Des chiffres qui font peur
S’appuyant sur les données de l’Institut de la Statistique du Québec, le FRAPRU précise que le nombre de personnes seules vivant sous le seuil de faible revenu a augmenté de 9,2 % entre 2001 et 2005 pour se chiffrer à 329 630. Au même moment, le nombre de personnes vivant dans des familles à faible revenu a diminué de 3,3 %.
Le FRAPRU a aussi rendu publiques des statistiques jusqu’ici inédites provenant du recensement canadien de 2006. Celles-ci démontrent que les personnes seules représentent 48,8 % des ménages locataires du Québec, mais qu’elles comptent pour 71,8 % de ceux qui consacrent entre 50 % et 80 % de leur revenu au loyer et 73 % de ceux qui y engouffrent plus de 80 %. Ce dernier problème touche 63 505 individus, dont 40 165 dans la seule région de Montréal, 6225 dans celle de Québec et entre 1000 et 2000 dans les régions de Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières et Saguenay. Selon le FRAPRU, ces personnes sont toutes à très grand risque d’itinérance.
Des politiques qui excluent
Or, selon l’organisme, les gouvernements qui se sont succédé à Québec ont fait très peu de cas des personnes seules.
Le FRAPRU cite l’exemple du programme québécois d’allocation-logement qui accorde une aide financière pouvant atteindre 80 $ par mois pour aider au paiement du loyer. Les personnes seules de moins de 55 ans sont totalement exclues de ce programme, alors qu’elles comptent pourtant pour 67 % de celles qui doivent payer plus de 80 % de leur revenu en loyer. Selon François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, « il est plus que temps de mettre fin à cette exclusion totalement discriminatoire ».
Il ajoute que « loin de mettre fin à la discrimination, le gouvernement en a rajouté dans une décision rendue publique, le 30 septembre ». Celui-ci a en effet annoncé l’indexation des revenus maximaux permettant de recevoir l’allocation-logement. Les personnes seules de plus de 55 ans, de même que les familles nombreuses, ont toutefois été exclues d’une telle indexation.
Le FRAPRU considère aussi que les personnes seules, qui représentent 75 % des ménages à l’aide sociale, sont lourdement pénalisées par le niveau actuel de prestations et la demi-indexation qui leur a été accordée depuis quatre ans si elles sont considérées aptes au travail. En août dernier, cette mesure a privé 133 006 personnes seules de 17 $ sur une prestation de base qui n’est que de 548 $ par mois.
Pour une politique globale en itinérance
Dans son mémoire, le FRAPRU prend également parti pour l’adoption d’une politique québécoise en itinérance, comme celle réclamée par le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec. L’organisme réclame aussi des mesures spécifiques en habitation, dont l’adoption d’un plan sur cinq ans de développement du logement social, la création d’un programme d’acquisition de logements locatifs privés, dont des maisons de chambres, pour les transformer en logements sociaux, ainsi que la fin de la discrimination dans l’accès à l’allocation-logement.
Selon Marie-José Corriveau, organisatrice au FRAPRU, « l’itinérance n’est pas uniquement un problème de logement, mais c’est toujours au problème du problème ».
Le FRAPRU présentera son mémoire le jeudi 30 octobre, à 16h15, à la salle Louis-Joseph Papineau de l’Assemblée nationale