« À notre avis, le défi du gouvernement est de trouver un mécanisme de régulation capable de minimiser les principaux problèmes sociaux et de santé associés à l’usage du cannabis tout en neutralisant l’action du crime organisé sur ce marché, explique le président de la CSN, Jacques Létourneau. Selon nous, la légalisation du cannabis doit se faire dans cette perspective et la mise en place d’un réseau relevant directement de l’État est le meilleur moyen d’atteindre ces objectifs ».
Pour la CSN, la SAQ pourrait être appelée à jouer un rôle primordial grâce à l’expertise acquise dans la commercialisation de l’alcool. Il faut toutefois éviter que le commerce de l’alcool et du cannabis ne se fassent dans une même boutique. La CSN estime qu’un monopole public garantirait la qualité et constituerait le meilleur rempart contre le commerce illicite. De plus, il s’agit d’un modèle qui a fait ses preuves pour limiter l’accès des jeunes au produit.
Une société d’État serait en mesure de limiter le nombre de point d’accès, de s’assurer qu’ils ne soient pas situés près des clientèles à risque, de restreindre les heures d’ouverture des magasins. Une société d’État peut en effet intégrer à même son mandat des considérations sociales.
De son côté, le secteur privé n’est motivé que par les profits qu’il peut réaliser. L’État aurait fort à faire pour assurer un contrôle étroit de l’approvisionnement et des pratiques de multiples commerces privés. En outre, la CSN souligne que pour contrer le crime organisé sans encourager la consommation, un équilibre devra être trouvé quant au prix de vente. La promotion de ces produits devrait être bannie. Enfin, pour atteindre les objectifs, il faudra que le personnel en magasin soit stable, qu’il connaisse la clientèle et qu’il soit bien formé pour être en mesure d’informer correctement les clients et les accompagner dans leurs choix. Or, en général, dans le commerce de détail, le taux de roulement du personnel est très élevé et les employeurs offrent trop peu de formation.
« La légalisation doit être l’occasion de mettre la santé publique et la prévention à l’avant-plan, poursuit Jacques Létourneau. On ne peut pas en faire une business comme les autres. On a des responsabilités collectives, en particulier envers les personnes qui sont les plus vulnérables, notamment les jeunes. Nous sommes d’avis que la légalisation ne doit pas être un moyen pour l’État de financer ses services ; encore moins pour des entreprises privées de réaliser plus de profits. Nous invitons d’ailleurs le gouvernement à s’engager à investir toutes les recettes éventuelles du commerce du cannabis pour le financement d’activités et de services de prévention, d’éducation et d’information ».
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