Quand la cause en vaut la peine, on est prêt à faire les gestes nécessaires. Ce midi, plusieurs dizaines de personnes ont bravé un froid sibérien pour exiger le maintien du caractère français de l’Hôpital Lachine. Cette institution est menacée par une possible annexion avec le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), ce qui signifierait à terme la disparition du seul hôpital francophone de l’ouest de Montréal. Organisée par une coalition de syndicats et de groupes sociaux, cette manifestation s’est tenue devant les bureaux du CUSM.
Sur place, les porte-parole ont rendu publique une déclaration de principe qui a reçu l’appui de plusieurs organisations. La voici :
Affiliation ou intégration ? S’épanouir ou mourir ?
Le 7 juin 2007, l’Assemblée nationale du Québec est intervenue à l’unanimité pour requérir du ministre de la Santé et des Services sociaux, le retour des ambulances à l’Hôpital de Lachine, ainsi que pour lui accorder un statut unique dans l’Ouest-de-l’île de Montréal, en particulier pour les francophones, en y maintenant des services hospitaliers et spécialisés.
Le ministre actuel de la Santé, Philippe Couillard, en commission permanente des affaires sociales déclarait que le déplacement d’une partie de l’enseignement de la médecine familiale du centre hospitalier de l’université Mc Gill à l’Hôpital de Lachine était à son avis également essentiel.
Cette déclaration du ministre quant à l’avenir de l’Hôpital de Lachine faisait de celui-ci un milieu d’enseignement universitaire qui permettait à cet hôpital d’aspirer à une affiliation et, conséquemment, à son autonomie tout en assurant la relève de médecins francophones.
En définitive, il s’agissait d’un projet viable pour assurer la pérennité de l’organisation et la disponibilité de soins hospitaliers et spécialisés,
particulièrement pour les francophones de l’Ouest-de-l’île.
Le ministre de la Santé parlait alors d’un partenariat. Mais voilà que quelques mois à peine après cet énoncé, le MUHC se moque de l’Assemblée nationale ainsi que de l’engagement du ministre. Dans les faits, la proposition du MUHC équivaut à l’assimilation l’Hôpital de Lachine et, à long terme, à sa disparition comme unique institution hospitalière francophone de l’Ouest de l’île de Montréal.
En effet, avec cette proposition du MUHC, l’Hôpital de Lachine n’aurait plus de conseil d’administration propre ni d’accréditation syndicale distincte. Il sera totalement fusionné, dans sa direction et son personnel, avec le MUHC. Soumis, donc, à une direction anglophone et aux règles de pseudobilinguisme qui prévalent au MUHC.
Un hôpital communautaire sans gouvernance, c’est un hôpital sans âme. Il n’existe pas d’hôpital communautaire sans gouvernance locale au Québec. C’est la gouvernance de l’hôpital communautaire qui fait en sorte que tout projet clinique puisse être un succès auprès de sa population tout en s’assurant que cette dernière puisse être mise à contribution.
Nous acceptons l’affiliation, mais pas l’assimilation. L’affiliation permettra à long terme l’épanouissement d’une gouvernance francophone locale
qui veillera à l’implantation d’un projet clinique en mettant à contribution la population, et c’est précisément cela le rôle d’un hôpital communautaire.
Ceux qui nourrissent le débat en mettant à l’avant-plan le projet clinique, tout en reléguant au second la gouvernance, font fausse route. La gouvernance et le projet clinique s’imbriquent l’un dans l’autre. C’est précisément ce qui est reflété dans la résolution de l’Assemblée nationale qui a reconnu le statut unique de l’Hôpital de Lachine.
Comment en effet peut-on prétendre pouvoir y maintenir des services hospitaliers et spécialisés particulièrement pour les francophones, en l’absence d’une gouvernance locale francophone ? La proposition du MUHC contredit l’esprit de la résolution adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Québec.
C’est donc sans hésitation que nous affirmons notre appui à la Coalition pour l’Hôpital francophone de Lachine ainsi qu’aux francophones de l’Ouest de l’île de Montréal.
S’épanouir ou mourir ?
Nous choisissons : S’épanouir... en français.
Le Mouvement Montréal français (MMF)
Le syndicat Professionnel(le)s en Soins de Santé Unis (PSSU)
Le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES,
section locale 298, FTQ)
Le Syndicat des employés auxiliaires et de soutien (SCFP, FTQ)
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Le Conseil pour la protection des malades (CPM)
Impératif français
La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM)
Dr Paul Saba, médecin à l’Hôpital de Lachine, président du CMDP (Conseil
des médecins, dentistes et pharmaciens)
Dr Denis Lazure, ministre des Affaires sociales dans le cabinet Lévesque,
ex-directeur de plusieurs hôpitaux importants
La Coalition pour l’Hôpital francophone de Lachine