Édition du 17 décembre 2024

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Europe

Élections en Catalogne : une analyse des résultats

Selon Carles Riera de la CUP [1], il s’agit sans aucun doute de mauvais résultats en termes d’agenda indépendantiste et social. Une réflexion collective est nécessaire pour faire face aux temps à venir et promouvoir un agenda social et national propre au pays.

"Le soutien explicite à l’indépendance est en déclin depuis des années. Nous pensons que cela est dû principalement au fait que le Parlement de Catalogne a été complètement déchu de sa souveraineté. C’est devenu une branche à Madrid, bien loin de l’époque où l’ordre du jour était fixé par le Parlement.

En bref, nous devons miser sur notre propre agenda, qui circule à la fois dans la rue et dans notre Parlement. Pour obtenir des droits, améliorer les conditions de vie des travailleurs et travailleuses, pour un changement radical du modèle de lutte contre le changement climatique et pour une solution démocratique au conflit par l’exercice de l’autodétermination. Parce que lorsque l’indépendance a été la plus forte, c’est dans la rue, menée de manière transversale.

Que fera la CUP ?

Nous prenons bonne note de ces résultats et pensons par conséquent qu’un exercice de réflexion est nécessaire au niveau des pays. En interne, nous avons déjà commencé il y a quelques mois le processus Garbí qui concerne notre processus de débat stratégique et organisationnel pour le nouveau cycle politique, avec la participation de nos militants et ouvert aux personnes et aux groupes qui sympathisent ou souhaitent contribuer à ce débat.

C’est un processus de débat ouvert sur l’avenir stratégique de l’organisation et de la lutte anticapitaliste et qui, maintenant, atteint la dernière phase : « une phase de réflexion et d’autocritique pour parvenir à un consensus et définir une ligne claire de stratégie politique ». Le Processus Garbí a débuté en octobre dernier, avec un Congrès national, cinq débats nationaux thématiques et une vingtaine de réunions ouvertes territoriales et locales et culminera avec une Assemblée nationale le 21 septembre de cette année. "

Des élections anticipées

La convocation des élections a été anticipée par rapport au terme naturel de la législature, après que le Parlement ait rejeté le projet de loi de finances pour 2024 proposé par le gouvernement minoritaire de Pere Aragonès (ERC), indépendantiste de gauche arrivé au pouvoir en 2021 avec le soutien d’une coalition de partis favorables à l’indépendance.

Cela concernait l’autorisation de construction d’un complexe hôtel-casino Hard Rock Cafe Le 13 mars, le Parlement repousse le projet de loi de finances en adoptant une motion de rejet par 68 voix pour et 67 voix contre. Pere Aragonès réunit aussitôt une séance extraordinaire du Conseil exécutif du gouvernement catalan. À l’issue de cette réunion, il annonce la dissolution du Parlement et la convocation d’élections anticipées pour le 12 mai suivant.

La CUP s’est positionnée contre le projet Hard Rock, une macro complexe de loisirs que Hard Rock Entertainment World projetait de construire entre Vila-seca et Salou (Tarragone) qui aurais inclus de nouvelles extensions du port, de l’aéroport, des circuits de F1 au prix de 2.000 millions d’euros, montant qui selon la CUP devrait être investi dans la défense de la santé et de l’éducation publique.

Les résultats électoraux

Les socialistes ont obtenu 42 sièges au Parlement de Barcelone - qui en compte 135 au total -, avec 27,9 % des voix. Ils sont loin devant Junts, le parti indépendantiste de droite de Carles Puigdemont (35 sièges et 21,62 % des voix), et la gauche républicaine ERC (20 sièges et 13,68 %). A la gauche du PSC, les Comuns auront six députés et les anticapitalistes indépendantistes de la CUP quatre, Laia Estrada, Laure Vega, Pilar Castillejo et Dani Cornellà.

A droite, le Parti populaire obtient 15 élus en récupérant l’espace électoral de Ciutadans (version catalane du Ciudadanos espagnol) qui disparaît du Parlement. Vox se maintient à 11 sièges et la nouvelle force xénophobe d’extrême droite indépendantiste Aliança catalana fait son entrée avec deux élus.

L’analyse de la CUP

La CUP s’inquiète du paysage politique auquel le pays est confronté après les élections des 12 derniers mois : "ce sont des résultats négatifs pour l’agenda indépendantiste et social". Les anticapitalistes considèrent que les politiques développées ces dernières années ont contrecarré les attentes du peuple générées par les assauts générés par le mouvement Indignada et le tsunami démocratique : "Nous avons essayé d’arbitrer dans une lutte permanente entre "ERC et Junts qui s’est révélée sans issue, mais nous sommes désolés et assumons la responsabilité de cette frustration".

C’est ce qu’a expliqué la députée Laia Estrada, laquelle a annoncé que dans ce contexte la CUP entamera une phase de rencontres avec diverses entités, mouvements sociaux et populaires, afin d’analyser conjointement la situation dans laquelle se trouve le pays : « Nous voulons analyser comment nous y sommes arrivés et partager avec ces entités et mouvements des propositions et des défis qui passent par la récupération de notre propre agenda national, faire de la politique à partir d’ici et légiférer en faveur du peuple et reconstruire un large mouvement indépendantiste ".

En Catalogne, il y a un reflux de la mobilisation, et un affaiblissement du mouvement indépendantiste en raison de la capitulation d’ERC et de Junts, qui ont mis le cap sur l’autonomisme et les pactes pour l’investiture de Sánchez. Ils négocient avec le PSOE, qui ne diffère du PP que par la tactique de la répression, puisqu’ils coïncident avec la stratégie de maintien de l’unité de l’Espagne et de liquidation de l’autodétermination.

Le problème ne réside pas dans la mobilisation populaire, mais dans la politique des directions majoritaires qui la freine et/ou la détournent. En ce sens, l’alignement sur les politiques bourgeoises, qu’elles soient espagnoles ou catalanes, affaiblit le courant politique de la classe ouvrière. Il est fondamental de construire une nouvelle direction révolutionnaire et cohérente qui pourra avoir une influence décisive parmi les masses laborieuses.

Référence :

CUP Candidatura d’Unitat Popular, https://cup.cat/

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[1Candidature d’unité populaire (CUP) (en catalan : Candidatura d’Unitat Popular), est un parti politique indépendantiste catalan anticapitaliste.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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