Quant à lui, le gouvernement conservateur n’entendait pas à rire en ce jour de célébration du poisson. Un nombre effarant de mesures sont entrées en vigueur en ce premier jour de l’année fiscale fédérale. Il aurait été préférable que ce ne soit qu’une mauvaise blague.
Coupes en santé
La première mesure à entrer en vigueur est la fin des transferts fédéraux en santé tels qu’on les connaît. Après un accord vieux de 10 ans, permettant un financement stable de nombreux programmes dans les provinces canadiennes, le gouvernement de Stephen Harper a décidé de commencer à couper. À terme, ce sont 36 milliards de dollars qui n’iront plus dans les coffres des provinces pour financer les services de santé.
D’aucuns, comme le directeur parlementaire au budget Jean-Denis Fréchette, craignent que ces coupes soient trop importantes. En fait, les investissements fédéraux en santé diminueront pour atteindre 14,3 % d’ici 2037. Pour comparer, en 1960, le fédéral se partageait les investissements à 50 % avec les provinces et en 2012, seulement 21 % de la facture était assumée par Ottawa.
Vu le biais idéologique des conservateurs, on peut même se demander s’il ne s’agirait pas d’une tentative pour accroître la place du privé en santé.
Coupes dans les infrastructures
Le Plan Chantiers Canada est également arrivé à échéance lundi et cela soulève beaucoup d’inquiétudes. En effet, certains craignent une réduction de 87 % des dépenses en infrastructures au cours des deux prochaines années. Alors que 1,65 milliard de dollars étaient disponibles pour rajeunir les infrastructures au pays l’an dernier, il ne resterait que 210 millions pour les deux années à venir. En matière de stimulation économique, on a vu mieux !
La lente agonie de Postes Canada
C’est hier également que le prix du timbre a bondi de 35 % pour atteindre 1 $. À ce jour, le prix des timbres était simplement indexé pour suivre le taux d’inflation. En plus d’éliminer la livraison de courrier à domicile, le gouvernement de Stephen Harper semble bien décidé à rendre nos services postaux de moins en moins attrayants. Il s’agit là de la formule utilisée pour pousser l’idée de la privatisation des services dans plusieurs pays : réduire les services, augmenter les coûts, privatiser. Serait-ce le sort que Stephen Harper réserve à tous les services publics ?
Les coupes cachées
C’est un vieux truc de politicien que d’annoncer des investissements déjà prévus dans un budget précédent. Par exemple, cela fait plusieurs années qu’on nous annonce les mêmes logements sociaux ou les mêmes dépenses pour le Plan économique du Canada. Cependant, il y a aussi des compressions qui sont prévues dans le budget précédent et elles s’appliqueront dans le présent exercice fiscal. Selon l’économiste en chef du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), David MacDonald, ce seront 14 milliards de dollars qui seront coupés. Tout cela se fait sans tambour ni trompette, bien entendu !
Selon le CCPA, ces mesures viennent compenser le fractionnement des revenus des familles, une mesure fiscale coûteuse qui ne bénéficiera qu’à 14 % de la population canadienne ! Le gouvernement de Stephen Harper agit de façon irresponsable en mettant son idéologie de l’avant aux dépens de l’équité fiscale, de l’environnement et du développement d’emplois durables de qualité pour tous les Canadiens et Canadiennes.
Lors de son élection, Stephen Harper a déclaré qu’on ne reconnaîtrait pas le Canada lorsqu’il aurait terminé ses réformes, qu’il commencerait une nouvelle histoire nationale. Partie comme elle est, cette histoire risque fort de se terminer en queue de poisson... Souvenons-nous-en en 2015 !