Édition du 17 décembre 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Haïti : la répression au temps du COVID-19

Alors qu’à l’échelle internationale se développe une situation d’urgence sanitaire, les centres hospitaliers publics en Haïti sont dépourvus de matériels les plus élémentaires. Le dénuement est tellement grave que le personnel médical est en grève depuis plus d’une semaine. Comme d’habitude, l’État haïtien fait fi des revendications, et affiche ainsi son mépris total pour la santé de la population. Par contre, il trouve toujours les moyens pour poursuivre la répression la plus brutale contre les habitant.es des quartiers populaires, l’objectif étant de casser toutes formes de mobilisations contre la corruption, la misère, etc.

Pour continuer d’assurer les intérêts de la bourgeoisie compradore, toutes les ressources publiques sont mobilisées pour maintenir un climat de terreur dans le pays. Au cours des derniers mois, cette terreur se manifeste sous plusieurs formes : prolifération des gangs munis d’armes de guerre, intensification des actes de kidnapping, massacres à répétition dans les quartiers populaires, pratiques de viols collectifs, etc.

La pandémie du covid-19 ne change rien dans la politique de terreur du régime néo duvaliériste du PHTK, complètement soumis à la bourgeoisie et à l’impérialisme. Aujourd’hui, ce régime étend la répression contre la communauté universitaire haïtienne. Après avoir criblé de balles les locaux de l’École Normale Supérieure le 20 novembre 2019, la police envahit une fois de plus les locaux de l’institution le vendredi 13 mars 2020. Les agents attachés à la sécurité du palais national et du président autocrate Jovenel Moise ont brutalisé professeur.es, étudiant.es et membres du personnel administratif. Ils ne se sont pas contentés de blesser grièvement le professeur de mathématique Jean Keveny Innocent, ils ont criblé de projectiles les locaux de l’institution. Même les journalistes présents ont été victimes de la répression.

Comme aux moments les plus sombres de la barbarie duvaliérienne, les agents de la police et les gangs à la solde du régime se croient tout permis. Ils sont indifférents à la vie des enfants, des vieillards, etc. Au cours des deux dernières années, plusieurs centaines de personnes sont assassinées dans les quartiers populaires de La Saline, Bel-Air, Carrefour-Feuilles, Matissant, etc. Ce spectre de terreur se répand également dans les villes de province, dont les départements du Nord et de l’Artibonite. C’est par cette terreur fasciste que le régime PHTK et la bourgeoisie compradore souhaitent réduire au silence les classes opprimées haïtiennes.

Rappelons que plusieurs pays de la communauté internationale, dont les États-Unis, la France et le Canada, garants de l’ordre néolibéral mondial, soutiennent ce régime sanguinaire. Ils ne reconnaissent pas le droit du peuple haïtien de transformer cette réalité politique et économique qui l’opprime, de renverser une fois pour toutes ce système d’apartheid social, une politique raciste à peine camouflée. Alors que, depuis plus de deux ans, les classes laborieuses haïtiennes se révoltent contre cet État néocolonial, ces pays interviennent directement ou indirectement dans le maintien du statu quo : soit à travers des mercenaires armés, soit dans l’envoi d’ames militaires, soit de façon plus subtile au moyen de missions diplomatiques, etc.

Dans ce contexte difficile, nous saluons la mémoire des personnes abattues par les sbires du régime PHTK. Toute notre solidarité aux centaines d’orphelin.es de père et/ou de mère suite à cette répression aveugle. Il est clair que pour nous les quartiers populaires sont au centre de la lutte de transformation du pays. En dépit des obstacles, nous renouvelons notre appui au combat des classes laborieuses haïtiennes contre la bourgeoisie compradore et le régime sanguinaire du PHTK. Sans le renversement de cet État bourgeois, néocolonial et néoduvaliériste, la justice sociale restera toujours un leurre.

C’est pourquoi les luttes doivent se poursuivre, et il est essentiel, au moment où les quartiers populaires des grandes villes qui comptent en leur sein des ouvriers/ouvrières, des étudiant.es, des chômeurs/chômeuses, des laissés-pour-compte, etc., de s’organiser afin de constituer un front commun et d’articuler le combat avec celui des paysan.nes. Les classes opprimées haïtiennes n’ont d’autres perspectives d’avenir que l’éradication de cette oligarchie mafieuse et de cet État néocolonial afin de jeter les bases d’une nouvelle société sous le leadership des travailleurs et travailleuses haitien.nes.

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