Tiré d’Afrique en lutte.
Selon les premières informations rendues publiques, le drone malien détruit menait une mission de surveillance et de neutralisation d’un groupe terroriste actif dans la zone frontalière entre le Mali et l’Algérie. D’après les conclusions de l’enquête diligentée par les autorités compétentes, l’appareil aurait été sciemment visé par une frappe émanant du territoire algérien. Ce tir a interrompu une opération cruciale qui visait à empêcher des attaques terroristes contre les populations et les forces de l’AES.
A cette déclaration, le gouvernement algérien répond ceci : « Par son communiqué, le gouvernement de la transition au Mali porte de graves accusations contre l’Algérie. En dépit de leur gravité, toutes ces allégations mensongères ne dissimulent que très imparfaitement la recherche d’exutoires et de dérivatifs à l’échec manifeste de ce qui demeure un projet putschiste qui a enfermé le Mali dans une spirale de l’insécurité, de l’instabilité, de la désolation et du dénuement…L’échec de cette clique inconstitutionnelle est patent à tous les niveaux, politique, économique et sécuritaire. Les seuls succès dont cette même clique peut se prévaloir sont ceux de la satisfaction d’ambitions personnelles au prix du sacrifice de ceux du Mali, de l’assurance de sa survie au détriment de la protection du Mali et de la prédation des maigres ressources de ce pays frère aux dépens de son développement ».
Rappelons que les débris du drone abattu, ont été retrouvés à 9 kms de la frontière du côté malien. Tandis que l’Algérie revendique la destruction pour intrusion sur son territoire, le Front de Libération de l’AZAWAD (FNLA) dit que c’est lui qui a abattu le drone. Est-ce à dire alors que, l’armée algérienne et le (FNLA), c’est la même chose ?
Que comprendre de toute cette situation ?
1) Le communiqué du gouvernement algérien en réponse à celui du Mali et du collège des chefs d’Etat du Sahel s’en prend de façon agressive au pouvoir en place au Mali dont il va jusqu’à nier la légitimité. On croirait, en lisant ces lignes, entendre Macron et le gouvernement français dans leurs fureurs contre les pouvoirs de l’AES.
2) Mais l’histoire interne récente de l’Algérie donne un éclairage sur la politique et la situation à la frontière de l’Algérie. En effet, il faut savoir que le 26 décembre 1991, le Front Islamique de Salut (FIS), un parti politique algérien qui prône l’instauration de la charia, a remporté les élections législatives au premier tour avec 47% et 188 sur 231 sièges possibles au premier tour, sachant que le Parlement compte 420 députés. Les prévisions lui donnaient une majorité écrasante au 2ème tour qui devait se tenir le 16 janvier 1992. Le 11 janvier 1992 l’armée algérienne annule le deuxième tour des élections et dissout le FIS. Les Islamistes en réaction à ce coup de force déclenchent des massacres à travers tout le pays. L’armée de son côté ne cessait de les traquer. Cette guerre aurait fait, de 1992 à l’an 2000, entre 150.000 et 200.000 morts. Depuis là, c’est toujours l’armée qui est aux commandes en Algérie. Alors, quand le pouvoir algérien parle de junte en s’adressant au pouvoir malien, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Lorsqu’en 2000, le pouvoir algérien promulgue une loi sur la concorde nationale, beaucoup de chefs terroristes se sont retirés au Sahel avec la condition de cesser toute activité terroriste en Algérie.
3) Après l’assassinat du colonel Kadhafi et pour éviter la résistance de sa garde prétorienne sahélienne, la France a fait un deal avec celle-ci en lui promettant un Etat dans le nord -Mali si elle se retirait avec armes et bagages en cette direction. C’est ce qui fut fait. C’est la jonction entre les terroristes venant d’Algérie et ceux revenus de Lybie, qui sera à la base des évènements que nous connaissons aujourd’hui au Sahel. Cela a commencé par la revendication de la création de l’AZAWAD indépendantiste soutenue par les puissances impérialistes au désir de création d’un Etat Islamique au Sahel et dans toute l’Afrique.
4) Il est de notoriété publique que les terroristes se servent du sud de l’Algérie comme base arrière pour leurs basses besognes. C’est là qu’ils s’approvisionnent en carburant et en produits divers. Beaucoup de leurs chefs se cachent aussi là-bas. Depuis plus d’un an, l’Algérie abrite l’Iman réactionnaire, pro-français et protecteur des terroristes, Mahmoud Dicko.
5) Le pouvoir algérien est mécontent parce que le pouvoir malien a déchiré les accords d’Alger qui ont été imposés au Mali dans un moment de faiblesse et qui font la part belle aux groupes terroristes. Cela ne devait pas être, car le Mali a décidé de lutter pour sa souveraineté et son intégrité territoriale et l’Algérie se doit de respecter cette position.
6) Après la brouille récente entre la France et l’Algérie, et dans le cadre de sa résolution, le ministre des affaires étrangères de France, Jean-Noël Barrot en visite à Alger a déclaré que la France était prête à conclure avec l’Algérie, une alliance stratégique à propos du Sahel. Qu’est-ce à dire ? Que viendrait chercher la France en reconquête coloniale à côté de l’Algérie au Sahel ?
Tout ceci suscite des interrogations au niveau des peuples africains qui sont engagés dans le processus de leur indépendance réelle. Le pouvoir algérien a intérêt à ne pas ruiner le prestige de l’Algérie qui, par sa lutte héroïque pour l’indépendance contre le colonialisme français a le respect des autres peuples du monde et ceux d’Afrique en particulier.
Voilà pourquoi il faut dénoncer le jeu dangereux que joue le pouvoir algérien avec cette crise qu’il vient de provoquer avec le Mali et la Confédération des Etats du Sahel.
Afia
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