Plusieurs dizaines de membres du Front d’action populaire en réaménagement urbain ont planté des tentes aujourd’hui devant l’Ambassade de France au Canada, puis devant la résidence officielle du premier ministre Harper, toutes deux situées sur la Promenade Sussex à Ottawa. Ce geste visait à interpeller les gouvernements français de Nicolas Sarkozy et canadien de Stephen Harper sur leurs responsabilités respectives en matière de respect du droit au logement.
En installant une première tente devant l’Ambassade de France au Canada, les membres du FRAPRU ont voulu faire connaître leur appui aux 215 familles mal-logées qui, depuis le 3 octobre dernier, campent jour et nuit sur la rue de la Banque, en plein cœur du quartier des affaires, à Paris. Ces familles, qui étaient hébergées depuis des mois, sinon des années, dans des hôtels, des foyers ou chez des proches, revendiquent leur droit à de véritables logements. Depuis un mois et demi, elles résistent à la répression orchestrée par le gouvernement Sarkozy qui, à plusieurs reprises, a fait démanteler leur campement et confisquer les tentes, couvertures et bâches dont elles se servaient pour s’abriter. Leur lutte, épaulée par l’association Droit au logement (DAL), a reçu l’appui de nombreux organismes, dont la Fondation Abbé Pierre, SOS Racisme et Emmaüs France, ainsi que par plusieurs personnalités dont les comédiens Gérard Depardieu, Emmanuelle Béart, Richard Bohringer et Carole Bouquet, la réalisatrice Agnès Varda et l’évêque Jacques Gaillot.
Si le FRAPRU a demandé au gouvernement français de Nicolas Sarkozy de prendre ses responsabilités en relogeant les familles en lutte à Paris et en travaillant à des solutions durables à la crise du logement, il ne voulait pas non plus passer sous silence la propre indifférence du gouvernement canadien de Stephen Harper. Celui-ci n’a même encore daigné répondre aux critiques sévères que le Rapporteur spécial pour le droit au logement, Miloon Kothari, a émises à son égard, le 22 octobre dernier, à Ottawa.
Dans son rapport préliminaire rendu public à la fin d’une mission d’observation de deux semaines au Canada et dont le FRAPRU a symboliquement cherché à remettre copie à la résidence du premier ministre, le représentant de l’ONU affirmait avoir constaté « l’impact profond et dévastateur que la crise nationale du logement et de l’itinérance a sur les conditions de vie de femmes, de jeunes, d’enfants et d’hommes ». Il se disait d’autant plus troublé que « le Canada est l’un des pays les plus riches de la planète ».
M. Kothari demandait spécifiquement au gouvernement Harper d’accompagner ses déclarations du Discours du trône au sujet « de la question du logement abordable et du nombre d’itinérants dans nos rues », de gestes et de budgets concrets, notamment en relançant « la construction massive de logements sociaux dans toutes les régions du pays ». Or, depuis ce temps, le gouvernement conservateur a confirmé des surplus budgétaires de 8,7 milliards $ pour les cinq premiers mois de l’exercice budgétaire 2007-2008 et présenté un mini-budget qui annonçait de nouvelles baisses d’impôts et de taxes totalisant 60 milliards $, mais n’a toujours pas investi un sou supplémentaire pour lutter contre les problèmes de logement et d’itinérance.
Selon le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, « les gouvernements de Nicolas Sarkozy et de Stephen Harper obéissent à une même logique, celle de l’abandon de plus en plus marqué du logement aux seules forces du marché, celle du refus de faire jouer pleinement son rôle en l’État en matière de logement social, celle de la négation du droit au logement pour toutes et tous ».
Compte tenu du caractère international de la lutte pour le droit au logement, le FRAPRU a décidé, lors de sa dernière assemblée générale tenue le 16 novembre, de s’impliquer encore plus activement dans des interventions à ce niveau.