« À rangement égal et à qualifications égales, c’est une injustice flagrante qu’un même employeur, le gouvernement du Québec, choisisse de favoriser un groupe en fonction de son milieu de travail. Les conséquences sont déplorables puisque les commissions scolaires peinent de plus en plus à attirer et à garder des psychologues et ce sont les élèves qui en font les frais », dénonce Johanne Pomerleau, la présidente de la FPPE-CSQ.
Des disparités de traitement depuis plus de 2 ans
En effet, depuis le 29 janvier 2012, les psychologues à temps plein du milieu de la santé exclusivement reçoivent une prime qui est maintenant d’environ 10 % de leur salaire conventionné. Ceux et celles qui travaillent quatre jours par semaine reçoivent une prime qui est maintenant de 7 %. Ces primes, qui ont été instaurées afin de contrer un problème de pénurie, reportent le problème dans la cour des commissions scolaires, lesquelles éprouvaient déjà des difficultés de recrutement.
« En plus d’être moins bien payés que leurs homologues de la santé, les psychologues travaillant dans le milieu scolaire peuvent desservir jusqu’à 18 écoles, parfois éloignées les unes des autres, et ils affrontent des conditions de travail souvent difficiles. Les compressions annoncées ne feront rien pour arranger les choses. Pour un finissant au doctorat qui doit envisager son futur emploi, le milieu de l’éducation est loin d’être attirant », déplore Johanne Pomerleau.
L’élève, grand perdant
Les conséquences de cette inégalité se font déjà cruellement sentir dans les régions éloignées, comme en Haute-Côte-Nord et en Abitibi Témiscamingue, où des postes affichés depuis des mois, voire des années, demeurent non-pourvus. Même dans les régions situées plus près des grands centres, comme la Montérégie, plusieurs psychologues ont déserté le milieu scolaire.
Pendant ce temps, des milliers d’élèves sont privés des services dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit.
Consciente de la situation qui prévaut actuellement dans les écoles concernant la baisse d’accessibilité aux soins psychologiques dispensés aux élèves, la présidente de l’Ordre des psychologues, Mme Rose-Marie Charest, a manifesté son inquiétude : « Si la situation n’est pas corrigée, seuls les parents fortunés pourront offrir à leurs enfants les services psychologiques dont ils ont besoin en consultant au privé. Les psychologues scolaires sont des ressources essentielles notamment pour identifier et aider les enfants ayant des troubles d’apprentissage, prévenir le décrochage scolaire et mettre en place des programmes pour lutter contre l’intimidation. Les services psychologiques ne sont pas un luxe dont les écoles peuvent se passer. »
Vers des démarches juridiques
Bien que plusieurs interventions politiques aient été effectuées auprès de deux ministres de l’éducation successifs afin de corriger cette iniquité, force est de constater que la situation reste la même et ne risque pas de changer bientôt, étant donné que le ministre Bolduc a décliné la demande de rencontre de la FPPE-CSQ.
« La FPPE entend donc entamer prochainement des démarches juridiques pour faire respecter le droit des psychologues qu’elle représente à un traitement juste et équitable », conclut Johanne Pomerleau.