau, leur religion, leur sexe, leur âge, leur capacité ou leur passé juridique, sans aucune exception, et avec un plein respect de la réunification des familles », a dit Francis Simard, membre de Solidarité sans frontières.
« Le statut pour tous et toutes est un principe humain avant tout, nous le revendiquons au nom de la dignité et de l’égalité des humains. Tout le monde doit et mérite de se retrouver, de se remettre de tout ce qu’il a enduré et souffert, et d’avoir la chance de réussir comme les autres. », a dit Mohammed, un demandeur d’asile.
Le programme de régularisation dévoilé aujourd’hui par les Libéraux fédéraux se base sur un critère d’accessibilité très étroit. Alors qu’il y a des centaines de milliers de migrant-e-s sans statut présentement au Canada, ce programme rejoindra moins d’un millier de personnes, plusieurs d’entre eux étaient de toutes façons à la veille d’être acceptés ou protégés par un moratoire sur les déportations. Les sans-papiers, les travailleurs agricoles, les aides familiales, les étudiants internationaux, tout comme les réfugié-e-s travaillant dans les CHSLD dans d’autres postes, tels que l’entretien, ou dans d’autres secteurs, sont tous exclu-e-s du programme.
« Je travaille comme gardien de sécurité dans le secteur de la production alimentaire. Mon travail consiste à s’assurer que les gens respectent les règles gouvernementales de distanciation sociale, le lavage des mains, etc. J’ai travaillé tout au long de la crise, souvent plus de 40 heures par semaine. Je suis exposé à plusieurs personnes et je me mets à risque. J’ai pris les transports en commun tous les jours pour aller travailler, car je n’avais pas le choix. Alors que les citoyens et les résidents permanents pouvaient rester à la maison et recevoir des prestations d’urgence, j’ai pris des risques pour aider à nourrir tout le monde, de manière sécuritaire. Mais le gouvernement nous a exclu-e-s de ce programme de régularisation » affirme Karim, un demandeur d’asile refusé cherchant à obtenir la citoyenneté.
Que ce soit en travaillant en première ligne dans des emplois sous-payés et dangereux, ou en étant évincées de leur logement à cause de leur exclusion des mesures d’assistance financières du gouvernement fédéral et provincial durant la pandémie, les impacts de cette crise ont été amplifiés pour les communautés migrantes du Canada et a mis en lumière les conséquences du racisme systémique au pays.
« Pourquoi cette discrimination envers les migrants ? En tout cas, nous sommes ici et ici nous resterons, et nous maintenir dans cette situation de non droit est non seulement une honte pour le Canada, mais une absurdité. Il n’y aura pas de justice et d’égalité au Canada sans nous accorder la résidence permanente. Si les Canadien-ne-s dans leur grande majorité sont accueillant-e-s et se soucient de l’égalité et de la justice, comme M. Trudeau ne cesse de clamer sur tous les toits du monde, la régularisation est la seule solution », conclue Ibrahima, une Montréalais sans statut.
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