« Le français recule à Montréal et le taux d’accès à l’emploi des immigrants qualifiés est anémique, constate Amir Khadir, député de Québec solidaire. Le gouvernement libéral reçoit beaucoup d’argent d’Ottawa pour améliorer la situation. Il choisit plutôt de laisser la situation se détériorer en refusant de faire les investissements requis. C’est incompréhensible. »
Le financement est là, mais n’est pas utilisé
Les montants des transferts d’Ottawa pour faciliter l’établissement et l’intégration des nouveaux immigrants ont augmenté de 25 M$ cette année. Néanmoins, au dernier budget, le gouvernement du Québec a diminué le budget alloué à la francisation et l’intégration. Ainsi, les sommes pour les mesures d’intégration diminuent de 2,1 M (de 50M à 47.9M) et celles dédiées à la francisation stagnent à 67,7 M. Le gouvernement a plutôt choisi de détourner l’argent neuf vers la réduction de la dette.
Le gouvernement du Québec ne respecte pas sa propre signature et détourne à d’autres fin une part grandissante de ce transfert fédéral, constate le député de Mercier. Ainsi en 1998-1999 les transferts et les dépenses du Ministère de l’immigration et des Communautés culturelles étaient au même niveau, à environ 102 M$. En 2012-2013, Québec dépensera 110 M$ de moins que les 258 M$ reçus du fédéral.
L’avenir du français hypothéqué
« Le gouvernement hypothèque l’avenir du français, estime M. Khadir. Déjà précaire, la situation ne pourra s’améliorer si les programmes de francisation sont laissés sans nouvelles ressources. Par exemple, en 2010, 31 classes de français écrit à temps complet destinées aux nouveaux arrivants ont été fermées. L’allocation hebdomadaire pour les participants aux programmes de francisation n’a pas été indexée depuis 2005. Plusieurs doivent faire le choix d’abandonner l’apprentissage du français pour subvenir aux besoins de leur famille. Laisser la situation se détériorer comme le fait le gouvernement libéral équivaut à favoriser l’anglicisation du Québec. »
Mieux accueillir les immigrants c’est mieux protéger la culture québécoise
M. Khadir craint également que le Québec continuera de perdre ses nouveaux arrivants au profit d’autres provinces si des efforts supplémentaires ne sont pas faits en matière d’intégration socioprofessionnelle. L’augmentation de 85 % des frais chargés aux travailleurs qualifiés pour l’obtention d’un Certificat de sélection du Québec envoie d’ailleurs un signal contradictoire, souligne le député de Mercier.
« Investir pour l’intégration des immigrants au marché du travail directement ou en soutenant les organismes communautaires qui oeuvrent en ce sens, c’est mieux les accueillir. Mieux accueillir, ça renforce les conditions d’un attachement au Québec, à notre culture et à notre langue. Mieux intégrer les immigrants-es, c’est mieux protéger le français et la culture québécoise. », conclut M. Khadir.
Quelques chiffres sur la situation des immigrants
En 2009, le taux de chômage des immigrants du Québec s’élevait à 13,7 % comparativement à 7,6 % pour la population née au Québec et à 10,7 % pour les immigrants de l’Ontario.
En 2007, le taux d’emploi des immigrants ayant fait des études universitaires était de 75,7 % par rapport à 93,0 % pour la population du Québec ayant fait de telles études.
En 2006, 42,1 % des immigrants avaient un niveau de scolarité plus élevé que celui normalement exigé pour leur emploi.
(Source : Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2010-2011, Tome 1)