Matane, le 11 décembre 2007- « Le nombre d’infirmières et d’infirmiers se trouvant à statut précaire est beaucoup trop élevé dans l’Est du Québec et à défaut de corriger cette situation, cette région pourrait se retrouver d’ici cinq ans dans une grave situation de pénurie de personnel dans les établissements de santé et de services sociaux. »
Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, et la présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers de l’Est du Québec (SIIEQ-CSQ), Mme Micheline Barriault, ont joint leur voix aujourd’hui en conférence de presse à Matane pour prévenir le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, et les directions des établissements de l’Est du Québec, qu’une crise sérieuse couve dans cette région du Québec.
Départs massifs à la retraite
M. Parent soutient qu’à l’instar de plusieurs autres régions au Québec, le refus du gouvernement Charest de négocier sérieusement en 2005 pour revoir les conditions de travail des infirmières et des infirmiers risque d’avoir des conséquences sérieuses à moyen terme dans l’Est du Québec.
« Même si par rapport aux effectifs on ne peut pas parler encore de pénurie d’infirmières et d’infirmiers dans les établissements de santé de cette région, il n’en demeure pas moins qu’une telle situation risque de survenir très prochainement à moins qu’un sérieux coup de barre ne soit donné par le ministre de la Santé et des Services sociaux et les directions des établissements. En effet, un nombre important d’infirmières, soit 500 sur 1 200, quitteront la profession au cours des cinq prochaines années pour prendre le chemin de la retraite et il manque de mesures sérieuses pour assurer une relève », dénonce le président de la CSQ.
Une majorité d’infirmières et d’infirmiers à statut précaire
M. Parent précise que dans le contexte où 60 % à 65 % des infirmières et infirmiers de cette région occupent un emploi à statut précaire, il ne faut pas se surprendre que les jeunes qui complètent leur formation quittent l’Est du Québec pour aller travailler plutôt dans les grands centres.
« Si l’on ne trouve pas les moyens de remédier à cette sérieuse hémorragie, les établissements de santé vont faire face sous peu à une grave pénurie de personnel infirmier. Malheureusement, les gestes nécessaires pour prévenir une telle situation se font encore attendre », déplore le leader syndical.
Un double drame pour l’Est du Québec
Pour sa part, la présidente du SIIEQ-CSQ, Mme Micheline Barriault, confirme les craintes du président de la CSQ.
« Avec une majorité du personnel infirmier qui doit se contenter d’un emploi à temps partiel, il est évident qu’il est presque impossible de convaincre les finissantes et les finissants de nos collèges de travailler dans leur région. Nous avons réussi à négocier un plancher d’emploi 7/14 mais comparativement à un poste à temps complet dans les grands centres, la réflexion n’est pas longue et le choix est vite fait. La région de l’Est du Québec est donc accablée d’un double drame, soit celui de perdre ses jeunes en plus de laisser partir des infirmières dont nous aurons bientôt grandement besoin », constate Mme Barriault.
La précarité comme norme de travail
La présidente du SIIEQ-CSQ soutient que la seule façon de renverser la vapeur est de réduire considérablement la précarité qui règne comme une norme dans les établissements de santé.
« Le ministre Philippe Couillard et les directions des établissements doivent comprendre que s’ils ne procèdent pas à une profonde réorganisation du travail dans nos milieux en accordant, entre autres, un plus grand nombre de postes à temps complet au personnel infirmier, alors ils devront se résoudre à voir survenir de gros problèmes de pénurie de personnel qu’ils auront eux-mêmes contribué à créer », prévient Mme Micheline Barriault.
Une précarité injustifiée
Le président de la CSQ, M. Réjean Parent, et la présidente du SIIEQ-CSQ, Mme Micheline Barriault, terminent en précisant que la généralisation d’une telle précarité n’est d’autant pas justifiée que les infirmières et les infirmiers doivent supporter une charge de travail déjà beaucoup trop lourde.
« Les besoins justifient l’embauche d’un plus grand nombre d’infirmières et d’infirmiers à temps complet, mais malheureusement, le gouvernement et les directions des établissements préfèrent économiser sur le dos du personnel, quitte à l’épuiser au travail, plutôt que de mettre fin à une situation de fardeau de tâche qui n’a aucun sens », concluent M. Parent et Mme Barriault.
Prix Orange et prix Citron
Le SIIEQ, qui tenait son instance régionale à Matane hier et aujourd’hui, en a profité pour décerner les prix Orange et Citron parmi les employeurs de la région. Mme Isabelle Malo, directrice générale du CSSS de La Mitis, a obtenu le prix Orange. Elle est la première administratrice d’un établissement de santé de la région à avoir accepté le plancher d’emploi 7/14, geste qui a été suivi par les autres établissements.
Le prix Citron a été remis à M. Jean-Pierre Tremblay, directeur général du CSSS de La Côte-de-Gaspé. On lui reproche son manque de consultation, de transparence et son autoritarisme.
Source : SIIEQ-CSQ