Diane Matte, une grande militante originaire de l’Outaouais, est fondatrice et co-coordonnatrice de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, la CLES. Mis sur pied en 2005, l’organisme montréalais a permis jusqu’ici à 1000 femmes en lien avec la prostitution d’y trouver de l’espoir, des conseils et de l’accompagnement dans une démarche difficile visant à s’en sortir. C’est que pour Diane Matte, un monde sans prostitution est non seulement possible, mais hautement souhaitable.
Seule une société hypocritement bien-pensante peut confier le commerce du sexe à certaines femmes, la plupart issues de milieux pauvres et racisés, des femmes souvent poquées, leur pauvre nez collé sur le désespoir. Et elle le fait sans hésiter comme elle a confié le négoce des clous et marteaux aux quincaillers ou celui du pain et de la brioche aux pâtissiers. Être bien-pensant oblige à ignorer le fait que la prostitution est une forme particulièrement odieuse de violence et que celle-ci est souvent physique et toujours psychologique.
Le pire, c’est que cette violence repose sur un constat anthropologique. Au fil des civilisations, les males ont érigé l’exutoire de leurs pulsions sexuelles en droit social. Le constat est brutal : quand blondes ou épouses font défaut, quand la porno ne titille plus rien, la banale solution est de s’offrir une soupape en se payant la vidange de ses bas instincts, c’est-à-dire, en s’offrant les services d’une prostituée. Tout guerrier a droit à son repos. Mais au grand jamais souffrirait-il, l’homo erectus des temps modernes, que sa mère, sa sœur, sa fille ou sa nièce puisse exercer ce soi-disant métier.
➡️ Venez visionner la 3e partie de cette émission dès maintenant sur notre site web. Vous avez manqué les parties 1 et 2 de cette rencontre avec Diane Matte ? Vous pourrez les visionner au même endroit.
En complément
La violence faite aux femmes
Le parcours de Mme Matte l’a amené à remettre en cause les piliers du patriarcat. La violence faite aux femmes doit être vue comme centrale pour l’atteinte à l’égalité. Est-il normal que la première question qu’une femme se pose soit : Qu’est-ce que j’ai fait pour attirer cette violence ? Elle se sent presqu’automatiquement toujours responsable de la violence qu’elle subit. D’où provient ce réflexe ?
La prostitution : une soupape odieuse
Doit-on sacrifier certaines femmes pour en protéger d’autres et ce, dans le seul but d’assouvir les besoins sexuels des hommes ? Toute une question qui fut posée à Mme Matte. Sa réponse fait réfléchir.
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