18 septembre 2023 | tiré du site alencontre.org
http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/etats-unis-bernie-sanders-les-pdg-de-general-motors-ford-et-stellantis-doivent-comprendre-quils-ne-peuvent-pas-tout-avoir.html

« Il est temps pour vous de mettre fin à votre cupidité », a déclaré le sénateur du Vermont sous les acclamations de la foule rassemblée dans le centre de Detroit – où se trouve le siège de General Motors (GM) – quelques heures après que plus de 12 000 membres de l’UAW ont débrayé dans le Michigan, le Missouri et l’Ohio, donnant le coup d’envoi d’une grève historique qui devrait s’étendre à d’autres sites (et secteurs ciblés de ces sites) des trois grands, les négociations se poursuivant sans qu’un accord contractuel soit trouvé.

Bernie Sanders, l’un des alliés les plus actifs des syndicats au Congrès, a cité nommément chacun des PDG des trois grands (« Big Three »), en soulignant leurs rémunérations exorbitantes et en leur demandant s’ils étaient conscients des difficultés économiques de leurs employés.

« Avez-vous la moindre idée de ce que c’est pour un·e de vos salarié·e·s d’essayer de survivre avec 17 dollars de l’heure, ce qui est le salaire moyen de départ d’un travailleurs/travailleuse de l’automobile ? Bernie Sanders a posé cette question à Mary Barra, PDG de General Motors, qui a reçu une rémunération totale d’environ 29 millions de dollars l’année dernière.

« Savez-vous, Mme Barra, ce que c’est que d’essayer d’élever une famille, de mettre de la nourriture sur la table et de payer le loyer quand vous gagnez 20 dollars de l’heure ? » a demandé le sénateur, soulignant que Mme Barra a empoché plus de 200 millions de dollars de rémunération depuis qu’elle est à la tête de General Motors en 2014 [nommée PDG le 10 décembre 2013 ; depuis 2017 elle se trouve aussi dans le directoire du puissant groupe Walt Disney].

Bernie Sanders a ensuite posé des questions similaires aux PDG de Ford et de Stellantis, qui ont tous deux gagné plus de 20 millions de dollars en 2022.

S’adressant au PDG de Stellantis, Carlos Tavares, Bernie Sanders a déclaré : « Savez-vous, M. Tavares, ce que c’est que d’être classé comme intérimaire, et bien que vous travailliez année après année, vous restez un intérimaire, recevant des salaires et des avantages nettement inférieurs à ceux de vos frères et sœurs qui font exactement le même travail ? »

S’adressant à Jim Farley de Ford, le sénateur a noté que « l’année dernière, vous avez gagné plus de 20 millions de dollars en rémunération totale, et je suppose que lorsque vous prendrez votre retraite, vous bénéficierez d’une belle pension, d’un parachute en or et de toutes sortes d’avantages ».

« Avez-vous une idée de ce que c’est que d’être un travailleur qui vieillit, qui a travaillé toute sa vie et qui n’a pas d’argent à la banque au moment de préparer sa retraite ? » a demandé Bernie Sanders.

« Soyons clairs : ce pour quoi l’UAW se bat n’est pas radical », a-t-il poursuivi, critiquant les médias pour ne pas avoir replacé les revendications des travailleurs et travailleuses dans le contexte des profits massifs des entreprises et des « sacrifices importants » consentis par les syndicats lors de la crise de l’industrie automobile il y a plus d’une dizaine d’années.

« L’année dernière, ces entreprises ont dépensé 9 milliards de dollars non pas pour améliorer la vie de leurs travailleurs, mais pour payer des rachats d’actions [ce qui fait grimper les actions et accroît les revenus des dirigeants qui ont des options sur ces actions] et verser des dividendes aux actionnaires afin d’enrichir encore plus leurs riches actionnaires », a déclaré Bernie Sanders. « Pendant ce temps, alors que les PDG et les actionnaires de l’industrie automobile se sont enrichis comme des brigands, les travailleurs et travailleuses qui construisent les véhicules – vous – gagnent des salaires totalement inadéquats et, au cours des dernières décennies, ont diminué en termes réels » [de quelque 30%].

Bernie Sanders a qualifié les principales revendications de l’UAW – qui vont d’une augmentation salariale de 36% à la fin des systèmes de rémunération échelonnés qui maintient les travailleurs et travailleuses les plus jeunes, récemment embauchés, dans une situation bien pire durant une longue période – de compensation « tout à fait raisonnable » face aux « profits record que leur travail a permis de réaliser ».

« Les PDG de General Motors, Ford et Stellantis et leurs principaux actionnaires de Wall Street doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas tout avoir », a-t-il déclaré. « Nous refusons de vivre dans un système oligarchique. Nous refusons d’accepter une société dans laquelle si peu de gens ont tant et tant de gens ont si peu. » (Publié sur le site Common Dreams le 16 septembre 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre)

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