La suspension à long terme des libertés syndicales au Bangladesh est susceptible de nuire à l’avenir du pays en tant qu’exportateur majeur d’articles de confection. Tel fut en substance l’avertissement adressé à Fakhruddin Ahmed, Conseiller en chef du Premier ministre du Bangladesh, à l’occasion du Forum économique mondial, à Davos, en Suisse.
Le Conseiller en chef a évité toute référence aux syndicats dans sa réponse à une question concernant la restauration des libertés politiques et syndicales. Par la suite, toutefois, Neil Kearney, secrétaire général de la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir (FITTHC) l’a interpellé en lui demandant si le gouvernement bangladais avait prévu un calendrier en vue de la restauration des libertés syndicales, au terme d’une suspension de plus d’un an.
Le Conseiller en chef a affirmé que son gouvernement était attaché à la pleine conformité avec la législation du travail dans toutes les usines et collaborait étroitement avec l’industrie à cette fin. « Les droits syndicaux », a-t-il affirmé, « seraient rétablis, au moment voulu, en même temps que les autres droits. »
M. Kearney a signalé au Conseiller en chef que même si la nécessité de l’état d’urgence était entendue, certains employeurs tiraient avantage de l’interdiction des activités syndicales en agissant de manière abusive. Une telle action engendre le mécontentement au sein des usines et a un effet déstabilisant sur l’industrie dans son ensemble. Ces employeurs abusifs menaçaient d’arrestation en vertu des réglementations d’urgence quiconque se plaindrait à propos des conditions de travail ; et le simple fait de savoir que de telles arrestations excluaient toute possibilité de libération sous caution avait pour effet d’étouffer toute plainte concernant la conduite abusive de certains employeurs.
Attirant l’attention du Conseiller en chef sur le fait que l’industrie de l’habillement était l’élément moteur de l’économie bangladaise, M. Kearney a dit que les employeurs garantissant des conditions de travail dignes devaient être protégés contre ceux dont les pratiques abusives, y compris le non-respect du salaire minimum pour une semaine de travail normale, le paiement tardif des salaires et les mauvais traitements et les sévices physiques à l’encontre des travailleuses et travailleurs menaçaient de compromettre la réputation de l’industrie aux yeux des acheteurs.
Et M. Kearney de poursuivre : « A l’heure actuelle, pratiquement tous les acheteurs exigent à leurs fournisseurs d’être en conformité avec un ensemble de normes du travail, qui inclut la liberté syndicale. Lorsque cette liberté est restreinte par la loi elle-même, il devient impossible de satisfaire aux exigences des acheteurs, ce qui met en péril l’avenir des industries concernées. L’activité syndicale a été effectivement interdite depuis plus d’un an déjà. Certains acheteurs commencent désormais à se demander si le fait de continuer à s’approvisionner au Bangladesh est compatible avec leurs normes d’approvisionnement. Ces doutes commencent à s’intensifier à mesure que la période de suspension de l’activité syndicale se prolonge. Une nouvelle prolongation de l’interdiction des activités syndicales pourrait faire que ces doutes se transforment en décision d’achat négative.
« Il y a énormément de bienveillance à niveau international à l’égard de l’industrie de l’habillement du Bangladesh et personne ne tient à voir des commandes annulées à un moment où la conjoncture laisse présager une baisse de la demande à niveau mondial et où la Chine commence une fois de plus à chercher, de façon agressive, à dominer les marchés européen et américain.
« Partant il est urgent que le gouvernement du Bangladesh s’attable avec les partenaires sociaux de l’industrie – employeurs et syndicats – et les services de sécurité, en vue de l’élaboration collective de mécanismes contribuant à la restauration la plus prompte possible des libertés syndicales et de la négociation collective, de manière à garantir la stabilité économique, sociale et politique du pays », a conclu M. Kearney.
La Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir est une fédération syndicale internationale représentant 220 organisations affiliées dans 110 pays, avec un effectif combiné de 10 millions de travailleurs.
Source : http://www.itglwf.org
31 janvier 2008