Avec 48,92 % des suffrages, l’ancien dirigeant de la guérilla de gauche
a pris une bonne longueur d’avance sur son principal concurrent de l’Alliance
républicaine nationaliste, Norman Quijano. Photo : Ulises Rodriguez/Reuters
Le « rouge » ne fait pas peur. L’emblématique commandant du Front
Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), Salvador Sanchez Ceren, est
arrivé en tête du premier tour de la présidentielle qui a eu lieu, dimanche, au
Salvador. Avec 48,92 % des suffrages sur un total de 99 % des bureaux
dépouillés, l’ancien dirigeant de la guérilla de gauche a pris une bonne
longueur d’avance sur son principal concurrent de l’Alliance républicaine
nationaliste (Arena) et ex-maire de la capitale, Norman Quijano, qui a
obtenu 38,95 % des suffrages.
Ce succès est d’autant plus remarquable que Salvador Sanchez Ceren a été
la cible d’une campagne de dénigrement orchestrée par l’ultradroite
conservatrice, qui ne digère toujours pas d’avoir été évincée du pouvoir en
2009. En digne représentante de l’oligarchie de ce petit pays d’Amérique
centrale, qui compte six millions d’habitants, elle a cherché par tous les
moyens à dissuader les électeurs de porter leur voix sur l’ex-guérillero,
réactivant pour cela le spectre de la guerre civile (1980-1992). « Eh, eh, eh
vote en pensant, ne vote pas commandant ! » a été l’un des slogans de la
réaction, qui a cru ainsi pouvoir disqualifier le candidat du FMLN. Même les
médias, qui n’ont pas hésité à le taxer de « communiste orthodoxe » proche
de l’axe bolivarien du Venezuela, se sont cassé les dents. La popularité de
l’actuel vice-président et ministre de l’Éducation tient pour beaucoup au
programme social éducatif dont il a été le principal promoteur durant la
dernière mandature, et ce malgré l’absence de majorité parlementaire.
L’ex-guérillero aura fort à faire pour combler le retard social
accumulé.
Norman Quijano et Salvador Sanchez Ceren s’affronteront donc lors d’un
second tour, le 9 mars prochain. « Nous sommes certains de l’emporter », a
assuré Leonel Gonzalez, son surnom durant la guerre civile. Âgé de soixanteneuf ans, l’ex guérillero aura fort à faire pour combler le retard social
accumulé après presque deux décennies de règne absolu de l’Arena qui a
géré le pays en fonction de ses intérêts. Le Petit Poucet des Amériques peine
en effet à se défaire de sa dépendance économique aux remises d’épargne,
les fameuses « remesas » envoyées par les nombreux migrants installés aux
États-Unis. Le pays, qui connaît un certain reflux de la criminalité à la suite
de la trêve décrétée par les gangs des Maras, souffre toujours en revanche
de la corruption des cols blancs. Durant sa campagne, « Leonel » s’est
engagé à accélérer les réformes sociales – éducation et retraites –, en
dirigeant « avec responsabilité un gouvernement ample, ouvert et honnête ».
* http://www.humanite.fr/numerique/lhumanite-du-4-fevrier-2014