Une entrevue de Gustavo Martinez - traduction : Françoise Breault
La compagnie compte 350 travailleurs au niveau national, et deux usines séparées, une à Caracas, l’autre à Valencia. Nous nous sommes assis avec Martinez pour échanger sur l’enjeu central du contrôle par les travailleurs au sein du combat incessant de cette transition vers le socialisme ainsi que quelques-unes des contradictions du processus Bolivarien au Vénézuela aujourd’hui.
Pour commencer, pouvez-vous nous dire votre nom, combien de temps avez-vous travaillé dans cette compagnie de café, votre travail dans la compagnie, et votre rôle dans le syndicat ?
Mon nom est Gustavo Martinez. Je suis le chef syndical de Fama de America. Je travaille ici depuis neuf ans. J’ai commencé en 2001. Comme vous pouvez vous y attendre, au temps où j’ai commencé, Fama de America était une entreprise privée, caractérisée par l’exploitation des travailleurs et une corruption rampante. Les propriétaires de cette entreprise, en tant que capitalistes, s’intéressaient seulement aux profits ; ils se fichaient des conditions des travailleurs. Toutes ces caractéristiques que nous connaissons déjà au sujet du capitalisme.
Il y avait un syndicat à cette période, établi en 1978, qui était contrôlé par le parti (centre-droit) Accion Démocratica (Action démocratique, AD). En tant que citoyens de gauche, nous étions opposés à ce syndicat. J’étais un de la gauche. Mes parents étaient Colombiens, et mon père était un militant du parti communiste dans ce pays. Il fut expulsé de la Colombie, déplacé économiquement et politiquement, et donc a déménagé sa famille au Vénézuela. Il a travaillé pour la transnationale et a subi des menaces de mort pour son organisation politique sur le lieu de travail.
Je me suis donc retrouvé ici au Vénézuela, travaillant à cette compagnie, et il y en avait d’autres avec un engagement révolutionnaire travaillant ici aussi.
Une des travailleuses nous avait informé que la situation en Amérique latine était en train de changer, qu’il y avait de nouvelles opportunités au Vénézuela, avec les révoltes en Argentine en 2001 et 2002, avec les élection des candidats de gauche en Argentine, Uruguay, Équateur et ailleurs, la gauche était en train de se renforcer de nouveau en Amérique du Sud.
Nous avons donc commencé des rencontres avec tous les travailleurs et décidé qu’il était temps de nous organiser. Éventuellement nous avons réussi à organiser un nouveau syndicat, un qui était critique et fidèle aux idéaux de la gauche, à l’importance du prolétariat et des travailleurs, Évidemment, nous sommes immédiatement entrés en conflit avec les propriétaires de Fama de América, qui voulaient continuer d’exploiter les travailleurs comme ils l’avaient toujours fait dans le passé.
Nous savions que le café, depuis l’époque coloniale, avait été entre les mains du capitalistes, et qu’un changement extraordinaire dans la prise de conscience des travailleurs était nécessaire pour changer cette dynamique.
Nous avions des travailleurs qui étaient dans cette compagnie depuis 30 ou 40 ans. Tout en craignant le changement au début, ils sentaient aussi qu’ils avaient été pauvrement représentés par leur précédent syndicat.
En août et septembre 2009, nous avons commencé notre lutte avec l’idée que l’usine devait être sous le contrôle des travailleurs. Les nouveaux syndiqués ou les nouveaux leaders syndicaux se rencontraient régulièrement pour des discussions philosophiques et politiques. L’enjeu au sujet de notre but principal était soulevé régulièrement, et nous fûmes d’accord que c’était l’établissement du contrôle par les travailleurs. C’était les travailleurs qui produisaient et c’était les travailleurs qui devaient contrôler le processus en entier. Le gouvernement national était d’accord avec nous sur ce point. Mais ce ne fut pas facile. Nous avons commencé à tenir des ateliers sur le sujet du contrôle par les travailleurs. Les travailleurs de l’usine n’avait pas beaucoup d’expérience sur le plan de la lutte, ni sur le plan de la théorie politique. Pourquoi les travailleurs devraient contrôler demandaient les travailleurs. C’est impossible. Et nous répondions que oui c’était possible. Nous parlions des premiers comités (soviets) en Russie, et comment ils avaient réellement existé. Et les travailleurs se rassemblèrent autour de cette idée et avec le temps c’était ce que nous voulions tous collectivement.
Nous étions situés ici dans la zone industrielle de Caracas, et nous avons décidé que nous voulions remplacer les capitalistes ; nous voulions transformer l’usine et les usines avoisinantes en une zone socialiste. Nous avions besoin d’arrêter l’exploitation que nous subissions entre leurs mains.
Avant d’aborder les question au sujet des expériences spécifiques des travailleurs à cette usine, pouvez-vous m’en dire un peu plus au sujet de votre trajectoire politique personnelle ? Vous avez mentionné que votre père était un révolutionnaire.
Personnellement, je ne fus jamais un militant dans un parti politique. Comme bien d’autres, je voyais la plupart des partis politiques comme corrompus, comme des outils d’exploitation. Ici au Vénézuela, il y avait ce Pinto Fijo Pact ( pacte fixe de cinq ans) selon lequel les principaux partis capitalistes, l’Accion Democratica, et le parti Démocratique Chrétien, Comité de organisation Politica Électoral Independiente, COPEI (comité d’organisation de politique électorale indépendante) s’entendaient pour l’alternance dans la prise du pouvoir, avec l’idée de base que « vous gouvernerez pour cinq ans et ensuite je gouvernerai pour cinq ans ». Évidemment, je ne voulais pas être un militant d’aucun de ces partis. Et vous devez vous souvenir également que le parti Communiste du Vénézuela à cette époque n’était pas reconnu légalement, et que la gauche politique en général avait une présence très faible. De plus, nous avons été témoins de plusieurs guerrillas de gauche se joindre par après aux partis des droite.
Mais avec l’arrivée de Chavez au pouvoir, et l’organisation du Parti socialiste uni du Venezuela, (PSUV), plusieurs mouvements de base de militants de gauche répondirent à l’appel de joindre ce parti. J’étais un de ceux-là. A l’intérieur de ce parti, je suis impliqué dans le courant nommé:Marea Socialista (marée socialiste) lequel est le courant le plus à gauche du PSUV. Marea Socialista soulève toujours l’enjeu du contrôle par les travailleurs et l’auto-critique de ce processus.
Il y a plusieurs contradictions dans ce processus et nous les signalons. Nous comprenons que ce n’est pas facile de construire cette transformation révolutionnaire, que petit à petit des progrès sont faits et que beaucoup de personnes travaillent à faire avancer ce processus.
Quand Fama de America a commencé, par exemple, l’exploitation était évidente. Les travailleurs n’étaient pas valorisés en tant qu’humains, ils étaient considérés simplement comme des machines. Ils devaient produire des résultats, ils étaient évalués selon leurs rendements, et les profits étaient plus importants que les travailleurs, Aujourd’hui, je ressens une certaine satisfaction parce que, indépendamment des doutes que nous avons au sujet des limites de nos progrès et du niveau de conscience parmi les travailleurs, nous avons accompli quelque chose.
Avec la prise de contrôle de notre lieu de travail, les travailleurs ont des opportunités qu’ils n’ont jamais eu avant. Quelque chose a été accompli. Des gains ont été faits.
Comment décririez-vous le processus de nationalisation de cette compagnie, et spécifiquement le rôle des militants dans son accomplissement ?
Les travailleurs ont appris beaucoup de leurs propres expériences concernant les possibilités de changement. Les travailleurs avaient commencé à comprendre à travers leur propre expérience avec le terrible syndicat qu’ils avaient auparavant que quelque chose devait changer.
Nous avons commencé à avancer l’idée de confronter les vieilles façons de faire les choses dans l’usine. Et nous avons mené aussi notre lutte à la radio, à la télévision communautaire et autres médias pour expliquer aux Vénézuéliens les conditions de travail à Fama de América. Nous avons expliqué qu’ultimement cela ne concernait pas seulement les travailleurs de Fama de América luttant contre leurs patrons. Notre réalité n’était pas distincte de ce qui se passait ailleurs dans les entreprises privées à travers le pays. C’était une partie d’une lutte plus large du peuple contre leurs oppresseurs, contre les exploiteurs, et que le peuple avait à se lever debout et à assumer leur rôle dans cette lutte.
Vous avez mentionné le contrôle par les travailleurs en différentes occasions. Comment cela s’exerce à l’intérieur du lieu de travail et quelle est la compréhension des travailleurs de la démocratie dans cette usine ?
Right consider the following. ??? Les travailleurs mirent d’avant l’idée du contrôle par les travailleurs, et commencèrent à lire et à investiguer sur les possibilités et expériences qui s’étaient développées ailleurs, incluant dans les pays capitalistes. Un exemple fut l’hôtel des employés en Argentine [1]
où une lutte eut lieu pour le contrôle par les employés et ceux-ci gagnèrent le contrôle de leur hôtel.
Nous avons parlé aux camarades qui ont participé à cette lutte, concernant l’idée que nous n’avons pas besoin de patrons, gérants, pour nous dire comment faire notre travail car nous avons la connaissance nécessaire. Nous avons tenu des ateliers avec les travailleurs, et nous avons oeuvré pour faire avancer cette idée.
Les camarades du Ministère de la Culture ont travaillé aussi avec nous sur le projet de faire progresser cette idée et coopérant avec nous tout au long. Les travailleurs ont lancé une campagne à propos du contrôle par les travailleurs, et c’est ce qui est le plus important.
Dans ces ateliers, nous avons montré des vidéos illustrant le contrôle par les travailleurs, et nous avons utilisé d’autres moyens éducatifs pour faire connaître des expériences ailleurs dans le monde et discuté sur la possibilité de faire la même chose chose ici même dans notre lieu de travail.
Ma vision du rôle du contrôle par les travailleurs, essentiellement, est en vue de faire progresser la révolution, d’avancer vers une authentique transition vers le socialisme, où les moyens de production sont entre les mains des travailleurs. Et les chance de succès pour accomplir cela, va dépendre, par-dessus tout, du niveau de conscience des travailleurs, et du niveau d’implication pour atteindre ce contrôle par les travailleurs eux-mêmes.
Nous avons vu ce qui est arrivé ailleurs, quand le contrôle par les travailleurs et la démocratie des travailleurs fut défait et remplacé par la bureaucratie. Dans l’Union soviétique, une bureaucratie fut créée qui écrasa les soviets [2] Et nous ne voulons pas que ceci arrive ici. Aussi nous travaillons très fort pour faire progresser cette prise de conscience concernant le contrôle par les travailleurs et la démocratie des travailleurs.
Le socialisme est le seul sentier qui existe pour les pauvres de ce monde, leur seule alternative, parce que le capitalisme est oppressif par nature. Aussi, en vue de réussir, nous avons besoin de travailler inlassablement au niveau des idées, et de cette conscientisation concernant le contrôle par les travailleurs, l’auto-gestion et l’autonomie.
Quels sont les principaux défis des travailleurs dans le lieu de travail ?
En réalité, le principal défi est de renforcer cette idée et cet engagement du contrôle par les travailleurs. Ceci continue d’être le principal défi. Nous devons concrétiser cette idée en une lutte authentique de tranchées dans notre avancée vers le socialisme.
Premièrement nous devons débattre et discuter ouvertement de cette idée du contrôle par les travailleurs dans leur lieu de travail, consolider cette pratique, et ensuite il est essentiel d’apporter ce débat dans les rues, d’élargir cela dans d’autres domaines et ne pas restreindre cela à nos lieux de travail.
Comme Trotsky suggérait dans son idée de la révolution permanente, l’idée du socialisme dans un pays, ou même sur un seul continent est impossible. Avec un continent socialiste et les quatre autres capitalistes, nous serions submergés.
Dans notre situation immédiate, nous avons besoin de passer de notre lieu de travail au sein de la zone industrielle à l’établissement du contrôle par les travailleurs dans les autres entreprises pour construire une zone industrielle socialiste, et continuer ainsi à nous agrandir.
Ultimement, nous avons besoin de prendre contrôle de l’état bourgeois et de le remplacer par un état plus solidaire, d’établir le contrôle par les travailleurs sur les plans micro et macro, et de consolider l’idée que les opprimés ont besoin de se gouverner eux-mêmes.
Pouvez-vous élaborer davantage sur l’importance du contrôle par les travailleurs à l’intérieur du processus Bolivarien plus large, ainsi que sur le processus de nationalisation dans les différents secteurs ?
Vous ne pouvez faire une révolution sans les travailleurs. L’importance du contrôle par les travailleurs est cruciale. Et nous avons des critiques concernant le processus actuel. Chavez, par exemple, s’est déclaré lui-même Marxiste, mais quelques fois, ses pratiques viennent contredire cette position.
Dans le but de garantir le triomphe de la révolution, son authenticité, l’exploitation de la classe des ouvriers doit prendre fin, et les ouvriers doivent s’auto-gouverner. C’est le critère fondamental de la révolution. Le socialisme est une société dans laquelle la participation, les idées et les politiques doivent venir de la base, des travailleurs. Chavez a déclaré son engagement pour cela, mais parfois, il fait des ententes avec le secteur privé, et ce n’est pas notre idée de la révolution, ce n’est pas ce que nous voulons vraiment.
Donc nous avons besoin de construire une alternative pour négocier avec les capitalistes, une autre façon de faire avancer la révolution, la base faisant constamment pression pour le contrôle par les travailleurs. Chavez est entré en fonction en 1999, et après 10 ans, les avancées concrètes concernant le contrôle par les travailleurs, ont été très minimales. Donc l’objectif le plus important est de continuer, de lutter constamment pour cela.
De quelles façons la situation politique pour les travailleurs a changé au cours de la dernière décennie ?
Il y a eu beaucoup de changements pour les travailleurs dans ce pays. Les ministres et les politiciens dirigeant l’appareil gouvernemental sont intéressés à discuter avec nous, alors qu’avant cette possibilité n’avait jamais existé.
Quinze ans auparavant, en allant à la place Simon Bolivar, qui est le centre de Caracas, vous auriez trouvé des gens en train de boire, de flâner et des choses de ce genre. Si vous y allez aujourd’hui, vous verrez que cette place est transformée en place de constant débat.
Le peuple aujourd’hui comprend la constitution, ils connaissent ce qu’est le PDVSA (Petroleos de Venezuela, S.A.) comment il travaille. Ils débattent des enjeux de production et le développement de ce pays. Sur son programme de télévision hebdomadaire, Alo Président, Chavez parle d’éducation, suggère que les gens lisent ceci, ou ce livre-là.
Ils ont fait des progrès en éducation politique et dans la vie politique. Et Vénézuela est devenue une référence pour les révolutionnaires du monde entier – Australiens, Mexicains, Canadiens, Allemands, Hollandais - nous avons parlé à tous.
Qu’est ce que le socialisme du XXIe siècle signifie pour vous ?
La signification du socialisme du 21e siècle est devenu le point central du débat. Mais, c’est plus qu’une question de sémantique. Nous commençons à comprendre ce qu’est le socialisme et qu’il est la seule alternative. Aujourd’hui à travers le monde, il y a une crise de l’énergie, une crise de l’environnement, une crise économique, et la seule façon de surmonter ces crises est de défaire le capitalisme.
Le socialisme est un sentier vers la libération, alors que le capitalisme n’offre aucune opportunité pour les pauvres de ce monde. Nous croyons en une société où chacun a des possibilités, où la santé et l’éducation sont des des droits. Ce ne doit pas être des privilèges pour quelques-uns mais des droits pour tous.
Toutefois, le capitalisme structure la société de telle sorte que les pauvres n’ont pas de possibilités. Ou, alors, ils trouvent une voie de sortie dans le crime. Le crime ne se résoudra pas avec davantage de policiers, avec plus de répression. La seule façon de résoudre cet enjeu, c’est par l’éducation, par des projets d’envergure nationale. Dans le but de surmonter la violence, il est nécessaire de construire le socialisme.
De votre point de vue, quels ont été les progrès vers le socialisme, et qu’est-il encore besoin de faire en vue de cette transition ?
D’énormes besoins restent à accomplir. Nous ne nous faisons pas d’illusions. En terme de progrès, je pense que tous les révolutionnaires doivent respecter le président Chavez pour le fait qu’il a rendu possible l’enrichissement de notre culture au niveau général.
Le secteur de l’éducation est un exemple. Les missions d’éducation ont apporté une importante avancée. Des gens qui n’avaient jamais eu d’accès à des hauts niveaux d’éducation, sont maintenant capables de pourvoir à leur éducation. Par exemple, les universités traditionnelles ne furent jamais accessibles au peuple dans le passé. Maintenant, nous avons l’Université Bolivarienne.
Mais l’Université Bolivarienne ne doit pas devenir une université traditionnelle, un centre traditionnel en éducation. Ce doit être un endroit pour développer les idées révolutionnaires les plus importantes et les plus radicales. Et il y a différentes initiatives étudiantes révolutionnaires, qui sont encore dans leurs phases initiales, luttant pour se concrétiser dans la réalité.
Sur le plan de la santé, il y a eu beaucoup de progrès avec l’assistance de Cuba. Nous devons saluer les Cubains, parce que les docteurs Cubains ont un telle implication qu’ils nous traitent comme leurs propres frères. Dans les quartiers les plus pauvres, grâce à la Mision Barrio Adentro, (mission au coeur des quartiers), les soins de santé sont donnés aux pauvres. Là encore, le niveau général de conscientisation est beaucoup plus avancé qu’avant. Si nous regardons rétrospectivement le coup d’État de 2002 contre Chavez, le peuple en comprend les enjeux et défendent le processus Bolivarien de façon très courageuse. Il devrait être reconnu que Chavez est un des rares présidents dans le monde qui a un engagement envers son peuple.
En résumé, il y a eu d’importants progrès. Mais il y a aussi beaucoup de choses qui manquent ; beaucoup de choses encore à accomplir. Nous devons construire des liens plus forts avec la gauche des pays proches de nous, comme l’Équateur et la Bolivie. Comme Simon Bolivar, nous croyons dans la nécessité d’unir l’Amérique du Sud en une immense contrée socialiste où tous sont égaux.
Susan Spronk enseigne à l’École de développement international et d’études mondiales à l’Université d’Ottawa. Elle est chercheure associée avec le projet de services municipaux et a publié plusieurs articles on class formation sur la formation de classe et sur les politiques de l’eau en Bolivie.
Jeffery R. Webber enseigne les sciences politiques à l’université de Regina. Il est l’auteur de Red October : Left-Indigenous Struggles in Modern Bolivia (Brill, 2010) et Rebellion to Reform in Bolivia : Class Struggle, Indigenous Libration and the Politics of Evo Morales (Haymarket, 2011).