« Pour commencer, il serait plus qu’urgent de considérer le rehaussement des conditions de travail et d’exercice des professionnelles en soins comme un investissement, et non plus comme une dépense. Tous les intervenants ayant une certaine connaissance du fonctionnement du réseau public de santé savent bien que les professionnelles en soins tiennent le réseau à bout de bras et que sans l’apport incommensurable qu’elles livrent au quotidien, la dérive serait imminente. Il existe présentement une pénurie de main-d’œuvre infirmière au Québec, déficit se chiffrant généralement autour de 2 000 professionnelles en soins. Un gouvernement moindrement sérieux dans sa démarche de saine gestion des fonds publics ne devrait-il pas se préoccuper en priorité du fait que 5 351 845 heures supplémentaires aient été accordées, quand elles ne sont pas imposées aux seules professionnelles en soins en 2012-2013, occasionnant une dépense de 231 millions de dollars ? », a poursuivi la 4e vice-présidente de la FIQ, Nancy Bédard.
Les représentantes de la FIQ ont partagé plusieurs pistes de solutions pour que le gouvernement du Québec aille chercher plus de revenus ou qu’il revoit certaines façons de faire pour offrir de meilleurs services à moindres coûts. « Il y a présentement un retour au déséquilibre fiscal entre Ottawa et Québec. Ce déséquilibre représente plusieurs milliards en moins pour le gouvernement du Québec. Nous sommes d’avis qu’avant de sabrer dans les services publics des Québécois, le gouvernement Couillard aurait intérêt à faire preuve de plus de combativité face à Ottawa », a ajouté Line Larocque.
« Nous invitons la Commission de révision des programmes à se pencher d’une manière rigoureuse et sérieuse sur le coût associé à la gestion de bouts de chandelles ayant présentement cours dans le réseau de la santé et que le coût de la rareté des postes à temps complet et du temps supplémentaire obligatoire soient évalués correctement. Combien le ministère dépense-t-il en invalidité ? En congés de maladie ? Combien coûte l’absentéisme dans le réseau ? Quel est le coût du manque de motivation créé par le manque de respect dont font preuve les supérieurs à l’égard des professionnelles en soins ? Est-ce qu’un plus grand respect de la main-d’œuvre professionnelle en soins pourrait occasionner des gains importants de productivité ? Voilà des questions essentielles sur lesquelles devrait se pencher la Commission », a suggéré Nancy Bédard.
« En ce qui a trait à la première ligne, la FIQ croit fermement que les Québécoises et les Québécois seraient mieux servis par la mise en place de cliniques de proximité, faciles d’accès et gérées par des professionnelles en soins supervisées par une autorité médicale publique. Déjà, la Loi 90 autorise les professionnelles en soins à offrir une panoplie de soins et de services qu’elles ne peuvent effectuer à l’heure actuelle, faute d’ouverture des médecins et de direction de soins infirmiers. En permettant aux professionnelles en soins de s’épanouir et de mettre en pratique l’étendue de leur expertise, elles pourraient contribuer grandement à une amélioration accrue de l’accès aux soins et aux services de première ligne. Autant de gestes posés par des professionnelles en soins, et non par des médecins, sont autant de réclamations en moins à la RAMQ », a ajouté Line Larocque.
« La FIQ fait preuve d’audace et de créativité. Nous proposons des nouveaux modèles de soins et de services sans but lucratif, gérés pour et par la communauté. Déjà, une première clinique a été ouverte en ce sens à Québec et nous espérons que ce modèle pourra en favoriser la multiplication. La clinique en question aura comme mission d’offrir à la population des services de première ligne dispensés par des professionnelles en soins apportant ainsi une solution concrète aux problèmes d’accès aux services de santé en première ligne qui intègre la promotion et la prévention. Ce premier projet-pilote nous permettra d’observer, sur le terrain, la mise en œuvre d’une clinique de proximité et d’en dégager des constats qui pourront être, par la suite, utiles pour l’implantation d’autres cliniques ailleurs au Québec pour réaliser un virage réel vers des soins à échelle humaine », a indiqué Nancy Bédard.
« À la FIQ nous sommes en mode propositions et en mode solutions. Ce ne sont là qu’une partie des idées de solutions que nous avons transmises au ministère de la Santé et sur lesquelles nous travaillons. Le réseau de la santé nous le vivons tous les jours. Nous connaissons ses forces et ses travers. Nous savons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Les solutions, on les connaît. Le gouvernement doit entendre et écouter les professionnelles en soins, parce que notre but à la FIQ, c’est que la population québécoise puisse compter sur des soins sécuritaires et de qualité », a conclu Line Larocque.