« Ça fait maintenant près de 15 ans que mon frère réside à l’Éden, c’est chez lui, explique Mme Marielle Goulet, proche aidante. Il est en confiance avec le personnel présent qui est très compétent. Un déménagement est source d’angoisse pour mon frère, comme pour nous sa famille. Cette angoisse, je sais qu’elle est partagée par d’autres résidents et d’autres familles. Non seulement on déracine des personnes vulnérables, mais en pleine pandémie, il faudra qu’elles vivent un isolement de 14 jours dans un nouvel environnement… c’est pratiquement inhumain de leur faire vivre cela ».
Le personnel s’inquiète aussi des transferts qui ont déjà débuté. « Nous connaissons notre monde, nous savons quels sont les besoins de nos résidents. La décision prise par le CISSS de Laval de ne pas renouveler l’achat de lits à l’Éden, c’est obliger la fermeture du centre, mais plus encore de faire éclater un milieu de vie. Les résidents sont une deuxième famille pour nous, et nous sommes pour eux aussi une famille. Pour nous, briser des familles, c’est inacceptable. Les membres du personnel sont conscients qu’il y a eu des manquements dans le passé à l’Éden, mais aujourd’hui, c’est derrière nous. On pénalise les résidents de notre CHSLD, alors que nous avons toutes et tous mis l’épaule à la roue pour leur offrir des soins et des services à la hauteur, sinon meilleurs, qu’à d’autres endroits comparables », se désole Cynthia Boucher du syndicat local.
Pour le Syndicat québécois des employées et employés de service affilié à la FTQ, cette fermeture n’est bonne pour personne, dont l’offre de soins de longue durée à Laval. « La liste d’attente pour une place en CHSLD à Laval est présentement à 368 demandes. En fermant ce centre, on vient encore plus engorger cette liste. Alors que la ministre des aînés, Mme Marguerite Blais, se promène pour annoncer la construction de maisons des aînés, que la CAQ promettait 3000 places en CHSLD, ici, la bâtisse a été rénovée pour répondre aux normes et on la vide. Pourquoi ne pas en faire un CHSLD conventionné ou même une maison des aînés si chère à Mme Blais ? On éviterait des déracinements qui souvent s’accompagnent de troubles, comme la perte d’appétit, l’apparition de nouveaux problèmes cognitifs, un regain d’incontinence. Ce n’est pas la première fois que le SQEES-FTQ est confronté à la fermeture d’un milieu de vie et c’est malheureusement une épreuve très lourde pour les personnes transférées », constate Mme Sylvie Nelson, présidente du SQEES-FTQ.
Le SQEES-FTQ souligne par ailleurs que la fermeture du CHSLD l’Éden causera une perte de près de 150 emplois.
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