Édition du 17 décembre 2024

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Scandale de l’amiante : des vies réduites en poussière

Un quart des retraités actuels sont concernés par une exposition à l’amiante. À Dunkerque, 140 veuves se sont mobilisées pour que la mort de leurs maris, qui ont travaillé au contact de l’amiante, soit reconnue comme les suites d’une maladie professionnelle.

Une lutte éprouvante qui a permis l’instauration d’un fonds d’indemnisation des victimes. Mais un procès pénal pour faire la lumière sur les responsabilités des employeurs se fait toujours attendre.

Elles sont quatre. Chantal, Colette, Ginette et Marjorie. Habitant à Dunkerque ou dans ses environs, elles ne se connaissaient pas. Aujourd’hui, une particule minuscule, microscopique les réunit. Une particule qui a fait basculer leur vie : celle des « poussières », des poussières d’amiante, des poussières tueuses. La mort blanche s’est invitée chez elle.

Le mari de Chantal est mort à 54 ans d’un mésothéliome fulgurant, une forme de cancer. Il travaillait comme mécanicien dans une usine sidérurgique d’Arcelor Mittal. Le mari de Colette est mort à 66 ans d’un mésothéliome. Il était douanier rattaché au port de Dunkerque. Le mari de Ginette est mort à 58 ans d’un carcinome bronchique.

Il travaillait à l’usine sidérurgique Ascométal. Le mari de Marjorie est mort à 53 ans d’un mésothéliome fulgurant. Il travaillait comme électricien dans la construction navale… La liste est longue… Seulement à Dunkerque, 140 veuves se sont mobilisées pour que la mort de leurs époux soit reconnue comme le résultat d’une maladie professionnelle. Car tous ont été en contact régulier, voire permanent, avec l’amiante.

Plus d’un quart des retraités serait concerné

Il a fallu à chacune d’entre-elles plusieurs années de persévérance pour que l’exposition à l’amiante lors du travail de leurs maris soit reconnue comme la principale cause de la maladie. En plus de la souffrance de leur conjoint qu’elles ont accompagné dans la mort, puis de leur deuil, elles ont dû affronter les méandres de l’administration, les tribunaux, les avocats des grandes entreprises, et, parfois, le regard culpabilisateur d’anciens collègues ou de voisins.

L’Association nationale des victimes de l’amiante (Andeva) demande désormais un procès pénal de l’amiante. Car les victimes se comptent par milliers : un quart des retraités actuels du régime général et la moitié des artisans retraités seraient concernés par une exposition à l’amiante, selon l’Institut national de veille sanitaire et le programme Espri (Epidémiologie et surveillance des professions indépendantes). Au moins 35.000 travailleurs sont déjà morts prématurément de l’amiante. 100.000 seraient concernés d’ici à 2025 selon un rapport du Sénat.

Le combat de Chantal, Colette, Ginette et Marjorie a contribué à la reconnaissance de cette maladie professionnelle, à la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes, le Fiva. Demain, peut-être, leur combat aboutira à la tenue d’un procès pénal pour que les industriels et les employeurs responsables de ces milliers de victimes soient enfin jugés pour leurs actes.

Enfin, le scandale de l’amiante symbolise l’importance de lutter contre les différentes formes de pénibilité au travail et de donner la possibilité aux salariés qui les ont subies de bénéficier aussi de leur retraite. « Ceux qui vont mourir plus tôt doivent partir plus tôt », ne cessent de clamer les malades de l’amiante et leurs familles.

Ivan du Roy et Agnès Rousseaux

Le site de l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (ANDEVA) : http://andeva.fr/

Cet article est tiré de Basta Mag

Agnès Rousseaux

Basta Mag

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