Alors que le Québec s’est engagé à faire continuellement progresser le droit au logement, en ratifiant le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, le FRAPRU s’inquiète plutôt des reculs actuels. Lucie Lamarche, de la Ligue des droits et libertés, également présente à la manifestation, déplore que le Québec ne soit pas à la hauteur des engagements qu’il a pris à l’égard de ces droits. « La rareté de logements locatifs s’étend maintenant à l’ensemble de la province. Les locataires doivent subir des hausses de loyer abusives et des évictions frauduleuses. Des locataires aîné.e.s sont victimes de changements d’affectation ou de fermetures de RPA. L’itinérance, visible et cachée, est en hausse, entraînant de plus en plus de détresse. Des familles sont forcées de vivre chez des proches ou dans des motels pendant des mois, faute d’arriver à un louer un logement… Voilà autant de situations intenables qui se butent pourtant à l’indifférence et à l’inaction du gouvernement Legault qui s’obstine encore à nier l’existence même d’une crise du logement », a dénoncé la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.
Selon le FRAPRU et 550 autres organismes de divers horizons, le gouvernement doit adopter une politique globale en habitation basée sur la reconnaissance du droit au logement et susceptible d’apporter des solutions structurantes et à long terme aux problèmes actuels. « Il faut se sortir d’une vision à court terme qui participe à accroître les besoins », martèle Véronique Laflamme.
Dans l’immédiat, le FRAPRU réclame l’annonce de nouvelles unités de logements coopératifs, publics et sans but lucratif dans le programme AccèsLogis en place depuis 25 ans. Il considère inacceptable que cela n’ait pas été fait dans le budget du 22 mars, le ministre des Finances s’étant contenté d’ajouter 247 millions $ pour livrer des projets déjà prévus dans les budgets antérieurs. Selon Véronique Laflamme, « il fallait débloquer ces projets, mais ce ne sera pas suffisant pour faire face à toute l’ampleur des besoins ».
Elle ajoute : « Des projets sont prêts à démarrer, mais ils ne peuvent aller de l’avant, faute de financement. Pourquoi les laisser poireauter, alors qu’ils répondent à des besoins urgents des communautés qui, elles, sont prêtes à mettre la main à la pâte ? Il faut arrêter de gérer à la petite semaine et prévoir maintenant un grand chantier de logements sociaux sur plusieurs années ». Les groupes de ressources techniques sont mobilisés pour des projets totalisant plus de 10 000 logements qui pourraient démarrer rapidement, si AccèsLogis était bonifié, a rappelé pour sa part Éric Cimon, directeur général de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ).
Le FRAPRU, comme l’AGRTQ, s’inquiète de la privatisation de l’aide au logement et constate que le nouveau Programme d’habitation abordable - Québec (PHAQ), sur lequel mise le gouvernement Legault, n’est fait ni pour les ménages locataires à faibles revenus, ni pour favoriser le développement de projets de logements sociaux et communautaires.
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