Tiré d’Afrique XXI.
Mars 2025 : à la suite d’auditions sur les persécutions contre les chrétiens, des membres du Congrès des États-Unis demandent au président Donald Trump de mettre en place des sanctions contre le Nigeria. Ils accusent les autorités d’Abuja de ne pas suffisamment veiller au respect de la liberté de religion dans un pays régulièrement présenté comme un cas d’école du choc des civilisations sur une ligne de fracture opposant un Nord « musulman » et sahélien à un Sud « chrétien » et tropical. Alors que le président Bola Tinubu est lui-même musulman, les néoconservateurs états-uniens en tiennent pour preuve le nombre de chrétiens tués par des groupes djihadistes ou des milices peules. À en croire certains, le géant de la région enregistrerait, en effet, plus de conflits religieux que tous les autres pays d’Afrique réunis (1).
Indéniablement, le Nigeria connaît des niveaux élevés de violence. Depuis la guerre de sécession du Biafra en 1967-1970, les accusations de génocide y sont fréquentes. Elles ont alimenté les conflits des années 1990 puis 2000, du soulèvement des Ogonis contre l’exploitation pétrolière dans le delta du Niger, sur la côte atlantique au sud, jusqu’aux confrontations entre migrants et autochtones dans la Middle Belt, à l’interface entre les aires de cultures islamique et chrétienne. Ainsi, le sultan de Sokoto, Muhammad Sa’ad Abubakar, et des chefs traditionnels peuls du Nord ont, à plusieurs reprises, dénoncé un prétendu génocide des musulmans installés à Jos, chef-lieu administratif et symbolique de l’État du Plateau, dans la ceinture centrale du pays.
De leur côté, des lobbies chrétiens ont accusé les migrants haoussas et peuls de massacrer les minorités autochtones de la région avec la complicité de l’armée. Musulman peul originaire de l’État septentrional du Katsina, le président au pouvoir de 2015 à 2023, Muhammadu Buhari, a notamment été soupçonné par les Églises pentecôtistes les plus extrémistes d’avoir couvert, voire coordonné une campagne de persécutions contre les chrétiens de la Middle Belt (2). Ces assertions ont parfois été relayées en Europe et aux États-Unis par des groupes de la mouvance évangélique, des parlementaires de droite ou des essayistes tels que Bernard-Henri Lévy.
Privilégiant la médiation, l’Église catholique du Nigeria a, quant à elle, pris soin de se tenir à l’écart des allégations les plus farfelues. En 2014, elle a suspendu sa participation à la Christian Association of Nigeria (CAN) pour se dissocier des déclarations belliqueuses de son président pentecôtiste, Ayo Oritsejafor. En 2019, une ONG états-unienne, Jubilee Campaign, a approché la Cour pénale internationale à La Haye afin de déposer une plainte contre les djihadistes de Boko Haram pour génocide. Dans un rapport intitulé « The Genocide is Loading » (qui n’a pas été mis en ligne), l’organisation soutenait que 4 194 chrétiens avaient été tués au Nigeria entre 2014 et 2016.
Des accusations qui ne sont pas nouvelles
Tout cela n’est pas complètement nouveau. À l’époque de la sécession biafraise, déjà, les rebelles avaient donné une tournure religieuse à leur combat et cherché à gagner le soutien des pays occidentaux en se présentant comme les cibles d’un génocide perpétré par les Haoussas et par les Peuls musulmans du Nord contre les Ibos chrétiens du Sud-Est (3). Les insurgés avaient avancé le chiffre de 1 à 2 millions de morts, essentiellement du fait d’un blocus militaire qui avait provoqué une effroyable famine mais qui n’avait pas débouché sur l’élimination des survivants après la victoire des « fédéraux », en 1970. Une fois défaits et écartés du pouvoir, les Ibo avaient continué de se dire victimes d’un génocide silencieux afin de dénoncer leur marginalisation politique et économique. L’un d’eux, Herbert Ekwe-Ekwe, soutenait ainsi dans Biafra Revisited (African Renaissance, 2007) qu’ils auraient compté près de 18 000 personnes des 20 000 assassinées par les forces de sécurité nigérianes entre 1999 et 2006, cela sans indiquer ni sources ni mode de calcul.
Aujourd’hui, les accusations et contre-accusations de génocide continuent de s’appuyer sur des assertions invérifiables. Du côté chrétien, elles se focalisent non seulement sur les affrontements dans l’État du Plateau, mais aussi sur le banditisme peul dans le Nord-Ouest et sur les insurrections djihadistes dans le Nord-Est qui les prennent souvent pour cible, même si la très grande majorité des victimes des factions de la mouvance Boko Haram est musulmane. Sans citer de sources, des représentants de la Christian Association of Nigeria (CAN) ont ainsi prétendu que des Peuls « radicalisés » avaient assassiné quelque 6 000 chrétiens de la Middle Belt pendant les six premiers mois de l’année 2018 (4). Au cours de la même période, une obscure ONG ibo d’Onitsha, International Society for Civil Liberties & the Rule of Law (Intersociety), avançait, pour sa part, que 2 400 fermiers chrétiens avaient été tués par des éleveurs et des « extrémistes » peuls, dans un article publié par le Christian Post.
Les chercheurs nigérians eux-mêmes n’ont pas forcément été plus regardants lorsqu’ils ont mobilisé des chiffres « sortis de leur chapeau » dans un pays où il n’existe ni données policières ni statistiques officielles à propos des homicides. Selon l’un d’eux, Charles Abiodun Alao, auteur de l’article « Islamic radicalisation and violence in Nigeria » publié par Routledge en 2013, la « radicalisation de l’islam » aurait ainsi causé la mort de 50 000 personnes entre 1980 et 2012.
Les chiffres arbitraires d’Open Doors
En général, les organisations évangéliques des pays occidentaux veillent, certes, à citer des sources lorsqu’elles recourent à des arguments quantitatifs pour démontrer l’ampleur de tueries à caractère génocidaire. Mais leurs références sont hautement discutables sur le plan scientifique. Citons, par exemple, Christian Solidarity Worldwide (CSW), un lobby britannique mené par une figure du parti conservateur anoblie par le gouvernement de Margaret Thatcher, ou bien encore le Global Terrorism Index et World Watch Monitor : le premier est un think tank australien qui a la particularité de désigner l’ensemble des éleveurs peuls « militants » comme un groupe terroriste ; le second, un collectif qui défend les droits des chrétiens dans le monde. Les distorsions statistiques sont parfois flagrantes. Dans un rapport publié en 2019, une ONG protestante, Open Doors, estimait ainsi que le Nigeria était le pays où l’on tuait le plus grand nombre de chrétiens dans le monde, avec 3 731 morts recensés en 2018 (5). Par la suite, le classement ne devait guère varier, avec quelque 3 100 meurtres sur un total de près de 4 500 à l’échelle planétaire en 2024.
Pour autant, il n’est pas évident que toutes les victimes comptabilisées par Open Doors aient été ciblées en raison de leur confession. Dans son rapport pour l’année 2024, l’ONG admettait que des bergers peuls tuaient des chrétiens « pour les empêcher d’élever du bétail », donc dans le cadre de rivalités relevant d’une compétition économique plus que de disputes d’ordre religieux.

En 2017, des discussions entamées par l’auteur de cet article avec les documentalistes d’Open Doors avaient par ailleurs révélé une forte inclination à interpréter tendancieusement des statistiques tirées d’une base de données, NigeriaWatch, qui comptabilise les morts violentes et qui est actualisée par des chercheurs de l’université d’Ibadan. Pour appuyer son propos, l’ONG avait en effet appliqué un taux uniforme de 30 % de chrétiens dans le Nord à dominante musulmane du pays. Cette proportion était pour le moins arbitraire, sachant qu’il n’existe plus de données publiques et officielles sur les affiliations confessionnelles de la population depuis le recensement de 1963. En extrapolant, l’ONG n’en avait pas moins estimé que 30 % des personnes tuées dans les douze États du nord de la fédération nigériane devaient forcément être chrétiennes.
Mieux encore, Open Doors a considéré qu’une bonne partie de ces victimes étaient mortes en raison de leurs croyances, alors même qu’elles avaient tout aussi bien pu succomber du fait d’attaques liées à des crimes de droit commun : pour leur portefeuille et non pour leur foi.
Des victimes forcément chrétiennes
Indéniablement, il existe des discriminations et des persécutions antichrétiennes dans le nord du Nigeria. À l’occasion, il arrive aussi que des chrétiens soient tués en raison de leur confession, notamment lors d’attaques menées contre des lieux de culte par des djihadistes de la mouvance Boko Haram, par des gangs de criminels ou, très rarement, par des membres d’Églises rivales. Mais il importe de ne pas exagérer l’ampleur démographique de ces incidents et de les remettre en perspective dans un pays, le plus peuplé du continent, qui compte plus de 200 millions d’habitants. D’après les données de NigeriaWatch, les victimes de violences impliquant au moins une organisation religieuse représentent, en réalité, une part infime des homicides, tandis que les confrontations interconfessionnelles restent exceptionnelles.
Sur le plan méthodologique, les allégations d’un comité du nom d’International Committee On Nigeria (ICON) se révèlent être tout aussi fragiles. Dans un rapport publié aux États-Unis en 2020, celui-ci dénonce le génocide des chrétiens par les djihadistes de Boko Haram. À l’en croire, le groupe aurait tué 27 000 civils depuis 2009, davantage que l’État islamique en Irak et en Syrie. Les sources citées proviennent tout à la fois du Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), un projet d’agrégation de données sur les conflits armés, du Nigeria Security Tracker (NST), une initiative d’un ancien diplomate états-unien autrefois en poste à Lagos, et de Study of Terrorism and Responses to Terrorism (START), une émanation du ministère états-unien de l’Intérieur. Elles sont prétendument vérifiées et recoupées par des enquêtes de terrain menées par un réseau de militants chrétiens au Nigeria (6).
La liste des incidents fournie en annexe par ICON ne couvre cependant qu’une période de deux mois, de décembre 2019 à janvier 2020. Elle comporte beaucoup de pages blanches et présente de nombreux problèmes. D’abord, il y a parfois des doublons : un même événement est répertorié plusieurs fois quand il est rapporté par des sources différentes, journalistiques ou policières. De plus, les additions ne correspondent pas toujours aux chiffres annoncés, tandis que certains incidents sont mentionnés dans le texte mais pas dans le répertoire en annexe. Surtout, le comité ICON reconnaît lui-même qu’il est « très difficile, voire impossible, de connaître exactement le nombre de personnes tuées ou déplacées par Boko Haram et les milices peules » depuis 2009 (7).
Comme pour Open Doors, les arguments présentés en vue de prouver mathématiquement l’existence d’un génocide ne sont pas non plus convaincants. Les 27 000 victimes de Boko Haram sont qualifiées de civiles mais rien ne dit qu’elles sont chrétiennes. De plus, ICON mélange dans son décompte les attaques létales des groupes djihadistes et celles des bandits peuls, quitte à y inclure les décès résultant de conflits fonciers entre des communautés qui ne s’affrontent pas pour des raisons religieuses, même si elles sont parfois de confessions différentes.
Donald Trump invité dans le débat
Les partisans de la thèse d’un génocide religieux révèlent ainsi de sérieuses lacunes sur le plan scientifique. Soucieux de défendre leur argumentaire, ils prennent d’abord bien soin de ne pas citer de sources susceptibles de contredire leurs assertions. Quant à ceux dont les bases de données s’appuient sur des articles de presse, ils ne cherchent pas non plus à analyser les sensibilités politiques et les biais confessionnels de journalistes nigérians surtout concentrés dans les villes du Sud et qui, pour des raisons historiques et d’héritage colonial, comprennent essentiellement des chrétiens au vu des déficiences d’accès à une éducation moderne pour les musulmans du Nord. L’absence de questionnement sur la qualité, la fiabilité et la cohérence des sources utilisées est tout à fait significative à cet égard.
En témoigne le rapport publié en 2024 par l’Observatoire de la liberté religieuse en Afrique, (Observatory of Religious Freedom in Africa, ORFA). Celui-ci est intéressant à plus d’un titre car il a, entre autres, servi à alimenter l’argumentaire des parlementaires états-unien qui, en mars 2025, ont accusé le Nigeria de laisser faire la persécution des chrétiens et demandé au président Donald Trump de mettre en place des sanctions contre le pays.
A priori, l’étude de l’ORFA semble de bien meilleure facture que les habituelles incartades des organisations de plaidoyer pentecôtistes (8). Pour démontrer que les chrétiens sont davantage visés que les musulmans, elle fournit ainsi d’impressionnantes listes de tableaux statistiques en annexe. Supervisée par un politiste de l’université du Costa Rica, elle dit ne pas vouloir prendre parti, prétend s’en tenir à la collecte des faits et n’évoque pas l’existence d’un génocide.
Un méli-mélo de sources et de données
Sa méthodologie ne pose pas moins problème. En effet, elle se base sur des sources très différentes : des réseaux sociaux, des partenaires locaux au Nigeria, des rapports d’ONG, des articles de presse, ACLED et le NST. Mais on ne sait pas comment, concrètement, l’ORFA procède pour fusionner, pondérer et apprécier la fiabilité des données recueillies à partir de capteurs aussi hétérogènes. En outre, les sources ne sont pas cohérentes pendant toute la période considérée dans l’étude, d’octobre 2019 à septembre 2023. L’ORFA a ainsi commencé à élargir son corpus en octobre 2021 et à intégrer les données d’ACLED en octobre 2022, cela tout en renonçant à employer celles du NST, interrompues depuis juillet 2023. Or ces discontinuités constituent autant de distorsions susceptibles de fausser les résultats. Dans son rapport, l’ORFA reconnaît d’ailleurs que la proportion de victimes dont l’affiliation religieuse n’a pas pu être déterminée était beaucoup plus élevée en 2020 et en 2021, avant que l’organisation décide d’élargir et d’affiner son corpus.
À défaut d’enquête de terrain dans un pays dépourvu d’état civil, on peut également se demander comment l’Observatoire distingue les civils des combattants et les chrétiens des musulmans. Sur ce dernier point, les rédacteurs du rapport de 2024 disent avoir recoupé leurs informations avec des partenaires locaux qui ne peuvent pas être nommés, « pour des raisons de sécurité », mais qui sont très vraisemblablement des militants chrétiens, sachant que l’ORFA émane en réalité d’une fondation hollandaise établie en 2010 et financée par des Églises évangéliques d’Amérique latine, Platform for Social Transformation. Sous prétexte de respecter leur anonymat, l’Observatoire déroge ainsi à un principe de base de la science, à savoir la possibilité de vérifier, de tester et de trianguler les sources utilisées, les faits collectés et les résultats obtenus. Seuls les chiffres sont rendus publics, avec 16 769 chrétiens tués sur un total de 30 880 civils morts en quatre ans, dont 6 235 musulmans et 7 722 victimes non identifiées.
Par ailleurs, selon les données de l’ORFA, les musulmans seraient davantage visés que les chrétiens dans certaines communes du nord-ouest du Nigeria. Dans une démarche scientifique, il aurait été intéressant de se demander pourquoi, même si la géographie des tueries et celle des enlèvements ne se recoupent pas parfaitement. Il n’aurait pas été inutile non plus d’affiner l’analyse en s’interrogeant davantage sur la composition religieuse des diverses régions touchées par des violences. Mais l’ORFA ne cherche guère à s’aventurer sur ce terrain et, là encore, la méthodologie utilisée ne manque pas de surprendre. En effet, les rédacteurs anonymes du rapport de 2024 appliquent dans chaque État du pays des taux de musulmans et de chrétiens invariables d’une année sur l’autre. Aucune source n’est citée pour expliquer la provenance de ces chiffres pour le moins mystérieux dans un pays dépourvu, depuis plus de soixante ans, de statistiques publiques à propos de la ventilation confessionnelle de la population.
Des catégorisations embrouillées
Les approximations ne s’arrêtent pas là. Les rédacteurs de l’ORFA soutiennent que les chrétiens du Nigeria sont essentiellement tués par des bergers peuls et des mouvements terroristes autres que Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest. Cette catégorie des « autres terroristes » ne manque pas d’intriguer. D’après la note méthodologique de l’ORFA, il s’agit de divers groupes qui n’ont pas pu être identifiés, qui seraient très décentralisés et qui comprendraient aussi des bandits engagés dans des milices ethniques aux côtés des bergers peuls. Les lignes de distinction paraissent d’autant plus embrouillées que, dans le même temps, les pasteurs peuls sont également assimilés à un groupe « terroriste », « le plus meurtrier » d’entre tous, selon le rapport d’ORFA déjà cité. À suivre ce raisonnement, il n’y aurait pas de bandits au Nigeria, seulement des « terroristes » : un narratif qui révèle bien les apories d’un Observatoire décidément peu au fait de la prudence de la communauté académique quant à l’emploi tous azimuts d’un qualificatif disqualifiant.
Comme Open Doors et le comité ICON, l’ORFA peine ainsi à démontrer que les chrétiens sont tués en raison de leur croyance. Les deux témoignages anonymes cités à l’appui de ses dires mettent, certes, en évidence des discriminations d’ordre religieux. Dans certains cas, les otages musulmans qui pouvaient réciter des sourates du Coran afin de prouver leur foi ont effectivement été relâchés sans payer de rançon, tandis que les chrétiens étaient brutalisés, exécutés pour les hommes ou violés pour les femmes. Mais dans d’autres cas, c’est l’inverse. Des captifs musulmans aux mains des djihadistes de la mouvance Boko Haram ont été tués ou recrutés de force pour commettre des attentats-suicides, tandis que les chrétiens étaient épargnés parce que leurs ravisseurs avaient l’espoir d’en tirer un bon prix.
D’une manière générale, on peut s’interroger sur la portée des deux témoignages cités par l’ORFA à l’échelle d’un pays aussi gigantesque que le Nigeria. Les approximations et les biais méthodologiques des partisans de la thèse du génocide desservent, en réalité, la cause des chrétiens. Sur le fond, il n’y a pas besoin d’exagérer l’ampleur des drames humains pour s’inquiéter de violences endémiques et de discriminations qui tiennent bien autant à des questions d’appartenance confessionnelle que de statut social, dans le cadre d’un système politique qui accorde une forte préférence régionale aux autochtones de chacun des trente-six États du pays.
Pour garantir son sérieux, une analyse pondérée et scientifique des persécutions à caractère religieux devrait ainsi s’intéresser aussi aux musulmans qui, dans le sud du Nigeria, sont désignés à la vindicte populaire et parfois lynchés parce qu’ils font figure d’étrangers facilement identifiables par leur habillement et leurs scarifications tribales. Les causes des violences sont fort complexes. Au-delà des disputes macabres sur le nombre de victimes, le problème est d’abord de nature politique. Qu’il s’agisse du sort des chrétiens ou de celui des musulmans, les récits sur un génocide « religieux » doivent en conséquence être compris sur un registre profane. Les polémiques dont le Nigeria fait aujourd’hui l’objet mériteraient certainement, à cet égard, de tirer les leçons des controverses qui ont autrefois pu attiser les tensions à propos de la guerre du Biafra.
Notes
1- Charles Abiodun Alao, « Islamic radicalisation and violence in Nigeria », in Militancy and Violence in West Africa : Religion, Politics and Radicalisation, Routledge, p. 42, 2013.
2- International Committee on Nigeria, « Nigeria’s Silent Slaughter : Genocide in Nigeria and the Implications for the International Community », 2020.
3- Numéro spécial du Journal of Genocide Research, vol. 16, n° 2-3, 2014.
4- Rev Bewarang, Dr. Soja, « Statement by church leaders in Plateau State », 2018.
5- Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Les persécutions antichrétiennes en Afrique, un sujet sensible », The Conversation, 2019. À lire ici.
6- International Committee on Nigeria et International Organisation for Peace Building and Social Justice, « Nigeria’s Silent Slaughter : Genocide in Nigeria and the Implications for the International Community », 2020.
7- International Committee On Nigeria et International Organisation for Peace Building and Social Justice, « Nigeria’s Silent Slaughter : Genocide in Nigeria and the Implications for the International Community », 2020.
8- ORFA, « Countering the myth of religious indifference in Nigerian terror (10/2019–9/2023) », 2024.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Un message, un commentaire ?