« Nous ne pouvons rester les bras croisés devant une telle dégradation des conditions de travail des salarié-es de nos services publics, estime Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. D’ici 2020, c’est environ 35 % de la main-d’œuvre du secteur public qui partira à la retraite. Qui voudra encore œuvrer dans les services publics si le gouvernement québécois n’est pas en mesure de concurrencer les conditions de travail offertes dans les autres secteurs d’emploi ? »
Les données de l’ISQ relatives aux salaires d’entrée des échelles salariales confirment les problèmes d’attraction de la main-d’œuvre du secteur public québécois. À titre d’exemple, les retards pour les catégories d’emplois de professionnels, de techniciens et d’employés de bureau sont respectivement de 15,8 %, de 23,6 % et de 8,0 %. « Allez convaincre un technicien en informatique de travailler dans le secteur de la santé ou de l’éducation pour 36 000 $ par année alors qu’il peut en gagner 44 000 $ en moyenne dans le marché ! », illustre Mme Lévesque.
Les maximums des échelles salariales sont également nettement plus bas dans le secteur public québécois, ce qui rend difficile la rétention des employés. Pour les mêmes catégories d’emploi, les écarts sont de 11,1 %, de 14,6 % et de 18,7 %.
Pour Francine Lévesque, le retard de la rémunération des employé-es des services publics entraîne une perte d’expertise au sein de l’appareil gouvernemental. « Les ouvriers spécialisés responsables de la maintenance et de l’entretien de nos établissements publics accusent un retard de 34,2 % de leur rémunération globale. Pas étonnant qu’ils délaissent le secteur public ! Nos établissements, incapables de recruter, doivent aujourd’hui faire appel à grands frais au secteur privé pour entretenir nos établissements. »
« La vaste majorité des employeurs veulent avoir les meilleurs éléments dans leur entreprise. Est-ce que le gouvernement pense réellement qu’il va pouvoir recruter des salariés capables de prendre la relève tout en assistant, sans rien faire, à une telle dégradation des conditions de rémunération de ses salariés ? », s’interroge Mme Lévesque.
« Tant le gouvernement que les organisations syndicales doivent s’attaquer à cet énorme défi que sera, au cours des prochaines années, le renouvellement de la main-d’œuvre dans les services publics, poursuit la vice-présidente de la CSN. Nous invitons le gouvernement à travailler avec nous, lors du renouvellement de nos conventions collectives l’an prochain, afin d’apporter les correctifs nécessaires pour améliorer les conditions d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre du secteur public québécois.