DES FRÉQUENTATIONS OSTENTATOIRES
Votre long texte de ce mois Monsieur Dubuc constitue un immense raccourci intellectuel. Il y en a déjà trop dans ce débat, vous n’aviez pas à en ajouter. Le ministre Drainville lui-même qui nous disait récemment qu’on était avec lui ou avec les intégristes, Xavier Dolan qui se fait dire qu’il est avec les homophobes, etc...vous maintenant : le mouvement ouvrier abandonnerait la lutte des classes, parce que, parce que,...il défendrait ses membres !? Injure suprême, nous donnerions dans le corporatisme (4ième para.). Celle-là ne l’avons-nous pas déjà entendue par le Conseil du Patronat.
Le mouvement syndical a, de tout temps eu à défendre ses membres et sur plus d’une tribune à la fois. Notre mobilisation n’est que très rarement unidimensionnelle. Comparaître en Cour, tout en étant dans la rue ou devant l’Assemblée Nationale et dans nos milieux de travail n’est rien de neuf pour les syndicats. En qualité de Secrétaire-Trésorier national du Syndicat Canadien de la Fonction Publique (SCFP) avant ma retraite j’ai eu à jongler avec les divers moyens et recours qui nous sont possibles lors de plusieurs conflits. Il me vient à l’esprit nos face-à-face épiques avec Pierre-Karl Péladeau (PKP) à Vidéotron et au Journal de Québec.
Oui, oui ! Le même PKP avec lequel vous vous pavaniez en novembre dernier lors d’un événement mondain pour le soutien de "la Charte pour une nation". L’Aut´Journal en avait alors fait une bonne couverture photographique, ostentatoire je dirais même. PKP nous a traînés en Cour plus de deux douzaines de fois dans ces deux seuls conflits. Nous avons dû nous défendre bien loin de nous limiter au tribunal et à la guérilla juridique initiée par lui.
La Cour, pour les travailleurs, ce n’est pas que la Cour Suprême et il n’y a pas que la Charte. Comment allez-vous interpréter le recours récent des affiliés de la FTQ, de la CSN et de tous les autres à la Cour Suprême récemment afin de tenter de récupérer l’argent d’un des plus grands vols commis : celui du surplus du compte de l’Assurance-Emploi par les gouvernements fédéraux successifs ? Corporatiste ?
L’abandon par les syndicats de la lutte des classes voudrait dire quoi au juste Monsieur Dubuc ? Ce que je constate c’est que vous appelez à gommer les intérêts de classe afin de faire passer d’autres intérêts en premier lieu. Curieux que vous nous accusiez de votre propre turpitude ! Car n’est-ce pas ce que vous faites avec l’appel pour la "Charte pour une Nation" en compagnie de PKP ? "PKP-travailleurs, même ennemi même combat !". Serait-ce le sous-titre à lire en regardant les photos que j’évoquais tantôt ? Subordonner les intérêts des travailleurs de telle manière ? Pas pour moi. Il me semble que l’accusation faite par vous se retourne. Ne s’agit-il pas en fait et au fond d’un autre beau cas de ce qu’on dit au Québec : "celui qui le dit, c’est celui qui l’est.".