Édition du 12 novembre 2024

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Le principal défi du Bas-Saint-Laurent : faire face à une importante baisse de l’effectif scolaire qui s’aggravera

Rimouski, le 15 avril 2008. – « L’importante décroissance démographique que connaît le Bas-Saint-Laurent, jumelée à un vieillissement accéléré de la population, constitue un phénomène qui a de sérieux impacts sur l’effectif scolaire de cette région. Il est évident que les différents acteurs du réseau d’éducation public du Bas-Saint-Laurent feront face à des défis importants qu’ils doivent relever ensemble, plutôt que de tomber dans le piège de se livrer à une concurrence entre les établissements qui serait malsaine pour la région. »

Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, a participé aujourd’hui à Rimouski à une importante conférence de presse visant à faire le point sur l’état de l’éducation dans la région du Bas-Saint-Laurent. Il était accompagné de Mme Marie Racine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ) et de M. Pierre Jobin, président du Syndicat des professionnelles et professionnels des commissions scolaires du Grand-Portage (CSQ) et porte-parole régional des Rendez-vous CSQ de l’éducation 2008.

Il faut rappeler que la CSQ a entrepris, il y a quelques semaines, une importante campagne nationale, dans l’ensemble des régions du Québec, qui a pour but de brosser le portrait de l’état de santé de notre système d’éducation et de proposer des mesures concrètes pour améliorer la situation.

Des phénomènes démographiques inquiétants

Le président de la CSQ, M. Réjean Parent, soutient donc que la plus importante menace qui pèsera sur le réseau d’éducation au Bas-Saint-Laurent, au cours des prochaines années, provient directement de causes démographiques.

« Depuis une vingtaine d’années, la population de la région est en constante diminution. En 2007, on dénombrait au Bas-Saint-Laurent une population de 201 642 personnes, ce qui représentait une diminution de 11 % comparativement à 1986. Cette région ne représente plus de 2,6 % de la population québécoise, alors qu’au milieu des années 1980, elle regroupait 3,2 % de la population du Québec. Et la situation n’est malheureusement pas partie pour s’améliorer puisque l’on prévoit que d’ici 2026, la population diminuera encore d’au moins 10 % », explique M. Réjean Parent.

Diminution des jeunes et vieillissement de la population

M. Réjean Parent ajoute que cette baisse démographique se fait particulièrement sentir au niveau des jeunes dont leur nombre et leur proportion au sein de la population du Bas-Saint-Laurent diminueront grandement.

« Des 48 000 jeunes de moins de 20 ans que l’on dénombrait, il n’en restera plus que 30 000 en 2026. Cela représente une diminution de 37 %, ce qui n’est pas peu dire. De même, leur proportion au sein de la population régionale passera de 23,3 à 16,3 % pour la même période », précise le porte-parole de la CSQ.

À la décroissance démographique s’ajoute un phénomène de vieillissement accéléré de la population. « Alors qu’en 2001, le groupe des 0-49 ans représentait près du double du groupe des 50 ans et plus, ces derniers, d’ici 2021, finiront par dépasser en nombre le groupe des 49 ans et moins », constate M. Réjean Parent.

Moins d’élèves dans les établissements scolaires

Il va de soi qu’un tel scénario démographique aura des impacts directs significatifs sur le nombre de jeunes susceptibles de fréquenter les établissements d’enseignement de la région du Bas-Saint-Laurent.

« En 2004-2005, 25 778 jeunes fréquentaient les établissements de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire et secondaire, et ce, tant au public qu’au privé. Cependant, un déclin de l’effectif scolaire est déjà enclenché et, selon les estimations du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), il devrait s’accélérer à partir de 2010-2011. On prévoit qu’entre 2008-2009 et 2010-2011, la diminution de l’effectif scolaire sera de plus de 1 000 élèves. En fait, pour l’ensemble de la période 2006-2021, la diminution annuelle moyenne de l’effectif scolaire sera de l’ordre de 2,8 % », mentionne le président de la CSQ.

Les cégeps non épargnés

Ce déclin de l’effectif scolaire devrait atteindre le réseau collégial dès l’année 2010 puisqu’on estime qu’à partir de cette date jusqu’en 2015, les quatre établissements du réseau collégial de la région devraient voir leur nombre d’étudiants diminuer d’au moins 20 %. Quant au seul établissement universitaire de la région, c’est-à-dire l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), il est épargné jusqu’à présent par ce phénomène et connaît même une hausse des admissions. Toutefois, il risque bien sûr d’être affecté tôt ou tard par la diminution de l’effectif des réseaux scolaire et collégial.

Les répercussions financières à prévoir

À court et moyen terme, cette glissade de l’effectif scolaire entraînera de sérieuses répercussions financières pour les commissions scolaires du Bas-Saint-Laurent.

« Les commissions scolaires étant financées en vertu du nombre d’élèves inscrits dans leurs écoles, il est facile d’imaginer que la menace d’importants déficits va bientôt poindre à l’horizon. Et malheureusement, le réflexe habituel des commissions scolaires, lorsqu’elles font face à de telles situations, est souvent de réduire le personnel de l’éducation (enseignantes et enseignants, professionnelles et professionnels et personnel de soutien scolaire). Un geste qui serait une erreur dans la région du Bas-Saint-Laurent », prévient M. Réjean Parent.

Une attitude aux sérieuses conséquences

Une telle attitude risquerait de faire fuir certains jeunes qui débutent dans les professions reliées à l’éducation, tout en augmentant le fardeau de la tâche de celles et ceux demeurant à l’emploi des établissements scolaires de la région.

« En 2003, on constatait que parmi les personnes détenant un baccalauréat et ayant choisi de s’établir au Bas-Saint-Laurent, 48 % d’entre elles possèdent un diplôme en sciences de l’éducation. Il n’est donc pas difficile d’imaginer quel message négatif on leur enverrait pour l’avenir en réduisant le nombre d’enseignantes et d’enseignants ou toute autre catégorie de personnel de l’éducation dans la région. De plus, une telle réduction aura pour conséquence d’augmenter le nombre d’élèves par classe, ou bien d’intégrer un plus grand nombre d’élèves en classe spéciale dans les classes régulières. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont les élèves qui écoperont le plus, et particulièrement les élèves en difficulté », déplore le président de la CSQ, M. Réjean Parent.

Investir à nouveau en éducation

Le dirigeant syndical soutient que de telles mesures temporaires ne règleront pas à long terme les problèmes d’éducation au Bas-Saint-Laurent, comme ailleurs au Québec.

« Il y a eu une époque au Québec où les gouvernements considéraient un budget en éducation comme un investissement et non pas comme une dépense. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui, et c’est regrettable. L’ensemble de notre société s’est enrichi parce que le Québec s’est doté d’un système d’éducation public de qualité, gratuit et accessible. Nous devons être prêts aujourd’hui à investir pour le conserver », réclame M. Réjean Parent.

Interpeller le gouvernement du Québec

Le président de la CSQ encourage les acteurs en éducation du Bas-Saint-Laurent à ne pas céder à la tentation de réduire les services pour faire des économies, mais plutôt à réclamer du gouvernement du Québec qu’il investisse les sommes nécessaires pour répondre aux besoins de la population.

« Au préscolaire, au primaire et au secondaire, les efforts doivent être intensifiés afin d’assurer la réussite scolaire, de réduire le décrochage, d’améliorer la qualité du français, de mieux intégrer les nouveaux arrivants, d’accroître le soutien aux enfants en difficulté, d’élargir la formation professionnelle et les programmes de recyclage pour les travailleuses et les travailleurs sans emploi. De même, les cégeps de la région et l’UQAR sont également affectés par le sous-financement qui accable les réseaux collégial et universitaire au Québec. Ces établissements doivent eux aussi réclamer un meilleur financement pour pouvoir répondre à l’ensemble des besoins réels de la population sur leur territoire », conclut le président de la CSQ, M. Réjean Parent.

Mots-clés : Communiqués

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