Le privé : un remède qui fait plus de mal que de bien
Ainsi que le dévoilait Le Devoir dans son édition d’hier, les dépenses des ménages québécois en soins privés, estimées à près de 1700 $ par année, vont croissant. Entre 1978 et 1997, elles ont progressé de 1,3 % et elles ont plus que doublé (2,8 %) au cours de la dernière décennie, et ce, même en tenant compte de l’inflation. Pis encore, selon l’étude pancanadienne, les familles à faible revenu sont 6 fois plus susceptibles de consacrer 10 % et plus du revenu familial net que les familles les mieux nanties. Selon les calculs du SISP, près de 205 000 ménages seraient dans cette situation au Québec, un nombre en nette progression depuis 1998. Près de 28 000 d’entre elles consacreraient même au-delà de 25 % du revenu familial. « Les ménages de la classe moyenne et les plus démunis font cruellement les frais de ce système à deux vitesses. Les tenants du privé en santé ont toujours allégué que cela allégerait les listes d’attentes du public. On constate que c’est faux. Les ressources humaines et matérielles déjà rares dans le public sont de plus en plus drainées vers le privé. À qui cela profite-t-il ? Aux entrepreneurs de la santé et aux compagnies d’assurances privées ».
L’urgence d’agir
Le ministre de la Santé déclarait hier à la Presse canadienne sa volonté de « limiter le recours au privé » et de « reprendre dans le public un certain nombre d’interventions diagnostiques et thérapeutiques », ajoutant que cette opération se réaliserait « sur un horizon de quelques années ». Pour le SISP, il est clair que le gouvernement ne peut attendre aussi longtemps avant d’agir : « Notre réseau public de santé est menacé et il ne doit pas être laissé aux diktats du marché. Nous ne voulons pas vivre dans un monde où seuls les mieux nantis auraient un accès rapide aux soins au détriment des plus malades et des plus démunis de notre société » conclut Carolle Dubé.