La semaine dernière, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale Sam Hamad déposait le projet de loi 70 qui obligera entre autres les personnes qui tombent à l’aide sociale à passer par le nouveau programme obligatoire « Objectif emploi ». Comble de l’ironie, le ministre assure que les personnes auront accès à des emplois « convenables ». Ces personnes seront soumises à un plan d’action dune durée minimale de 12 mois. S’il y a manquement aux démarches, elles subiront des pénalités pouvant atteindre la moitié d’une prestation, qui passerait alors de 616 $ à 308 $ par mois. « Personne ne peut dire qu’il ne sera jamais sur l’aide sociale. On ne peut pas le prévoir. En s’attaquant à l’aide sociale, Sam Hamad s’attaque à tout le monde », soutient Roxane Blanchet, de l’ADDS Rive-Sud.
Des préjugés pour nous tromper
Pour faire passer ce programme, le ministre joue la carte des préjugés. Il dit cibler les jeunes en santé qui ne veulent pas travailler. La réalité est toute autre. Le ministre omet de dire que ce sont ces mêmes jeunes qui sortent le plus rapidement de l’aide sociale. Les personnes touchées par ce programme sont de tous âges. Le ministre affirme qu’il vise les personnes dites « aptes au travail ». Or, actuellement, les contraintes pour raison de santé sont de plus en plus refusées. Selon les chiffres du ministère, moins de 9% de ces personnes sont réellement aptes au travail ![1]
Des programmes bidon
Colporter une image de personnes à l’aide sociale « lâches » est très pratique pour le ministre, car il justifie ainsi de couper les vivres à des personnes qui ont déjà moins de 49% de ce qu’il faut pour combler leurs besoins de bases. L’objectif du ministre n’est pas d’améliorer les conditions de vie des personnes assistées sociales de façon réelle et durable, mais bien de couper dans Emploi-Québec. Monsieur Hamad n’a pas l’intention d’offrir de nouvelles mesures d’employabilité. Au contraire, il entend, avec ces modifications, récupérer 50 millions de dollars. « Lorsqu’on sait qu’il n’y a actuellement que 3000 mesures d’employabilité offertes aux 17 000 nouveaux demandeurs d’aide sociale, il est clair que le compte n’y est pas. Le ministre doit retourner faire ses devoirs », s’indigne madame Blanchet.
Une colère qui ne sera pas passagère
« L’argumentaire austère du gouvernement ne tient pas la route. Quand on saigne la population et qu’on en jette carrément une partie à la rue et que, de l’autre côté, on offre un milliard de dollars à de riches entreprises, qu’on réduit les impôts des grandes entreprises et qu’on augmente le salaire des députés, les gens ont raison de se révolter. Ça ne peut plus durer ! Quand on est prêt à envoyer des centaines, voire des milliers de personnes à la rue, l’argument comptable ne tient plus la route depuis longtemps. La pauvreté occasionnée par ce projet de loi nous coûtera bien plus cher. Pour nous, il faut que les gens sortent de la pauvreté, peu importe leur situation. Et sortir de la pauvreté, ça veut dire vivre dans la dignité et couvrir ses besoins essentiels », rappelle la porte-parole.
Cette action est organisée par l’Association de Défense des Droits Sociaux de la Rive-Sud (ADDS Rive-Sud), l’Association pour la Défense des Droits Sociaux du Québec métropolitain (ADDS-QM), le Regroupement des femmes sans emploi du Nord de Québec (ROSE du Nord) et le Regroupement en éducation populaire et en action communautaire de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12)