Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Ti-Gilles s’en va en guerre

Visiblement, la campagne électorale du Bloc québécois non seulement bat de l’aile mais n’a toujours pas démarrée. Un pourcentage absolument considérable des électeurs semblent avoir tourné déjà la page à la lumière des sondages.

Alors le Chef du Bloc n’a rien trouvé de mieux, afin d’augmenter ses appuis, de s’aligner sur les positions du Premier Ministre du Canada le plus militariste de son histoire en demandant que les frappes militaires se poursuivent contre les terroristes de l’État islamique. Il va même plus loin que Stephen Harper en envisageant même l’idée que le Canada envoie des troupes au sol en Syrie. Sa comparaison avec l’envoie de troupes au Kosovo pour freiner l’armée serbe dans les années 90 ne tient tout simplement pas la route. La récompense ultime des Djihadistes est de mourir au combat en martyr alors que ce n’était tout simplement pas le cas de l’armée serbe ou encore des occidentaux aujourd’hui. Ce qui donne un avantage psychologique considérable aux djihadistes lors de combats sur le terrain. L’Irak et l’Afghanistan ne semblent pas faire partie de l’analyse simpliste de Ti-Gilles où les armées de pays occidentaux se sont retirées avec un résultat catastrophique dans le premier cas et plus que mitigé dans le deuxième. En tout premier lieu, tous les analystes sans exception s’entendent pour dire que les frappes militaires occidentales n’ont pas donné les résultats souhaités jusqu’à maintenant. Le recrutement de djihadistes a même augmenté depuis le début de ses frappes. Les menaces d’attentats dans les pays faisant partie de la coalition contre Daech ont aussi augmentées. Sans oublier que chaque bombardement sur le territoire syrien donne chaque jour de la légitimité à la dictature syrienne, responsable de 70% des victimes civiles depuis le début de la guerre civile. Mais les crimes commis par l’État syrien ne sont pas filmés alors que ceux abominables de Daech le sont !

Il ne semble jamais être venu à l’esprit de Gilles Duceppe d’opter plutôt pour l’option de la livraison d’armes à l’armée syrienne libre qui fait à la fois la guerre à Daech et à la dictature syrienne ou encore aux Kurdes situés au nord de la Syrie. À l’option d’encourager les armées de pays limitrophes comme la Jordanie ou l’Égypte de s’impliquer sur le terrain avec financement et logistique à l’appui. L’option militaire dirigée par une coalition de pays de la région qui ont tout intérêt à que cesse l’expansionnisme de l’État islamique demeure la moins hasardeuse de toutes les options, mais le Chef du Bloc lui cherche des votes en s’alliant aux militaristes conservateurs sur cette question.

Denis M. Duchêne Politologue Montréal

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