« Avoir une approche fondée sur le respect des droits humains, c’est permettre aux personnes le libre choix de se protéger elles-mêmes et d’utiliser les ressources disponibles quand elles le souhaitent et respecter leur vie privée. Le démantèlement, une pratique répressive, ne fait que disperser les personnes loin de leurs réseaux naturels, les isolant encore plus et les mettant davantage à risque de surdoses ou de violence dans nos communautés », a déploré Martin Pagé, directeur de l’organisme Dopamine et membre des conseils d’administration du RAPSIM et de la TOMS.
Une tolérance nécessaire
Les campements permettent aux personnes qui ne peuvent accéder aux ressources d’hébergement régulières ou qui préfèrent ne pas les fréquenter, notamment parce que celles-ci ne sont pas adaptées à leurs besoins spécifiques, de trouver une certaine stabilité et de limiter leurs déplacements, comme le préconisent les directives de santé publique.
« En temps normal, les personnes en situation d’itinérance se font systématiquement déplacer et expulser des lieux publics pour faire place aux nombreux événements et festivals. Considérant que ces événements ont été annulés et que les espaces publics sont moins achalandés à cause de la pandémie, la moindre des choses serait de leur permettre de se mettre à l’abri dans une perspective de réduction des méfaits », a soulevé Annie Savage, directrice par intérim du RAPSIM.
Par ailleurs, il faut souligner que ni la Ville ni le SPVM ne peuvent forcer des personnes à fréquenter les refuges réguliers et les hébergements temporaires mis en place pour faire face à la pandémie de COVID-19. Considérant que ces ressources rendent difficile le maintien d’une distanciation physique adéquate et que certaines d’entre elles incitent les personnes à y rester près de 24 heures sur 24, il va de soi que ce modèle ne peut convenir à tout le monde.
Les impacts sur la communauté autochtone vivant à la rue
Au RÉSEAU de la communauté Autochtone à Montréal, on relève des cas où les démantèlements des camps s’accompagnent de brutalité policière. En effet, non seulement les expulsions sont agressives, mais le peu de matériel que possèdent les membres de notre communauté vivant à la rue est jeté aux poubelles.
Le RÉSEAU invite le grand public et les instances publiques à considérer que l’installation de campements temporaires est important pour les communautés autochtones, tant pour des raisons cérémoniales et d’abris, notamment dans le but de ne pas déranger les sols et les alentours. Aussi, ce type d’abris temporaire peut permettre à certains membres de la communauté venu de loin de se sentir chez soi.
De plus, ce moment de pandémie est particulièrement stressant pour les membres des Premières Nations, Inuit et Métis qui ont vécu beaucoup de traumatismes concernant les crises de santé passées et présentes, et la façon dont les gouvernements canadien ou québécois gèrent ces crises. L’intensification des interventions policières associées aux campements ne fait qu’ajouter à ces traumatismes. Le droit de s’abriter est un droit fondamental, surtout en contexte de pandémie ou la principale recommandation est de s’isoler.
« C’est une autre opportunité manquée pour les autorités gouvernementales de travailler en concert avec la communauté autochtone pour son bien-être. Les intervenantes de rues et les organismes desservant les autochtones vivant à la rue sont prêts à tout mettre en place pour favoriser la sécurité des campements en collaboration avec la Ville de Montréal, le CCMU et le SPVM. », a souligné Alexandre Huard, travailleur de soutien aux organismes pour le RÉSEAU.
Tout comme la Ville de Montréal, le RÉSEAU, la TOMS et le RAPSIM ont à cœur de s’assurer de « [n’abandonner] personne », pour reprendre les mots réitérés lundi[1] par Serge Lareault, commissaire aux personnes en situation d’itinérance.
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