On nous annonce encore une fois un autre projet d’installation d’usine de liquéfaction de gaz, cette fois, au Saguenay(1) !Qu’avons-nous à nous entêter à vouloir à tout prix transformer le Fleuve et ses affluents en autoroute pour l’exportation des hydrocarbures ? Qu’avons-nous à vouloir à tout prix augmenter le trafic maritime dans un des habitats fauniques les plus riches de nos eaux québécoises et qui héberge des espèces en voie de disparition ? On veut liquéfier du gaz que l’on ne produit même pas au Québec ! Serait-on en train d’ouvrir la porte à l’exploitation des gaz de schiste en passant par l’arrière ? Serait-on en train de créer une demande ?
En décembre dernier, à la suite du dépôt du rapport du BAPE sur cette industrie, le premier ministre déclarait que l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent ne représentait aucun intérêt financier actuellement et que de toute façon, il n’y avait pas d’acceptabilité sociale(2). Si tout à coup cette exploitation devenait rentable et si l’acceptabilité sociale était au rendez-vous ? Comment fait-on cela ? En créant une demande pour des usines qui s’installent : Bécancour (Stolt) et Saguenay, en favorisant le développement de la distribution de gaz (3) et en maquillant la non-acceptabilité sociale.
Présentement se tiennent des rencontres à huis clos pour élaborer le concept d’acceptabilité sociale (4). Le ministre Arcand l’avait annoncé à l’automne dernier sans grande transparence et il récidive avec une façon de faire des plus restrictives. C’est un dossier majeur ! On tente de le régler en quatre rencontres à huis clos avec une participation restreinte en plus ! Ah oui, j’oubliais, on peut aussi donner son avis en rédigeant un mémoire, tout en ignorant quel suivi sera effectué puisqu’aucun renseignement n’est fourni à ce sujet. Pendant ce temps, l’industrie continue d’avoir un accès direct au ministre qui ne s’en cache même pas d’ailleurs. On l’invite à dîner et il accepte régulièrement(5).
En simultané, on lance des appels d’offres pour évaluer le coût d’installation d’infrastructures sur l’île d’Anticosti avant de savoir si le potentiel pétrolier est là. On a à peine réalisé le tiers des forages de carottage et on n’en a pas étudié les résultats(6). L’étude environnementale requise est encore en cours. On met la charrue devant les bœufs pour ne pas décourager les investisseurs. L’étude sur les infrastructures devait coûter 125 000 $, elle coûtera 210 820 $ soit 68,6 % plus que prévu, qu’à cela ne tienne, on va de l’avant(7). On est en période d’austérité après tout ! Le ridicule ne tue pas !
Puis, il y a toujours Gaspé aux prises avec le forage de Haldimand 4 à quelques mètres des maisons, à l’intérieur des limites de la ville…
Finalement, on tente de diluer dans ce décor pétrolier le dossier des changements climatiques. N’avons-nous pas un ministère du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques qui veille au grain pour nous ?
“L’éveil de la nature au printemps pourrait-il coïncider avec l’éveil de la conscientisation ?”