Édition du 19 novembre 2024

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Israël - Palestine

Des soldats israéliens sont accusés d’avoir violé et torturé des prisonniers Palestiniens

Les accusations d’abus de Palestiniens par les Forces de défense israéliennes à Sde Teiman deviennent de plus en plus horribles. On a compté une douzaine de décès le mois dernier. Cette semaine, on rapporte des viols collectifs.

Seraj Assi, Jacobin, 30 juillet 2024
Traduction, Alexandra Cyr

L’extrême droite israélienne et les proches des soldats se sont massé devant le tribunal militaire en protestation contre l’arrestation de neuf soldats accusés d’abus sexuels sur des Palestiniens détenus à la prison de Sde Teiman dans le désert du Négev. (…)

Toute une série de rapports choquants sont sortis lundi révélant que des soldats israéliens auraient violé un détenu palestinien dans la prison de Sde Teiman. Ces allégations surviennent après que le quotidien israélien, Haaretz ait rapporté en juin qu’au moins 36 prisonniers palestiniens de Gaza auraient probablement été torturés à mort par des soldats israéliens dans cette même prison.

Haaretz rapportait aussi que 9 de ces soldats avaient été arrêtés, détenus pour viol collectif. Les détenus auraient été molestés si sévèrement que l’un d’entre eux a dû être hospitalisé. Il portait des blessures épouvantables dont une sérieuse au rectum. Selon l’article il ne pouvait plus parler.

Des images montrent la police militaire israélienne pénétrant dans la prison pour arrêter le groupe de violeurs qui ont riposté en se barricadant à l’intérieur et en utilisant du poivre de Cayenne pour se défendre avant d’être finalement arrêtés et emprisonnés. (Des ministres et des députés se sont rendu sur les lieux pour soutenir ces soldats).

Le parlement israélien, la Knesset qui est en congé estival, sera en discussion d’urgence demain pour prendre la défense des soldats selon Ynet. Le ministre des finances, M. Bezalel Smmotrich a salué ces soldats en les traitant de « défenseurs héroïques » et en demandant leur libération immédiate. Le ministre de la sécurité nationale, M. Itamar Ben-Gvir, a qualifié ces soldats de «  nos meilleurs héros » et a dénoncé leur détention comme «  rien de moins qu’une honte ». Des députés du Likud, le parti au pouvoir, déclarent ouvertement qu’il « est légitime » de violer des prisonniers palestiniens. Une foule israélienne s’est rendu à Sde Teiman en solidarité avec les violeurs. Des hauts fonctionnaires ont assailli ce camp de concentration pour protester contre les arrestations. Ces représentants.es étaient accompagnés.es du ministre Amichai Eliyahu.

Une foule violente d’une centaine de personnes a envahi le tribunal militaire à Beit Lid en soutient aux soldats sous enquête et en demandant leur libération immédiate.

La plupart des grands médias américains ont fait peu de cas de cette nouvelle même si elle a été largement diffusée en Israël. Par ailleurs ils s’entêtent à rapporter avec obsession les « atrocités sexuelles de masse du Hamas qui aurait fait de ces violences, une arme » le 7 octobre (2023). Pourtant, les preuves contre cette allégation sont connues et diffusées. Le New York Times a embauché un ancien soldat israélien, sans aucune formation ni expérience en journalisme, pour écrire un article sur les « violences sexuelles perpétrées par le Hamas  » le 7 octobre. Selon The Intercept, de fausses accusations ont été ainsi répandues et ont provoqué des critiques dans les médias internationaux. Les politiciens américains, de Joe Biden à Antony Blinken sans compter Hilary Clinton qui est encore plus obsessive à ce sujet, ont répété ces allégations sans fondements. The Intercept, Mondoweiss et the Electronic Intifada parmi d’autres, les ont clairement réfutées.

Israël détient dans ses prisons presque 10,000 Palestiniens.nes dans des conditions inhumaines. La plupart ont été capturés.es à Gaza depuis octobre dernier. Beaucoup se trouvent dans le camp de concentration de Sde Teiman qui a été construit expressément pour ces détenus.es. Les prisons militaires israéliennes ont été les sites de cruautés sans comparaison et cela inclut la prison militaire Ofer en Cisjordanie où des prisonniers ont tenté de se suicider en réaction aux « brutalités des gardiens  ». Ce sont des actes extrêmes étant donné que le suicide est strictement défendu par l’Islam. Des médecins membres de Human Rights Israel (PHRI) ont documenté les décès d’au moins 13 prisonniers palestiniens venant des territoires occupés et d’Israël depuis octobre (2023). Ceux qui ont été relâchés, rapportent avoir été battus sans raison, violés, avoir subi les assauts de chiens, été privés de sommeil et de nourriture. Certains disent avoir perdu jusqu’à 50 livres. Un d’entre eux qui était un amateur de musculation dit avoir perdu au moins 100 livres et avoir été violé avec un balais par les gardiens.

En avril, Adnan al-Bursh, un éminent chirurgien de Gaza a été torturé à mort dans la prison d’Ofer.

Sur des vidéos largement diffusées on peut voir des prisonniers palestiniens à Gaza n’ayant plus que la peau et les os ; ils ont été visiblement brutalisés et traumatisés. Une des situations les plus horribles concerne un jeune homme nommé Badr Dahla qui est retourné à Gaza à sa sortie d’un centre de détention israélien. Il était dans un état effroyable, les yeux exorbités et tremblant de peur. Il était tellement traumatisé qu’il ne pouvait même pas reconnaitre sa propre fille unique.

Des organisations palestiniennes de défense des droits humains comme Addameer qui soutient les prisonniers.ères palestiniennes dans les prisons israéliennes, ont rapporté un nombre incalculable de cruautés commises contre des détenus.es : les humiliations, des conditions dégradantes, des torture routinières à l’électricité, de pseudos exécutions et des viols avec des barres de métal et des extincteurs chimiques. Des témoins oculaires parlent de raids exécutés par les gardiens dans les cellules sur peuplées de manière routinière aussi, de prisonniers maintenus menottés et battus brutalement. Certains de ces torturés ont souffert de paralysie ou ont perdu la parole ou la mémoire. D’autres ont eu les jambes amputées pour avoir été attachées en permanence. Un des médecins de l’hôpital attaché au centre de détention Sde Teiman a déclaré à Haaretz en avril que les amputations étaient habituelles à cause des blessures provoquées par les attaches permanentes. Certaines de ces cruautés ont été rapportées par le New York Times en juin.

Récemment, le Washinton Post a publié un article sur les « abus mortels dans les prisons israéliennes ». Citant des témoins oculaires, d’anciens prisonniers, des avocats.es et des preuves médicales, l’article détaille la mort de plusieurs prisonniers palestiniens dont certains ont souffert de rupture de la rate et de côtes cassées après avoir été battus par les gardiens. Un d’entre eux auraient « crié pendant des heures avant de mourir ». L’article fait état d’une culture « de violences et de privations endémiques » dans le système carcéral israélien qu’on désigne comme le « Guantanamo israélien ». Le Post rapporte les observations de groupes de défense des droits humains israéliens ; ils décrivent une « culture de la vengeance, une violence perverse » prévalant dans les prisons militaires israéliennes où les soldats et les gardiens de prison agissent en tout impunité jouissant de «  l’appui des législateurs.trices et de l’absence d’obligation de répondre de leurs actes  ».

L’avocat palestinien Khaleb Mahajneh qui a eu accès au camp a déclaré au +972 Magazine, israélien, en juin : « C’est plus horrible qu’Abu Ghraïb. J’exerce cette profession depuis 15 ans je ne m’attendais pas du tout à entendre des prisonniers parler de viol ou d’humiliations de la sorte. Et sans que ce soit pour des fins d’enquête parce que la plupart ont été interrogés après plusieurs jours de détention, mais par vengeance. Vengeance pour qui ? Ce sont des civils, de jeunes gens, des adultes et même des enfants. Il n’y a aucun membre du Hamas à Sde Teiman parce qu’ils sont tous aux mains de Shabas (des services des prisons israéliennes).

Sur Al Jazeera, il a rapporté qu’un groupe de soldats israéliens a violé six prisonniers palestiniens devant les autres.

En Israël, des organisations de défense des droits humains affirment que les prisons militaires « sont hors la loi ». Elles parlent des détentions extra judiciaires et de tortures des Palestiniens.nes. The Against Torture in Israël, qui a condamné les viols en groupe de prisonniers palestiniens a déclaré : «  Depuis le début de la guerre nous avons affirmé que (le Centre de détention) Sde Teiman fonctionnait hors territoire (reconnu) et que les soldats.es qui y sont stationnés.es agissent en dehors de la loi quant à leur traitement des détenus.es et en tant qu’agents.es appliquant la loi militaire. Au lieu de condamner absolument cette situation, certains dirigeants de l’extrême droite israélienne se sont regroupé pour soutenir les (soldats) suspectés d’abus ce qui est caractéristique des causes fondamentales qui font que de tels abus puissent avoir lieu ».

Selon les tribunaux israéliens, les barbaries rapportées sont illégales. En juillet, la Haute cour israélienne a émis un ordre conditionnel demandant la fermeture de Sde Teiman en s’appuyant sur des rapports faisant état d’abus et de torture répandus. Elle demandait : « Pourquoi ce centre de détention n’opère-t-il pas en respect des conditions établies par la loi concernant l’internement de combattants.es hors la loi » ?

Les dirigeants.es israéliens.nes n’ont jamais caché ces cruautés. Le ministre de la sécurité nationale M. Ben-Gvir, de qui dépend le système pénitentiaire, a renforcé ces mesures restrictives : « réduction phénoménale » du temps de douche et introduction « d’un menu minimal » pour les prisonniers palestiniens. Il a récemment confirmé que les conditions dans les prisons israéliennes s’étaient clairement détériorées et il a ajouté : «  J’en suis fier  ».

Célébrée par les grands médias, l’administration Biden a permis à Israël d’agir avec une brutalité inégalée envers des centaines de prisonniers palestiniens. On les a privés de leurs droits et ont les a exclus de la plus élémentaire humanité et dignité. Cette inhumanité est l’exemple de la culture d’impunité qui ne cesse d’augmenter en Israël. La violence exacerbée et le désir de vengeance en sont des preuves.

Ces brutalités sont le miroir de la guerre génocidaire à Gaza et la brutale réalité de l’apartheid dans les territoires occupés. La déshumanisation des Palestinens.nes est devenue normale en Israël.

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