Depuis la dernière crise économique, le nombre de stagiaires ne cesse de croître un peu partout dans le monde, tout comme le nombre d’heures de stages à compléter. Cette augmentation survient dans un contexte de restructuration des services publics et communautaires, qui subissent régulièrement des compressions budgétaires. On se tourne donc de plus en plus vers le travail atypique (à temps partiel, contractuel, etc.) et gratuit en recourant à l’embauche de stagiaires pour maintenir à bout de bras un système qui s’effondre.
Pourtant, les stagiaires ne bénéficient généralement pas de l’ensemble des protections et avantages légaux prévus pour du travail socialement reconnu par l’entremise d’un salaire. Les stagiaires non rémunéré.e.s sont la partie la plus visible d’une nouvelle catégorie de travailleuses et de travailleurs qui, de par leur statut social ambigu et précaire, sont rendu.es disponibles pour l’exploitation éhontée et brutale à laquelle l’économie actuelle donne une apparente nécessité.
On retrouve au sein des programmes d’études comportant des stages impayés une forte concentration de personnes issues de l’immigration et dont les diplômes acquis à l’international ne sont pas reconnus. On trouve également des parents étudiants, des adultes effectuant un retour aux études, des personnes vivant avec des maladies chroniques, physiques ou mentales, etc. Ces personnes n’accomplissent leurs études et leurs stages qu’au prix de sacrifices immenses.
Mais le dénominateur commun de ces domaines de formation est sans l’ombre d’un doute la forte concentration de femmes, dans les domaines du care (enseignement, soins infirmiers, travail social, etc.) et de la culture : des domaines où l’on assimile l’exploitation à la vocation et aux opportunités de carrière. Cette réalité paraît d’autant plus inacceptable quand on sait que dans les pays du Nord global, les stages associés aux domaines traditionnellement masculins sont souvent bien payés, ce qui accentue la hiérarchisation entre les programmes et empêche un traitement égal pour l’ensemble des étudiantes et étudiants.
L’ampleur mondiale du travail gratuit nécessite une organisation et une lutte à la même échelle. Depuis quelques années, plusieurs groupes se mobilisent contre les stages non rémunérés et plus largement pour la reconnaissance de leur travail, notamment au Maroc, en Algérie, au Royaume-Uni, en France, en Italie, au Luxembourg, en Belgique, etc. Les appels à la grève mondiale des femmes se multiplient depuis la Pologne, l’Argentine, la France, et les États-Unis pour lutter contre l’exploitation de leur force de travail et l’appropriation de leurs corps. Les luttes étudiantes, féministes, syndicales et populaires ont tout intérêt à s’attaquer conjointement aux structures mondiales de leur exploitation et de leur exclusion sociale.
La tenue du sommet du G7 est l’occasion toute désignée pour donner le coup d’envoi à une grève mondiale de toutes celles et tous ceux qui travaillent sans rémunération, en tout ou en partie, ou qui vivent dans l’indigence, faute d’emplois. Dès le 21 novembre prochain, nous serons des dizaines de milliers au Québec à faire la grève de nos stages et de nos cours pour réclamer ce qui nous est dû : un salaire et des conditions de formation et de travail décentes ! Nous appelons les stagiaires en lutte de tous les continents et leurs allié.es à se joindre au débrayage !
Les Coalitions régionales pour la rémunération des stages ont été créées au cours des derniers mois par des associations, syndicats et groupes étudiants dans le but de coordonner la lutte visant à obtenir le plein salaire et des conditions de travail convenables pour l’ensemble des étudiant.es en situation de stage à tout niveau d’étude. Ces coalitions contribuent par cette lutte à un nécessaire renouveau du mouvement étudiant qui se veut davantage inclusif et ancré régionalement. Elles ont organisé plusieurs journées de grève étudiantes et manifestations au cours de la dernière année.
la Coalition montréalaise pour la rémunération des stages,
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