« Il nous apparaît tout à fait inadmissible que dans le contexte actuel où l’ensemble de la société québécoise se mobilise autour des questions d’intégration des immigrantes et des immigrants que le gouvernement décide d’y aller de son couperet au ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) avec une réduction de 11 % de son personnel, déclare Lise Poulin, secrétaire général de la CSN. Et ce, au moment même où l’on s’apprête également à hausser le niveau d’immigration », poursuit-elle.
Récemment, lors de la présentation du mémoire de la centrale devant la Commission de la culture et portant sur la planification des niveaux d’immigration pour 2008-2010, les représentants de la centrale soutenaient au contraire la nécessité d’accentuer les efforts.
Afin d’y parvenir, les représentants de la CSN proposaient alors au gouvernement d’agir sur différents axes afin de réussir cette intégration des immigrantes et des immigrants. Ainsi, pour contrer les préjugés, l’ignorance et la discrimination, des actions doivent se faire dans les milieux d’éducation et de travail ainsi que dans les médias. Par exemple, dans les milieux de travail, le gouvernement devrait favoriser des programmes de formation à la réalité interculturelle et au racisme. Les employeurs pourraient intégrer des cours de français dans leur plan de formation.
En outre, le gouvernement doit accélérer les processus menant à la reconnaissance des expériences professionnelles et des diplômes acquis à l’étranger, et ce, à un coût raisonnable, sinon l’argent devient un obstacle à cette reconnaissance.
« Pour réussir, nous croyons que le MICC aurait mieux à faire que de réduire son personnel, car il aura besoin de toutes les ressources nécessaires pour enfin atteindre de meilleurs résultats que ceux atteints à ce jour en matière d’intégration », ajoute-t-elle.
Par ailleurs, la CSN reprochait aussi au gouvernement, lors de la présentation de son mémoire, d’avoir réduit considérablement les budgets du MICC. Selon un article paru dans Le Devoir le 15 septembre dernier, pour l’année financière 2005-2006, 83 des 172 millions versés cette année-là au gouvernement québécois – en vertu de l’entente Canada-Québec sur l’immigration – ont été retournés au Fonds consolidé du revenu. « Nous sommes en droit de nous demander pourquoi cet argent, qui a tant fait défaut aux politiques d’intégration, a été investi ailleurs. Les conséquences d’une intégration ratée risquent de coûter beaucoup plus cher à notre société que les sommes qui auraient dû être investies. Le gouvernement doit choisir parmi ses scénarios un seul scénario, soit celui d’investir les sommes issues en vertu de l’entente Canada-Québec au MICC », poursuit-elle.
« Sans les investissements nécessaires, le MICC ne pourra répondre aux défis incontournables que nous nous devons de relever collectivement en matière d’intégration des personnes immigrantes », de soutenir Lise Poulin.
Miroir de la société québécoise, la composition de plusieurs syndicats affiliés à la CSN s’est transformée au cours des dernières années. Aujourd’hui, la proportion des membres immigrants ou issus des communautés culturelles se situe globalement entre 15 et 20 %. Ces personnes sont particulièrement présentes dans les syndicats de la santé et des services sociaux, de l’hôtellerie, de la construction et de la métallurgie. Dans la région de Montréal, plusieurs de nos syndicats comptent une majorité de membres des communautés culturelles. Le milieu de travail demeure le lieu privilégié d’intégration.
La CSN regroupe plus de 300 000 membres répartis dans le secteur privé et dans le secteur public.
Source : CSN - 23 octobre 2007