En effet, bien que la CSQ ne désapprouve pas le fait que la population ait accès à son dossier santé, la vice-présidente, Sonia Éthier, croit qu’il faut cependant demeurer prudent quant aux intentions réelles du ministre. « Il faut bien comprendre que ce n’est pas parce qu’on donne accès aux gens à leurs informations médicales que cela va corriger les problèmes importants de fonctionnement actuel de notre système de santé. Il ne faudrait donc pas que l’on transfère sur les épaules des patients la responsabilité du suivi de leur dossier », prévient la vice-présidente de la CSQ.
Des craintes bien fondées
De plus, cette dernière craint que la facilité d’accès aux informations combinée au manque de disponibilité des médecins risquent de créer des inquiétudes chez les patients qui chercheront à interpréter leurs résultats d’examens.
Autre appréhension bien réelle pour la CSQ : la protection des renseignements personnels. « Nous savons très bien qu’aucun système informatique n’est parfaitement étanche et à l’abri des intrusions malveillantes. Il y a donc des enjeux de confidentialité et de sécurité liés à la collecte et à l’utilisation des renseignements personnels sensibles, telles les données génétiques. Cela nous préoccupe grandement et nous ne pouvons ignorer les risques de préjudices qui pourraient s’ensuivre », ajoute Sonia Éthier. Rappelons que la CSQ réclame depuis plusieurs mois au gouvernement que tout incident de sécurité portant sur les renseignements personnels, notamment ceux concernant la santé, soit obligatoirement déclaré à la Commission d’accès à l’information.
Une pratique questionnable
De plus, selon nos informations, le ministre envisagerait même d’indiquer, dans le Carnet santé, les coûts pour les soins reçus. « Cette pratique soulève de sérieux questionnements. Quels sont les objectifs derrière cette façon de faire ? En voulant responsabiliser les gens, présume-t-on que les patients abusent du système public ? C’est oublier qu’on ne va pas à l’urgence ou chez le médecin par plaisir. Avec une telle pratique, les risques de culpabilisation, voire de discrimination, sont bien réels », questionne Sonia Éthier.
Loin d’une solution magique
Enfin, la CSQ considère que le gouvernement a deux grands défis devant lui : bien expliquer les objectifs de cette nouvelle initiative qu’il souhaite évolutive et assurer la confidentialité des renseignements qui seront recueillis. « Une chose est certaine, les politiques de gestion du gouvernement Couillard et de son ministre de la Santé et des Services sociaux doivent être surveillées attentivement. Les enjeux sont trop importants pour voir cette annonce comme une solution magique qui va corriger tous les problèmes de gestion de notre système de santé », conclut la vice-présidente de la CSQ.
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