Alors que la crise du coût de la vie est l’enjeu de l’heure au Québec, le sujet de la rémunération des stages continue d’occuper sa place dans le débat public avec la grogne grandissante des stagiaires québécois non-rémunérés. Qu’on le voie à travers les discours unis des oppositions, ou par les discussions ayant lieu dans l’espace médiatique, au sein des cégeps et même dans la vie de tous les jours, force est de constater qu’un consensus social est de plus en plus présent au Québec en faveur de la rémunération des stages dans le secteur public.
Tout en citant sa marge de manœuvre budgétaire réduite, un constat assez ironique vu certains choix budgétaires douteux ayant été faits dans les dernières années, le gouvernement maintient que sa plus grande proactivité dans différents dossiers compenserait l’absence de rémunération des stagiaires. Même si la FECQ a salué de nombreuses actions et investissements majeurs du gouvernement dans les dernières années, elle tient à rappeler que la rémunération des stages reste un enjeu bien distinct.
Les bourses Perspective Québec, aussi généreuses soient-elles, sont des bourses incitatives pour des domaines en pénurie de main-d’œuvre, et aucunement une forme de rémunération pour le travail accompli lors des stages de ces programmes, parmi lesquels il existe déjà des iniquités frappantes. Même si une personne étudiante en santé ou en éducation reçoit le même montant des bourses Perspective que quelqu’un étudiant en génie, les stages de ce dernier seront rémunérés, alors qu’on ne peut pas en dire autant des domaines du secteur public.
Également, le gouvernement se plait à dire qu’il a déjà énormément investi dans les travailleuses et travailleurs du secteur public à travers la renégociation des conventions collectives cet automne et les augmentations de salaire qui en ont résulté, mais encore faut-il que les étudiantes et étudiants dans ces domaines puissent avoir les moyens de se rendre à la fin de leurs études pour y avoir droit. Tant et aussi longtemps qu’on en forcera plusieurs à choisir entre leurs études et leur sécurité financière, on prive de nombreux domaines en pénurie de main-d’œuvre de travailleuses et travailleurs compétents.
La FECQ, ses associations membres, et le mouvement étudiant au grand complet ne laisseront pas tomber les stagiaires et continueront de militer activement pour la rémunération des stages. Parce qu’elles voient sur le terrain l’effet salvateur que pourrait avoir la rémunération des stages pour tout un pan de la population étudiante, parce qu’elles entendent au quotidien des témoignages de situations honteuses pour une société comme le Québec, la lutte se poursuivra auprès du gouvernement, pour aussi longtemps qu’il le faudra.
« Le gouvernement n’est pas le seul à se retrouver devant ce qu’il dit être des choix difficiles : il peut en parler à nombre de ses stagiaires non-rémunérés, qui ne sont que trop habitués à vivre dans la précarité. Le temps presse, et la volonté gouvernementale a montré par le passé pouvoir débloquer des sommes même lorsque le contexte ne s’y prêtait pas nécessairement. »
– Laurence Mallette-Léonard, présidente de la FECQ
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