« Un an et demi après le dépôt du rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (Commission Laurent), l’amélioration des conditions d’exercice dans les centres jeunesse se fait toujours attendre. Les listes d’attente s’allongent, les délais sont interminables et les conditions sont excessivement difficiles dans les milieux de travail. Nos membres sont à bout de souffle. Cette charge de travail démesurée mine leur capacité à offrir des services essentiels. Personne n’a la qualité de vie des jeunes à cœur plus que les intervenant·e·s en centres jeunesse. Des standards de pratique qui apporteront de véritables améliorations sur le terrain doivent être établis rapidement », a lancé le président de l’APTS, Robert Comeau.
Depuis le dépôt du Rapport de la Commission Laurent, l’APTS a talonné sans relâche le gouvernement pour que les recommandations formulées par les commissaires soient concrétisées. Malheureusement, l’organisation syndicale dresse aujourd’hui un constat bien peu reluisant de la situation, et ce, partout au Québec.
« Nos intervenant·e·s sont épuisé·e·s et vivent avec la crainte d’échapper un dossier ou de manquer de temps pour faire les suivis nécessaires, ce qui aurait des répercussions graves sur la vie d’un·e enfant. Ce dont il·elle·s ont besoin, c’est d’une charge de travail délimitée par leur autonomie professionnelle ainsi que d’indicateurs qualitatifs prenant en considération les besoins du·de la jeune et du chemin qu’on va devoir prendre pour l’aider. Tout cela dépend du jugement professionnel et de l’expérience de nos membres, ce qui influence leur charge de travail. Les intervenant·e·s veulent le meilleur pour les jeunes et pouvoir les servir de leur mieux, tout en ayant une charge de travail dont les objectifs sont atteignables en 35 heures », a poursuivi Steve Garceau, représentant national de l’APTS dans Lanaudière, qui a lui-même une douzaine d’années d’expérience en centre jeunesse comme éducateur spécialisé.
Situation critique à Montréal
À Montréal, région durement touchée par la pénurie de personnel et par une explosion des cas de dénonciation depuis le début de la pandémie, la situation est grave pour les équipes en jeunesse. Un sondage mené auprès du personnel en centre jeunesse au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal révèle, entre autres, que 78 % des personnes sont incapables de prendre les pauses auxquelles elles ont droit, que 61 % doivent travailler sur leur temps personnel pour répondre aux besoins des jeunes sous leur protection et que la moitié disent mal dormir, pleurer et même avoir mal au cœur avant de venir travailler.
« Cela fait des années que notre monde met les bouchées doubles, puis triples, pour garder le navire à flot. Ça ne peut pas continuer comme ça ! Les données du ministère de la Santé et des Services sociaux nous apprennent qu’il faut attendre en moyenne 78 jours pour qu’un dossier soit évalué à Montréal. C’est le double de la moyenne provinciale ! C’est pour cela que l’on se mobilise aujourd’hui et que l’on va porter une charge symbolique à nos gestionnaires. Elle illustre le poids qui pèse sur les épaules de nos membres. Sur celles et ceux qui doivent assurer la protection de nos jeunes et qui se retrouvent écrasé·e·s sous cette charge, qui sont déchiré·e·s entre tout ce qu’ils et elles doivent accomplir pour offrir des services plus qu’essentiels », a décrié Caroline Letarte-Simoneau, représentante nationale de l’APTS pour le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
Pour l’APTS, au-delà d’établir certains critères spécifiques pour alléger la charge de travail de ses membres, il faut immédiatement s’attaquer - de façon tangible - à la pénurie de personnel.
« Peu importe les standards de pratique qui seront établis, si des gestes concrets ne sont pas bientôt posés en ce qui a trait à la rétention et à l’attraction de la main-d’œuvre en jeunesse, le problème va s’aggraver avec le temps. Au-delà de la volonté gouvernementale annoncée, il faut que des mesures applicables soient rapidement déployées sur le terrain », a conclu Robert Comeau.
Un message, un commentaire ?