Dans son discours d’ouverture du 14 mai 2014 à l’Assemblée nationale, le premier ministre déclarait : « Nous allons accompagner nos établissements collégiaux dans leur projet de rendre la formation plus flexible, mieux adaptée aux besoins. » Des propos recueillis auprès du personnel professionnel des cégeps traduisent pourtant tout le contraire des vœux exprimés par le premier ministre. « Surcharge, épuisement, précarité, démobilisation, démotivation, voilà ce que nous observons sur le terrain. Concrètement, nos cégeps vont craquer ! », dénonce M. Perron.
De l’enquête menée par le SPGQ, il ressort que les clientèles des collèges sont de moins en moins homogènes. Elles comportent de plus de plus d’étudiants aux prises avec un trouble anxieux ou un trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, sans parler d’une forte hausse des clientèles en provenance de l’étranger. De moins en moins de ressources sont consacrées pour prendre soin adéquatement de ces clientèles ayant des besoins très variés.
Les professionnels de l’équipe santé des services aux étudiants répondent à d’abondants besoins psychosociaux. Les demandes des étudiants explosent et sont souvent urgentes. Les professionnels de l’équipe santé effectuent un travail de première ligne pour soutenir les étudiants dans le besoin, pour prévenir et résorber certaines crises dans l’attente d’une prise en charge par le réseau de la santé, où les délais sont de plus en plus importants. Ces interventions quotidiennes auprès des jeunes permettent de favoriser la persévérance et la réussite scolaire de nos jeunes, de prévenir le suicide, de favoriser la santé mentale et diminuer les troubles de santé mentale.
Faute d’argent pour augmenter et maintenir les effectifs, ces professionnels absorbent un surplus de travail significatif en ne comptant pas les heures supplémentaires en raison de leur conscience professionnelle. Il leur est demandé d’offrir à cette lourde clientèle un service trois étoiles plutôt que cinq afin d’avoir le temps de rencontrer tous les étudiants. « Le risque d’épuisement professionnel guette nos membres, car ce n’est pas dans la philosophie des professionnels d’offrir un service de moindre qualité afin de compenser un manque d’effectif », observe le président du SPGQ.
Aussi, pour les cégeps de petite taille, l’augmentation importante du nombre de dossiers à traiter conduit les professionnels des collèges à devenir des femmes et des hommes « orchestres ». Ils doivent offrir tous les services avec le même nombre de professionnels, lequel pourrait même être revu à la baisse au regard de la nouvelle coupe de 19 millions $ imposé au réseau. Advenant un départ ou une absence pour maladie, ces professionnels n’ont plus aucune marge de manœuvre, accroissant ainsi les délais ou les reports dans l’accomplissement de leurs tâches.
Puis, certains professionnels des collèges ont observé que les budgets d’acquisitions des bibliothèques sont gelés depuis des ans. Il devient très difficile de rajeunir la collection de volumes déjà passablement vieillie, sans parler des budgets d’acquisitions de ressources électroniques et informatiques qui sont faméliques. « Les coupes accentueront ce vieillissement et inciteront les étudiants à se tourner davantage vers le Web, plutôt que vers des sources plus fiables. Il s’agit là d’un grave appauvrissement de la formation », mentionne M. Perron.
En vrac, mentionnons également : moins de services offerts aux étudiants, baisse dans les projets spécifiques, coupes de certaines charges de projets, augmentation des tâches faites par des cadres, diminution de l’expertise, précarité accrue nuisant au climat de travail et à la motivation, services de moindre qualité, insatisfaction au travail, dépression et surmenage, absence au travail en augmentation, etc.
Dans son discours inaugural, le premier ministre disait : « Nous allons avancer en toute transparence, dans un dialogue constant avec les Québécois ». Pourtant, nous multiplions le gaspillage éhonté avec des projets informatiques dont les coûts explosent et enrichissement les firmes privées, avec des entreprises agonisantes qui sont maintenues en vie artificiellement, avec des bonis de départs astronomiques et des nominations arbitraires. Le premier ministre ose appeler cela de la transparence et du dialogue ! », conclut M. Perron.