Depuis deux ans, la SAQ a coupé plus de 20 % des postes du personnel technique et professionnel. En supposant que la SAQ utilise entièrement la suppression d’une centaine de postes annoncée en janvier pour baisser encore ses prix, cela représenterait, au maximum, une baisse de 4 sous par bouteille vendue. Toutefois, la SAQ se prive par le fait même d’une expertise importante. De plus, ces coupes de postes entraîneront inévitablement une augmentation de la charge de travail de celles et ceux qui demeurent en poste, ainsi que des employé-es en succursale qui doivent pallier cette perte d’effectifs.
Une étude menée l’an dernier par le SPTP-SAQ auprès de ses membres montrait une augmentation importante de la charge de travail et des problèmes de santé psychologiques au travail, découlant en partie des précédentes compressions.
« Ce qu’on constate au quotidien, c’est que, à cause de ces décisions, l’organisation se trouve complètement déstabilisée. Plusieurs projets de développement sont carrément mis en veilleuse car il n’y a plus personne pour y travailler, explique la présidente de SPTP-SAQ, Sandrine Thériault. Ces coupes mettent à mal la capacité de la SAQ de maintenir ses très hauts standards. Nous sommes d’autant plus choqués que nous avions accepté, comme syndicat, de travailler avec la SAQ en entente de partenariat. En établissant des cibles conjointes quant à nos besoins organisationnels, je suis convaincue que nous aurions su dégager des orientations beaucoup plus créatives que de couper aveuglément 100 emplois pour réduire de 4 sous le prix d’une bouteille ! »
« C’est une bonne nouvelle pour personne, que la direction de la SAQ choisisse de se comparer à Couche-Tard ou à Dollarama dans la gestion de son personnel, déplore le président de la CSN, Jacques Létourneau. Pour améliorer son modèle d’affaires, la SAQ aurait avantage à miser sur sa véritables force : ses salarié-es qui ont contribué à bâtir la société d’État ».
Un affaiblissement de la SAQ
« Laissons de côté un instant tout le discours fataliste et démagogique à l’égard de la SAQ, poursuit le trésorier de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), Yvan Duceppe. La réalité, c’est que la SAQ est très performante, et elle continue de s’améliorer. Mais les compressions risquent de nuire grandement à ces progrès. En surchargeant le personnel, en le mettant de côté dans les grandes décisions, c’est le service à la clientèle et la qualité de l’expérience client qui finira par en souffrir. Comment croire que la SAQ en sortira vraiment gagnante ? On prétend vouloir répondre aux critiques contre le monopole public en tentant de l’aligner aux pratiques commerciales du secteur privé mais dans les faits, on l’affaiblit ! ».
Enfin, la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain, Dominique Daigneault, a réitéré l’appui inébranlable de la CSN à l’égard des salarié-es de la SAQ qui vivent toujours dans l’incertitude. Ils ne voient pas le bout du tunnel de la réorganisation, en cours depuis plusieurs années. « Les dernières coupes sont clairement de trop. Si le résultat est une augmentation de la sous-traitance et une plus grande part de contrats avec des entreprises tierces, les économies espérées par l’employeur pourraient s’évaporer très rapidement. Et, par-dessus tout, l’employeur doit cesser de presser le citron des salarié-es de la SAQ qui ont fait plus que leur part ces dernières années ».