Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et Greenpeace s’inquiètent grandement de l’augmentation des pressions environnementales que génèrera l’arrivée prochaine du pétrole canadien dans les raffineries québécoises

L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et Greenpeace s’inquiètent grandement de l’augmentation des pressions environnementales que génèrera l’arrivée prochaine du pétrole canadien dans les raffineries québécoises. Alors que le ministre des Ressources naturelles du Canada, Joe Oliver, est venu ce matin à la raffinerie de Suncor à Montréal vanter les « mérites » de l’approvisionnement en pétrole canadien, l’AQLPA et Greenpeace tiennent à souligner qu’on ne peut ignorer que ce changement de types de pétrole raffinés implique aussi potentiellement de sérieuses conséquences pour l’environnement et la santé des populations au Québec.

Jusqu’à maintenant le pétrole raffiné au Québec était principalement issu de sources conventionnelles, du pétrole léger à faible teneur en soufre, ce qui pourrait changer avec l’arrivée massive du pétrole non conventionnel de l’Ouest Canadien, du pétrole lourd et à haute teneur en soufre. « Même s’il est produit au Canada, l’empreinte écologique du pétrole lourd albertain est plus importante que celle du pétrole conventionnel importé. Au moment de l’extraction, en cas de déversements, mais aussi, et cela nous inquiète particulièrement, lors du raffinage », mentionne André Bélisle, président de l’AQLPA. « Selon certaines estimations, en passant du raffinage d’un pétrole léger à un pétrole lourd, les émissions des raffineries impliquées pourraient aller jusqu’à tripler, c’est considérable ! » a-t-il ajouté.

Rappelons que les raffineries sont déjà de grands émetteurs de contaminants atmosphériques en tout genre : dioxyde de souffre, oxydes d’azote, monoxyde de carbone, composés organiques volatiles, particules fines. Certains de ces contaminants sont entre autres liés à la prolifération des épisodes de smog, à l’amincissement de la couche d’ozone, aux pluies acides, ou peuvent être néfastes pour les cultures et le rythme de croissance des végétaux. D’un point de vue sanitaire, certains sont liés à de graves effets sur la santé des populations avoisinantes. Sans même parler de leurs impacts sur le climat. Au Québec, la raffinerie Jean-Gaulin d’Ultramar est le plus grand émetteur industriel de GES, suivit de près par la raffinerie montréalaise de Suncor.

« Nous devons investir en priorité dans les énergies vertes plutôt qu’endosser les plans du fédéral visant à alimenter les changements climatiques en développant toujours plus les sables bitumineux. S’approvisionner avec ce pétrole, c’est prendre part au désastre environnemental majeur qu’est l’exploitation des sables bitumineux en Alberta », souligne Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace. « Les émissions d’oxyde d’azote (NOX) et d’oxyde de soufre (SOX) entraînées par la production d’un baril de bitume sont plus de deux fois supérieures à celles dégagées par la production d’un baril de pétrole conventionnel. Aussi, la production d’un baril de pétrole extrait des sables bitumineux émet de 3,2 à 4,5 fois plus de gaz à effet de serre qu’un baril de pétrole produit aux États-Unis ou au Canada à partir de sources conventionnelles ! » précise-t-il.

« L’actualité récente laisse entrevoir que le Québec est en voie de devenir la plaque tournante pour les produits pétroliers lourds de l’Alberta. Leur transport, leur manutention et leur raffinage signifient potentiellement pour le Québec une augmentation considérable des émissions atmosphériques liées à cette industrie, en plus des risques environnementaux et sanitaires en général. On ne peut accepter béatement l’arrivée du pétrole lourd canadien au Québec, il faut impérativement en considérer très sérieusement tous les impacts. Le gouvernement du Québec doit absolument mener sa propre évaluation environnementale sur l’arrivée de ce pétrole sale au Québec », conclu André Bélisle.

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