Dans cette dernière édition de Presse-toi à gauche en 2019, Benoit Renaud analyse le nouvel épisode du débat sur la loi 21, en provenance du Canada anglais cette fois, André Frappier revient sur le récent congrès de la FTQ alors que Ronald Cameron offre ses réflexions sur le récent congrès de Québec solidaire.
Benoit Renaud voit dans la défense de la loi 21 une bataille du courant nationaliste conservateur québécois qui s’appuie sur une conception ethnique de l’identité nationale. Les politiques de ce courant de droite sont davantage assimilatrices qu’intégratrices. Le PQ a montré la voie et la CAQ s’en est servi comme cheval de bataille pour constituer sa base électorale. Pour lutter contre cette orientation, l’auteur oppose au Quebec bashing en provenance du Canada anglais une offensive politique pour « décontaminer le nationalisme québécois, malade des influences de l’extrême-droite culturelle européenne et des nativistes étasuniens. »
André Frappier a assisté au tout récent congrès de la FTQ et il nous rapporte les principales propositions adoptées par ce congrès et nous décrit les préoccupations actuelles des membres de la centrale.
Ronald Cameron revient sur le plus récent congrès de Québec solidaire. Il parcours l’ensemble des thèmes abordés par le congrès pour souligner à propos de la volonté de QS de prendre le pouvoir qu’« on ne définit pas un cadre stratégique sur un relativisme absolu. Au contraire, il s’agit d’un plan qui comprend une part de risque et constitue un pari » (…) qui devra « subir le test de la réalité. »
De plus, le Collectif pour un Québec sans pauvreté rappelle qu’en ce temps des Fêtes, l’État doit viser à la fin des guignolées, Angelo Soares et Marjolaine Gaudreau dénonce l’organisation industriel du travail dans le réseau de la santé et des services sociaux, la fameuse méthode « Toyota », Amadou Sadjo Barry propose une vision de la survivance québecoise non pas comme un repli sur une vison passéiste de la société québecoise mais sur l’appropriation de sa propre multiculturalité, le Québec étant lui-même une société multiculturelle.
Par ailleurs, le Québec a souligné la commémoration de l’attentat antiféministe du 6 décembre 1989 comme point culminant de la campagne contre les violences faites aux femmes. À cette occasion, nous vous offrons [le discours prononcé par Marlihan Lopez lors de l’inauguration de la Place du 6 décembre 1989, la sociologue Mélissa Blais aborde la question du « contre-mouvement » masculiniste et nous publions la déclaration des groupes de femmes de la Capitale nationale lors du rassemblement commémoratif dans la région de Québec-.
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Sur la scène internationale
Nous voulons attiré votre attention sur la situation au Moyen-Orient. Pour cela, nous avons sélectionné les excellentes analyses de gilbert Achcar. Mais nous avons voulu pousser plus loin la compréhension avec trois articles montrant le rôle des femmes dans les mobilisations au Moyen-Orient.
Ensuite nous pensons que l’écologie demeure une priorité planétaire. Deux articles font l’objet de cette chronique concernant les énergies et les plastiques.
Concernant le Moyen-Orient
Gilbert Achcar : Les mobilisations en Égypte, au Liban, en Iran et en Irak
Gilbert Achcar donné deux entrevues. Dans celle-ci, il reprend la situation dans quatre pays :Égypte, Liban, Iran et Irak. Pour rendre compte de ses propos, nous avons tiré une citation par pays :
Égypte
« Le régime qu’a instauré Sisi est le plus répressif qu’a connu l’Égypte depuis des décennies : un régime néolibéral dictatorial qui a mis en œuvre de manière brutale toutes les recommandations d’austérité du FMI, entraînant un appauvrissement massif et une inflation considérable. Les prix de la nourriture, des denrées de base, du carburant, des transports - tous des besoins de base - ont considérablement augmenté. Normalement, les gens seraient descendus dans la rue en grand nombre pour demander l’abrogation de ces mesures, mais ils en ont été dissuadés par le contexte répressif. »
Liban
« Cette fois-ci, le mouvement s’est répandu dans tout le pays et c’est très impressionnant. C’est la première fois, en effet, qu’un soulèvement ne se limite pas à une partie ou à une moitié du pays. L’ensemble du pays est impliqué : toutes les régions se mobilisent et - plus important encore, étant donné la nature sectaire du système politique libanais - des personnes appartenant à toutes les sectes religieuses y participent. C’est extrêmement important. »
Iran
« L’Iran est un gouvernement théocratique - le seul État théocratique au monde sauf le Vatican. C’est un gouvernement clérical, une sorte de régime qui ne peut être que profondément réactionnaire » « Téhéran n’a pas un quelconque agenda progressiste, mais construit un empire régional
aussi néolibéral et corrompu que le régime iranien lui-même ; ce dernier est intervenu en Syrie pour contrer la révolution commencée en 2011. » « Le caractère contre-révolutionnaire du régime iranien est également évident quand on regarde la manière dont il a réprimé les manifestations de masse en Iran même. »
Irak
« La situation en Irak est compliquée par le fait que les manifestants sont essentiellement chiites jusqu’à présent. C’est la communauté même que l’Iran tient à garder sous son contrôle. Il est donc de la plus haute importance que le soulèvement en Irak implique la population chiite en opposition ouverte à la domination iranienne. » « Le caractère anti-iranien du soulèvement en Irak est beaucoup plus prononcé qu’au Liban, où l’ingérence directe de l’Iran est moins importante ; et c’est l’une des raisons qui explique que la répression est plus sévère en Irak, où un grand nombre de personnes ont déjà été tuées »
Et l’auteur de conclure que les mobilisations dans son propre pays est une excellente façon d’être en soutien à ces luttes. « Il en va de même pour la solidarité entre les mouvements de divers pays. Aux deux niveaux, national et mondial, il est impératif de construire de véritables réseaux physiques pour porter la lutte à un niveau supérieur. »
Nous vous invitons aussi à lire le second entrevue de Gilbert Achcar portant sur le même sujet mais vu sous des angles différents. C’est un très bon complément à son analyse de la situation concrète.
Sur les révolutions « permanentes » au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (I)
Sur les révolutions « permanentes » au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (II)
Révolution au Soudan : « Les femmes ont une âme de combattantes »
L’article commence par expliquer que les manifestations ont commencé par l’augmentation du prix du pain. Et même si les banques étaient vides, le palais présidentiel lui était rempli d ‘argent
Suit un historique des actions et des tentatives gouvernementales pour rester au pouvoir. Mais la population n’a aucune confiance dans les militaires. « Ce que veut le peuple, c’est un gouvernement civil. On veut que tout le système parte, même les fonctionnaires, que tout change, qu’ils s’en aillent tous. On veut un vrai changement, que ce soit le peuple qui décide, que tout bascule. Maintenant, le problème c’est le Conseil Militaire : il a fait en un mois pire que ce qu’El-Béchir a fait en trente ans ! »
L’article expose la répression que connaît le Soudan depuis un mois : coupure des moyens de communication, terreur infligée par des militaires : les milices Janjawid.
Le soutien international est aussi pris en compte dans la description de la situation « Il y a trois pays qui aident le Conseil Militaire : l’Égypte, les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite. Ils financent le Conseil Militaire car ils ont tous quelque chose à y gagner »
Enfin l’article insiste sur le rôle de combattantes des femmes. Elles sont massivement présentent dans la rue car leur situation est intenable : « Elles n’ont plus aucune liberté. Elles ne vivent pas, elles sont conditionnées à n’être qu’épouses, mères, ménagères. Elles sont mariées de force, parfois à dix ans ; elle doivent rester à la maison, parce qu’elles sont des femmes ; elles n’ont pas le droit de donner leur opinion ; certaines n’ont pas le droit de travailler ; elles peuvent recevoir des dizaines de coups de fouet parce qu’elles portent un pantalon sans le recouvrir d’une robe. Ce sont les femmes qui ont le plus souffert »
Au Soudan, les femmes peuvent enfin danser et porter des pantalons
Cette autre article sur la situation des femems au Soudan montre une victoire des femmes. Le 28 novembre dernier une loi rétrograde a été abolie. Cette loi permettait à la police d’arrêter les femmes sous différents prétextes « “Ils pouvaient arrêter les femmes qui dansaient, celles qui portaient des pantalons, celles qui faisaient du commerce dans la rue, ou qui fréquentaient des hommes qui n’appartenaient pas à leur famille. Les peines allaient des coups de fouets aux amendes et pouvaient même, dans de rares cas, être la lapidation ou l’exécution”, « Cette loi a été utilisée pour exploiter, humilier et violer des droits fondamentaux. Elle a servi à asservir financièrement et psychologiquement [les femmes]. De nombreuses Soudanaises ont subi des préjudices intolérables. »
Évidemment, nous sommes d’accord avec cette conclusion de l’article.
Vie et mort d’un espoir populaire : paroles de Syriennes
Cet autre article illustre aussi la situation des femmes au Proche-Orient...en Syrie. Ce sont les témoignages de femmes syriennes partant du printemps arabes jusqu’à la situation actuelle.
À travers les témoignages des femmes, nous voyons les espoirs pour une vie meilleure puis peu à peu avec la répression, s’ouvrir pour l’avenir le cercle de l’enfer. « Fatima non plus n’y a d’abord pas cru, puisqu’il « était interdit d’avoir la moindre conscience politique ». Mais voilà, la contestation est bel et bien là. Sara se rassemble avec des amies, filme les marches, lit des ouvrages sur les révolutions de par le monde. Zaina pleure littéralement à la vue des manifestants : de joie. »
« En dépit des craintes de son entourage alaouite1 face à l’omniprésence des slogans religieux dans les cortèges civils qui se rassemblent chaque vendredi au sortir des mosquées, Leila décide de s’y joindre. « C’était plus fort que moi » : elle qui se moquait de la politique aspire désormais à une Syrie affranchie et réalise qu’une « large part » de la population ne supporte plus la « tyrannie ». Dehors, c’est l’effervescence. Malgré la répression, aussi rapide que brutale, elle n’en espère pas moins un geste du régime : qu’il écoute la rue »
Et à partir de 2015, le régime syrien entre en guerre contre ces propres citoyens et citoyennes.
« Notre seul choix était de défendre le peuple contre les terroristes. Il n’y en avait pas d’autres. […] [S]i le Qatar n’avait pas financé dès le début ces terroristes, si la Turquie ne leur avait pas apporté un soutien logistique et l’Occident un soutien politique, les choses auraient été différentes »
Et au final, ce résultat macabre « 8 ans de guerre. L’exil du quart de la population. La mort, civils et tous combattants confondus, de 300 à 500 000 personnes — selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, plus de 85 000 civils ont été tués par le régime, dont près de 30 % par l’aviation. »
Concernant l’écologie
Dette écologique : La Grande frontière
Ce court article nos invite à réfléchir sur la consommation d’énergie. « La consommation mondiale des ressources naturelles a été multipliée par huit au cours du 20è siècle (alors que la population n’a fait « que » quadrupler) ; celle des métaux a doublé en vingt-cinq ans, plus des deux tiers de l’or extrait depuis sa découverte (il y a 6 000 ans) l’a été au cours du dernier demi-siècle. »
Notre société continue sa croissance, continue à avoir besoin d’énergie, utilise l’énergie fossile et accentue les changements climatiques. « En continuant à croître, cette économie ne peut que continuer à aggraver les destructions produites pour obtenir cette énergie et ces matières. »
« En 2060, il y aura quatre fois plus de microplastiques dans les océans »
Dans cet article, c’est la situation de la pollution par les pastiques que nous découvrons à partir d’une étude faite dans l’océan Pacifique. Pourquoi le Pacifique...parce que cette mer reçoit 52% des plastiques du monde. Ainsi, nous apprenons son ampleur « Nous avons fait une expédition et trouvé des microplastiques de l’Antarctique à Tokyo. En Antarctique, il y avait jusqu’à 10 000 pièces de moins de 5 millimètres par kilomètre carré, beaucoup plus que prévu, mais dans le Pacifique Nord, la densité atteignait 8,8 millions de pièces par km2 et la moyenne dépassait 100 000. »
Rien de surprenant ; pour tenir compte de cette pollution, il faut attendre le G20 au Japon pour que cela soit à l’ordre du jour. L’article aborde aussi la question de la récupération du plastique « à ce rythme dans 30 ans, il y aura 25 milliards de tonnes de plastiques sur Terre et que seulement 8 milliards d’entre eux seront recyclés. » L’Europe est aussi mentionné « nous produisons 25 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année et recyclons à peine 30%, tandis que 39% sont incinérés et 31% finissent dans des décharges, »
La pollution plastique est en fait un problème qui n’a pas de frontières.
Bonne lecture
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