Édition du 17 décembre 2024

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Terrorisme

Attentat de Londres - « Notre solidarité avec le peuple britannique est sans nuance » - Amir Khadir

QUÉBEC, le 23 mars 2017 - Le député de Mercier, Amir Khadir, a profité d’une motion présentée à l’Assemblée nationale pour réitérer son soutien et sa solidarité, au nom de Québec solidaire, envers les familles des victimes de l’attentat du 22 mars à Londres. M. Khadir souhaite partager avec les médias et le grand public l’ensemble de ses interventions sur le sujet à l’Assemblée nationale aujourd’hui.

Voici, telle que fournie par les services de l’Assemblée nationale, la transcription de l’intervention en chambre du député de Mercier qui a été saluée par les député.es britanniques présents dans les tribunes du salon bleu lors du débat sur la motion de solidarité :

« Merci, Mme la Présidente. Je voudrais exprimer, ici, notre sympathie profonde et notre soutien qui va aux familles, aux proches des victimes ainsi endeuillés. Encore une fois, des civils, des citoyennes et des citoyens ordinaires sont les victimes de guerre qu’ils et elles n’ont pas voulue. Le peuple britannique, comme le peuple français, belge, allemand, américain subissent, dans la tragédie, la fureur guerrière du monde : des terroristes frappent partout au nom de la religion. D’autres frappent contre la religion ; on en a subi, nous-mêmes ici... notre peuple l’a subi dans son corps et sa chaire ici même, à Québec, il y a à peine deux mois.

Cette guerre, que les politiques de conquête et d’agression de nos propres dirigeants ont allumée ou nourrie par les pétrodollars, de nos monarchies pétrolières alliées, cette guerre, ces guerres... nous ne l’avons pas choisie. Les peuples du monde entier, le peuple britannique, le peuple canadien, le peuple américain, rappelons-nous, durant les 15 dernières années, l’ont maintes fois manifesté.

Maintenant, notre solidarité avec le peuple britannique est sans nuance, pleine et entière, indéniable. Et cette solidarité, qui se veut le témoignage de l’humanisme de cette assemblée, me fait penser qu’il y a... le 1er janvier, il n’y a pas longtemps, le 1er janvier, le peuple turc faisait les frais de cette guerre. Notre solidarité va également au peuple turc. Le 5 janvier, c’était le peuple irakien qui était victime : 27 morts et 50 blessés dans deux attentats successifs. Le 19 février, 39 morts dans l’explosion d’une voiture en Somalie ; notre solidarité va aussi au peuple somalien. Le 7 février, en Afghanistan puis ensuite le 19 mars, deux autres attentats, des dizaines de morts et de blessés.

C’est donc au nom de l’humanisme de cette assemblée, cette solidarité que nous avons avec le peuple britannique va à tous les peuples qui sont affectés par ces guerres dont les citoyens du monde entier n’ont pas voulu. Les citoyens du monde entier, comme cette assemblée, désirent la paix. »

Voici également, telle que fournie par les services de l’Assemblée nationale, la transcription du point de presse que le député de Mercier a tenu dans la salle des médias de l’Assemblée nationale quelques minutes après l’adoption à l’unanimité de la motion de solidarité avec le peuple britannique :

« M. Dion (Mathieu) : M. Khadir, dans votre motion sur Londres, vous avez dit : « Les peuples du monde subissent les guerres allumées par nos propres dirigeants. » Alors, est-ce que nos élus, nos chefs sont responsables, ultimement, de ça ?

M. Khadir : Nous sommes tous collectivement responsables, les payeurs de taxes que nous sommes, les électeurs que nous sommes, nous sommes responsables. C’est les gens qu’on élit qui vont lancer les guerres. C’est les Tony Blair, c’est les George W. Bush. Heureusement, la mobilisation ici, au Canada, a forcé ou permis à M. Chrétien de poser en courageux et de dire non à M. Bush. Mais d’autres ne l’ont pas fait. Et depuis 15 ans, et je peux le dire avec énormément, je dirais, de... sans aucune gêne, parce que déjà, il y a 15 ans...

En fait, ma venue en politique est grandement due à mes interventions, à la fin des années 90, début des années 2000, et ma participation dans la... dans ces mobilisations pour dire non à ces politiques d’intervention. J’ai eu de nombreux débats dans les télés publiques pour dire : Non, ces politiques-là vont empirer le problème, nous n’allons rien régler, nous allons juste les amplifier. Et je n’inventais rien. Des dizaines de gens comme moi à travers le monde et des milliers dans les rues l’ont dit.

Et pourtant nos politiciens, nos responsables publics ont alimenté ces guerres et alimentent l’appui à des régimes monarchiques, comme l’Arabie saoudite, qui financent, par nos pétrodollars, les djihadistes, qui fomentent ce trouble. Donc, on est responsables.

Et ça, malheureusement, il n’y a personne d’autre ici qui est prêt à l’admettre. Et je suis désolé, parce que ça fait des années qu’on le dit. Il faudrait qu’on soit capables de le dire, il faudrait qu’on soit capables de le prononcer. Sans ça, notre solidarité avec ces peuples et notre solidarité avec le peuple britannique n’est pas entière, n’est pas de qualité, est juste de façade, cache une hypocrisie dans nos politiques, qui consistent de dire ça à chaque fois qu’il y a des victimes civiles, puis, de l’autre, ne pas se gêner pour vendre des armes à l’Arabie saoudite, ne pas se gêner d’appuyer des frappes « indiscernées » partout dans le monde.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais qu’est-ce que vous dites, là ? Vous n’allez pas jusqu’à dire que... les élus, le gouvernement britannique ont du sang sur les mains ? Mais vous dites, en même temps, que les..

M. Khadir : Bien sûr que le gouvernement britannique a du sang sur les mains en Irak, en Afghanistan...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, le sang qui a coulé hier à Londres...

M. Khadir : ...en Irak, en Afghanistan, en Somalie.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, mais hier à Londres ?

M. Khadir : Et cette guerre-là, cette guerre-là, malheureusement, monsieur...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bélair...

M. Khadir : ...Cirino-Bélair, cette guerre-là n’est plus confinée en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Cette guerre-là se propage partout. Donc, comme on l’a dit à propos de la Deuxième Guerre, comme on l’a dit à propos de la Première Guerre comme on l’a dit à propos de toutes les guerres, quand on y regarde de près, les dirigeants de nos pays sont en partie responsables parce que l’industrie militaire qu’ils alimentent et qu’ils appuient profite de ces guerres-là puis c’est eux qui sont responsables du maintien des politiques qui fomentent ces guerres. Donc, oui, il ne faut pas se gêner : on a du sang sur les mains, comme politiciens, comme assemblée, on a du sang sur les mains.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Les politiciens sont en partie responsables des événements qui se sont produits hier à Londres.

M. Khadir : On est tous responsables.

M. Bélair-Cirino (Marco) : D’accord. Donc, les personnes… c’est ça.

M. Khadir : On est tous responsables. Bien sûr.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Les personnes qui ont été blessées ou tuées hier sont victimes de la politique étrangère…

M. Khadir : Les civils…

M. Bélair-Cirino (Marco) : …britannique.

M. Khadir : Les civils britanniques, comme les civils irakiens, comme les civils syriens, comme les civils afghans, oui, leur sang nous est imputable autant qu’aux djihadistes puis aux barbares terroristes qui les ont assassinés parce qu’ils sont… tous ces événements font partie d’une chaîne. À moins qu’on veuille avoir une vision limitée superficielle des choses, puis qu’on s’en tienne à ce qu’on voit aujourd’hui sans connaître d’où ça vient. Mais comme on est un peu plus responsables et intelligents que ça, heureusement, on est capables de voir que tout ça fait un lien. »

Voici la motion adoptée à l’unanimité en chambre et présentée conjointement par le député de Mercier avec les représentants des autres partis et les député.es indépendants.

« Que l’Assemblée nationale exprime sa solidarité à l’égard des familles des proches des victimes de l’attentat perpétré près du parlement et sur le pont de Westminster à Londres, le 22 mars 2017 ;

« Qu’elle souligne qu’il s’agit d’un crime incompréhensible et révoltant, qui s’attaque aux fondements mêmes d’une société démocratique et inclusive qu’est le Royaume-Uni ;

« Qu’elle exprime son soutien indéfectible au peuple britannique, en ce moment tragique qui nous rappelle que nous devons plus que jamais rester unis pour lutter contre les causes profondes de la violence ;

« Qu’enfin, les membres de l’Assemblée nationale observent une minute de silence à la mémoire des victimes. »

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