Il y a certainement maintenant "50 nuances de vert" lorsqu’on en réferre aux emplois verts. L’expression galvaudée et utilisée à toutes les sauces s’en trouve plus souvent qu’autrement vidée de son sens. Le nettoyage printanier de berges, l’arrachage d’herbe à poux, bien qu’utiles en terme d’environnement, il reste que dans le contexte de la transition énergétique et écologique dans la lutte au réchauffement climatique ne constituent pas des emplois verts.
Il y a aussi de bons emplois qu’on qualifie d’emplois "à basse consommation carbonique", qu’on retrouve fréquemment dans les services publics. Mais ceux-ci ne réduisent ni ne limitent la production de GES. Un autre qualificatif utilisé est l’emploi "carboneutre". Quel que soit celui-ci il ne réduit pas de façon absolue l’émission de GES. L’heure désormais est à la réduction. Le concept d’emploi vert doit donc signifier aujourd’hui un emploi qui réduit directement ou indirectement la production et l’émission de GES.
Bien plus, au niveau linguistique, une expression nouvelle fait de plus en plus sa place pour décrire cette nouvelle réalité. On parle alors de "climate jobs" ou emplois climatiques dans notre langue. Le concept né en Afrique du Sud se répand maintenant partout. Au lendemain de la crise financière mondiale de 2008 ce pays voyait sa jeunesse souffrir d’un taux officiel de chômage de 53%. La COSATU, centrale syndicale de ce pays et partie de la coalition que constitue l’African National Congress (ANC) qui gouverne depuis Mandela, a mis au point une campagne. Celle - ci fut nommée "1 million climate jobs". Elle visait à combattre le réchauffement climatique tout en offrant de bons emplois aux jeunes. Le financement nécessaire à sa réalisation avait été établi à $400 millions.
Depuis, des campagnes à cette image mais à des magnitudes diverses prennent pied un peu partout et sur tous les continents. Ainsi il en va en Indonésie et ailleurs. Au Canada une coalition a été mise sur pied récemment conjointement par le CTC, la grande centrale syndicale du Canada - anglais, et l’Institut Polaris. Elle a pris pour nom et cible les mêmes qu’en A d S, c’est-à-dire "1 million climate jobs ".
Le néolibéralisme a pour habitude de pratiquer l’austérité en stimulant les projets de développement des hydrocarbures et des mines tout en affaiblissant les programmes d’énergies renouvelables. Il nous ramène en arrière. L’exception semble être l’Allemagne. Peut être est - ce par manque de telles ressources sur son territoire mais ce pays s’est tourné vers ces emplois verts. On y décompte la création de 400,000 emplois dans le secteur des énergies renouvelables ces dernières années.
Pour le dire très simplement : il est possible en ce monde de procéder à une transition énergétique et écologique dès à présent sans mettre à mal l’économie et même de stimuler l’emploi sans être nocif pour le climat. Mieux encore : on peut espérer une justice tant climatique qu’économique, mais cela nécessitera de plus grands changements politiques
Claude Généreux