Surtout, l’annonce du ministre de l’Éducation laisse entière la question de la distribution des repas du midi à 1 $. Cette mesure, qui a fait l’objet d’une importante mobilisation de parents et acteurs communautaires l’an dernier, devrait pourtant être au cœur des discussions. Sans celle-ci, le coût du dîner passe de 1 $ à environ 8 $, incluant les frais de garde. L’heure de la rentrée a sonné et de trop nombreuses familles montréalaises dans le besoin ne savent toujours pas si elles pourront compter sur cette aide financière.
Les dîners à 1 $ dépendent toujours des indices de défavorisation
Malgré l’annonce de la sortie des indices de défavorisation du ministère, rien ne garantit le maintien et l’extension des dîners à 1 $, puisque l’attribution de la mesure alimentaire relève toujours du Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal. Or, celui-ci continue à dresser la liste des écoles bénéficiant de la mesure alimentaire selon son propre indice de défavorisation des milieux de vie et à attribuer en conséquence l’argent aux centres de services scolaire (CSS) et aux commissions scolaires (CS). En 2018-2019, une mise à jour de la carte de défavorisation des écoles avait fait perdre à 14 écoles primaires l’accès à cette mesure. En août 2019, après une grande mobilisation citoyenne, le gouvernement du Québec avait prolongé la mesure pour une année. Ces familles - et les écoles qu’elles fréquentent - sont aujourd’hui laissées dans le néant et doivent se réorganiser avec moins, sans compter les cinq nouvelles écoles qui perdent la mesure cette année.
« Seulement à Saint-Henri, ce sont près de 100 familles qui ont appris cet été en pleine pandémie que leurs enfants vivant sous le seuil de faible revenu seront privés de repas chauds à l’école, déplore Shannon Franssen, coordonnatrice de la CDC Solidarité Saint-Henri. Cette année, deux de nos trois écoles primaires perdent la mesure alimentaire dans notre quartier qui s’embourgeoise ».
Combien d’argent supplémentaire pour Montréal ?
Avec l’argent supplémentaire versé par le gouvernement du Québec, les CSS et les CS peuvent décider d’étendre les repas à 1 $ à tous les enfants dans le besoin. Ils ont une pleine autonomie dans l’utilisation de ces montants. Cependant, pour prendre leurs décisions, les CSS et les CS doivent avoir toutes les informations en main. « À Montréal, territoire fortement touché par la pandémie et par la pauvreté, une information de taille est toujours inconnue : comment sera réparti l’argent annoncé par le ministre ? Combien d’argent supplémentaire ira à Montréal pour l’aide alimentaire, tous services confondus ? », demande Karine Triollet d’Action-Gardien, la CDC de Pointe Saint-Charles. « Bien que le ministre ait affirmé qu’aucun enfant n’irait à l’école le ventre vide, impossible d’en avoir la certitude sans réponses claires à ces questions. Nous voulons la garantie que Montréal aura sa juste part et ne sera pas perdante dans la nouvelle répartition », ajoute-t-elle.
Prioriser les dîners parmi les mesures d’aide alimentaire
Nous voulons aussi une confirmation que les sommes supplémentaires serviront bel et bien à élargir les dîners à 1 $ à toutes les écoles. Toute forme d’aide alimentaire est la bienvenue, que l’on parle de petits déjeuners ou de collations. Cependant, l’accessibilité à des repas du midi à faible coût est prioritaire. « La rentrée scolaire cette année est tellement difficile, a témoigné une mère de 5 enfants, dont 4 au primaire dans le quartier St-Henri. J’avais prévu un retour au travail, mais avec l’augmentation des prix des dîners, je ne peux me permettre de les envoyer au service de garde sur l’heure du dîner. Je ne suis pas la seule à m’être plainte auprès de l’école depuis que la nouvelle du gouvernement est sortie. » a témoigné une mère de 5 enfants, dont 4 au primaire dans le quartier St-Henri. »
Le temps presse pour une politique alimentaire universelle
Le gouvernement du Québec doit apporter des réponses le plus rapidement possible. Pour Yves Bellavance, coordonnateur de la CMTQ : « Seule une mesure alimentaire universelle permettra à l’ensemble des enfants de manger ensemble et socialiser sans stigmatisation, peu importe le revenu de leur famille. Mais dès cette rentrée scolaire, l’élargissement de la mesure alimentaire à tous les enfants vulnérables afin qu’ils puissent manger à leur faim le midi est un minimum incontournable que le gouvernement et les centres de services scolaires doivent mettre en place. »
Pour réellement et justement éradiquer la faim dans toutes les écoles, une collaboration étroite entre les différents paliers du gouvernement et les centres de services et commissions scolaires est essentielle. Maintenant plus que jamais, la création d’un politique alimentaire scolaire universelle par le gouvernement fédéral, en collaboration avec le gouvernement du Québec et les municipalités, est une nécessité.
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