« Avec la complicité du gouvernement, Hydro-Québec viole nos droits, notamment nos droits ancestraux et notre titre ancestral. Le gouvernement doit comprendre que cette étape n’est que le début. En inondant nos territoires sans notre consentement, Hydro-Québec a non seulement porté préjudice à nos droits ancestraux, mais elle a aussi miné notre développement économique et social en plus de mettre en péril l’écosystème. Malgré de nombreux efforts et appels auprès d’Hydro-Québec et du gouvernement, nous faisons toujours face à un mur d’indifférence et d’insouciance. Notre patience a atteint sa limite », a déclaré le Chef Wapistan.
La communauté de Nutashkuan déplore globalement l’attitude d’Hydro-Québec dans le cadre des travaux liés au projet hydroélectrique de la Romaine, dont le non-respect de l’entente de partenariat Nanemessu-Nutashkuan conclue en 2008. Soutenue par l’ensemble de la Nation Innue et ses Chefs, elle dénonce aussi l’ennoiement de plus de 50 % de la ressource forestière, avec des conséquences graves sur l’environnement, les activités traditionnelles innues de chasse, de trappe et de pêche, ainsi que sur le développement économique de la communauté. Malgré les demandes du Conseil de Nutashkuan, le gouvernement du Québec est demeuré immobile et indifférent.
« Hydro-Québec met en péril l’ensemble de la richesse du territoire en optant pour l’inondation des arbres et en provoquant non seulement une crise économique, mais également un véritable désastre environnemental. L’apparition d’un taux de mercure important dans l’eau qui découle de cette technique est une menace à l’équilibre et peut comporter des risques majeurs pour l’ensemble de l’écosystème et notre population. Pour nous, c’est catastrophique. Le déboisement et le travail sur le chantier auraient dû apporter du travail et mettre en place les conditions nécessaires à une plus grande autonomie économique de notre communauté. En plus de faire de l’argent sur notre dos, Hydro-Québec et le gouvernement nous laissent de côté et détruisent notre forêt par la noyade. Il en résulte pour nous une perte de valeur de la forêt avec du bois inutilisable, tout cela s’ajoutant à une entente mensongère », a ajouté Joël Malec, entrepreneur forestier et porte-parole des citoyens ayant érigé le blocus.
« Nous attendons depuis plusieurs décennies la reconnaissance de nos droits ancestraux sur le territoire, ainsi que la réparation des torts graves dont nous avons été, et sommes toujours, victimes. Comme tous les autres peuples du monde, nous aspirons à la prospérité et à l’autonomie. Nous voulons sortir de notre misère et offrir un avenir meilleur à nos enfants et petits-enfants. Mais comment faire quand notre territoire et nos ressources sont détruits ? Et que nos droits sont continuellement ignorés ? Assez, c’est assez, a précisé le Chef Wapistan. Les Innus de Natashkuan sont les gardiens de leur territoire ancestral et ne peuvent se résigner à accepter de voir des portions de leur forêt noyées sans que le déboisement n’ait été fait au préalable. En plus de mettre en péril la forêt, c’est la faune qui elle aussi est enrayée sans considération. »
Les Innus de Nutashkuan comptent maintenir le blocus à l’entrée du chantier de la Romaine jusqu’à la confirmation d’une rencontre avec le premier ministre Philippe Couillard, avec l’engagement ferme d’adopter un mécanisme permettant d’assurer le respect des droits des Innus par le gouvernement et la Société d’État. Si les Innus n’obtiennent pas satisfaction, ils n’auront d’autres choix que d’intensifier leurs moyens d’actions. « Le premier ministre Couillard, qui était à Happy Valley-Goose Bay, au Labrador, aujourd’hui, a affirmé vouloir engager les autochtones comme partenaires, en ajoutant que c’était la véritable solution. Il est temps que les paroles cèdent leur place aux actions », a conclu le Chef Wapistan.
À propos de Nutashkuan
La communauté innue de Nutashkuan est située à l’embouchure de la grande rivière Natashquan, sur le golfe du Saint-Laurent, à 336 kilomètres à l’est de Sept-Îles. Sa superficie est de 20,63 hectares. Sa population est de plus de mille membres. La gouvernance de la communauté est assurée par un conseil élu composé d’un Chef et de 4 conseillers.