La FAE tient à rappeler que la décision de mettre en œuvre ces projets pilotes répondait aux demandes formulées par les enseignantes et enseignants d’histoire au secondaire qui avaient clairement exprimé leur insatisfaction depuis l’implantation du programme d’histoire issu de la réforme scolaire de 2008.
C’est d’ailleurs dans cet esprit que le Ministère a lui-même commandé une étude au sociologue Jacques Beauchemin et à l’historienne Nadia Fahmy-Eid. Le rapport déposé fait consensus auprès de nombreuses enseignantes et de nombreux enseignants et experts dans le domaine. Le ministre Bolduc doit en tenir compte.
« Depuis la réforme de 2008, la manière dont l’histoire est enseignée au secondaire n’a jamais fait consensus au sein de la communauté enseignante, notamment en raison de l’absence de fil conducteur dans le programme et du non-respect de la trame chronologique des événements historiques enseignés. En mars dernier, le rapport Beauchemin-Fahmy-Eid a tiré les mêmes conclusions et justifie la mise en place des projets pilotes avant le déploiement d’une nouvelle réforme du programme à l’échelle de la province » souligne le président de la FAE, M. Sylvain Mallette.
Après avoir obtenu des explications de la part du cabinet du ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, M. Yves Bolduc, la FAE reconnaît que les motifs invoqués peuvent justifier ce report. « Nous comprenons que les conditions n’étaient pas réunies pour permettre la mise en place des projets pilotes. Toutefois, le rôle joué par les commissions scolaires et l’appareil ministériel dans ce report n’est pas clair. De toute évidence, le matériel didactique n’est pas prêt. Il serait donc périlleux de mettre en place ces projets pilotes dès septembre prochain. Cependant, nous avons clairement indiqué au cabinet du ministre que nous attendions de lui qu’il agisse en tenant compte de l’expertise du personnel enseignant, et que nous ne pouvions souscrire à la manière avec laquelle la décision a été prise. Nous demandons donc au ministre Bolduc d’agir avec transparence et de prendre le temps de consulter les représentantes et représentants officiels des enseignantes et enseignants avant de décider unilatéralement du contenu du programme et des modalités d’implantation » précise la vice-présidente à la vie professionnelle, Mme Nathalie Morel.
La FAE entend demeurer vigilante. Les fonctionnaires du Ministère ont déjà démontré leur capacité à dénaturer des décisions politiques qui allaient à l’encontre de leurs croyances. Le rapport Beauchemin-Fahmy-Eid a suscité la grogne de l’appareil ministériel, notamment parce que celui-ci remettait en question les fondements socioconstructivistes qui parasitent non seulement le programme d’histoire au secondaire, mais tout le programme de formation de l’école québécoise. « Nous estimons que M. Beauchemin et Mme Fahmy-Eid, auteurs du rapport, sont les personnes toutes désignées pour assurer le respect de leurs recommandations. C’est pourquoi, nous demandons au ministre Bolduc de leur permettre de poursuivre leur travail sur cette question. De plus, parce que les enseignantes et enseignants sont les premiers concernés, la FAE demande à ce qu’elle puisse déléguer des représentantes et représentants au comité chargé d’élaborer le contenu du nouveau programme. Le ministre Bolduc dit vouloir travailler avec les représentantes et représentants du personnel enseignant. C’est là l’occasion de témoigner de cette volonté » conclut Mme Morel.