Lors des consultations prébudgétaires du ministre des Finances, la FIQ a fait valoir, auprès du ministre Leitão, l’importance d’avoir un financement non seulement suffisant, mais aussi intelligent !
Réinvestir en santé et en services sociaux pour répondre aux besoins de la population
« Durant les derniers mois, nous avons visité toutes les régions du Québec. Nous avons constaté tout le désastre qu’ont engendré les réformes du ministre de la Santé et les compressions imposées par les libéraux. Pour être en mesure d’assurer des soins sécuritaires et de qualité aux patients, le gouvernement doit cesser la spirale des compressions et réinvestir en santé », a poursuivi la vice-présidente de la FIQ, Nancy Bédard.
Pour y arriver, la FIQ estime que la croissance des dépenses de programmes en santé et services sociaux par rapport à 2016-2017 doit être minimalement de 4 % (ou 1,4 milliard de dollars).
« Considérant les sommes déjà engagés, 4 % d’augmentation des dépenses de programmes ne nous apparaît pas du tout exagéré. De plus, ce financement supplémentaire de permettra pas d’effacer les dommages causés par les compressions de plus de 1,8 milliard de dollars des deux dernières années », a indiqué Roberto Bomba.
Des cliniques de proximité pour améliorer l’accessibilité aux soins
La FIQ demande le financement pour l’implantation de 10 cliniques de proximité interdisciplinaires basées sur le travail infirmier (modèle SABSA) et intégrées dans le réseau public de santé, et ce, dans différentes régions du Québec.
« Devant le refus obstiné du ministre Barrette d’implanter des cliniques de proximité, nous nous tournons maintenant vers le ministre des Finances pour mettre en œuvre un modèle de cliniques qui a fait ses preuves. Pour une seule année d’existence, la clinique SABSA de Québec aura permis de réaliser des économies de l’ordre de 118 900,68 $ annuellement en substitution de services traditionnellement médicaux. En plus des économies que ce modèle permet de réaliser, l’organisation des soins rend les services accessibles et de qualité, car elle est axée sur une prise en charge globale des patients. Moins de 5 % des patients ayant consulté une infirmière ou une infirmière praticienne spécialisée de la clinique ont dû être référé vers un autre professionnel de la santé », a déclaré Nancy Bédard.
Réduire la surcharge de travail : une dépense qui rapporte !
« En plus des drames humains qu’elle engendre, la surcharge de travail chez les professionnelles en soins coûte cher à l’État. Même si la surcharge était déjà présente avant la réforme du ministre Barrette, nous constatons une augmentation de la surcharge de travail chez nos membres depuis 2015. Nous avons remarqué que le temps supplémentaire obligatoire (TSO) est en croissance dans bon nombre d’établissements au Québec. On a vu des professionnelles en soins être forcées de travailler plus de 20 heures d’affilée. C’est une situation dangereuse et inacceptable », a affirmé Régine Laurent.
Pour régler en partie le problème de surcharge de travail, la FIQ demande au ministre des Finances de financer des projets-pilotes de ratios professionnelles en soins/patients. Par exemple, en Californie, en comparant la période précédant l’instauration de tels ratios (1999-2003) et les quatre premières années de leur mise en œuvre (2005-2009), une réduction des accidents de travail de 31,6 % pour les infirmières et de 38,2 % pour les infirmières auxiliaires ont été observées.
« Devant la multiplication de situation de ratios inacceptables, particulièrement en CHSLD, le ministre de la Santé annonce un peu partout l’instauration de nouveaux ratios dans divers CSHLD. Le problème, c’est que le ministre privilégie une approche paramétrique qui, dans plusieurs cas, est synonyme de baisse de service en coupant notamment des postes d’infirmières auxiliaires. Le ministre et le ministère agissent sans se préoccuper de la nature des soins offerts dans les établissements et des situations particulières », a ajouté Nancy Bédard.
Rétablir un poste de Commissaire à la santé et au bien-être
La FIQ a également demandé au ministre des Finances de rétablir le poste de Commissaire à la santé et au bien-être aboli lors du dernier budget. Il est essentiel de rendre disponibles des évaluations neutres et objectives permettant d’apprécier l’évolution du système de santé et de services sociaux, notamment pour documenter l’impact des réformes Barrette. Il est également important de diffuser et de mettre à jour en continu des indicateurs concernant la qualité et la sécurité des services et des soins, permettant notamment la comparaison avec d’autres juridictions. Et il est urgent de simplifier l’accès aux données des banques clinico-administratives du MSSS et de la RAMQ pour les chercheurs et les organismes œuvrant dans le secteur de la santé.
Prévenir pour mieux guérir
Finalement, la FIQ a demandé au gouvernement d’investir significativement en prévention. Les mauvaises habitudes de vie ont des conséquences majeures sur notre réseau de la santé. À titre d’exemple, dans son dernier rapport le CSBE notait qu’ « Un effort pour contrer les habitudes de vie nocives pour la santé, comme le tabagisme (20 % des Québécois fument) et le manque d’activité physique (48 % des Québécois sont sédentaires pendant leurs loisirs), demeure souhaitable au Québec. Notons qu’entre 1975 et 2015, la part du budget consacré à la santé publique en Ontario et en Colombie-Britannique a plus que doublé, alors qu’on la diminuait au Québec. »
« C’est, en quelque sorte, le budget de la dernière chance pour les libéraux. Ils ont tout en main pour régler les problèmes et assurer la pérennité et la qualité des soins de santé au Québec. La balle est dans leur camp ! », a conclu la présidente de la FIQ.