Madame France-Élaine Duranceau
Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation
Édifice Loto-Québec
500, rue Sherbrooke Ouest, 9e étage
Montréal, QC. H3A 3C6
ministre@habitation.gouv.qc.ca
Montréal, le 18 avril 2024
Objet : Urgence de construire des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale
Madame la Ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau,
“À 900 000$ la porte, le coût est excessif”. Ce sont les termes que vous, Madame la Ministre de l’HabitaFon, avez employéslors d’une mêlée de presse au courant du mois de mars 2024. En d’autres mots, à 900 000$ par nouvelle maison d’hébergement construite, vous dites que nous n’avons pas les moyens de sécuriser nos proches, nos
sœurs, nos mères et leurs enfants de contextes conjugaux violents. Selon vous, les contribuables n’ont pas la capacité de payer pour ces maisons pourtant essentielles à l’intégrité physique et psychologique de milliers de femmes. En tant que futur.es technicien.nes en travail social, que leur dirons-nous lorsque nous ne pourrons répondre à leur demande d’aide ? Quelles explications les intervenant.es doivent donner aujourd’hui, afin de justifier un refus de service ? À quel point la file d’attente pour un accès en maison d’hébergement doit s’allonger, ou pire, doit-on aXendre que
les féminicides s’additionnent pour que l’on agisse enfin ? Comment expliquer ce manque d’humanité ?
Les organismes communautaires offrant des services aux personnes victimes de violence conjugale sonnent l’alarme depuis longtemps, trop longtemps. Le Ministre de la Sécurité publique démontre que 15 000 demandes d’hébergement ont dû être refusées en 2020. À force de Frer, la sonneXe va céder. Les organismes tiennent à bout
de bras ce problème social, il est temps de les soutenir dans leur travail acharné.
Depuis plusieurs années, les intervenant.es nomment l’accompagnement psychosocial comme un élément clé à la reprise de pouvoir des victimes de violence conjugale. La porte d’entrée à des ressources sécurisantes est l’enjeu numéro 1 pour les réseaux de soutien qui débordent. Nous estimons que cela engendre une perte de confiance entre
les victimes, les institutions publiques et les organismes communautaires, en plus de négliger de manière systémique des contextes de violence graves. La population compte sur vous afin de les protéger. Fragiliser ce lien de confiance, c’est prendre le risque que des personnes s’isolent dans leur détresse. Après la vague de féminicides
connue en 2020, nous sommes conscients des tragédies que cela peut engendrer.
Nous écrivons d’ailleurs ces mots seulement une semaine après le 9e féminicide de l’année, ayant enlevé la vie à Josianne Fauchée, assassinée par son ex-conjoint.
Nous tenons à vous rappeler les engagements énoncés par votre gouvernement, en 2021, à construire davantage de maisons d’hébergement pour femmes. Les projets de construcFon sont actuellement à l’arrêt, sous prétexte que les coûts sont trop élevés. Ces coûts sont néanmoins nécessaires afin d’assurer des services adaptés : durabilité
des aménagements, espaces communs et d’intervenFons, etc. À cet effet, nous nous demandons sérieusement, Madame la Ministre de l’Habitation, à quel moment peut-on considérer qu’il coûte trop cher de mettre en place des ressources nécessaires pour éviter un nouveau féminicide ?
En attente d’actions concrètes de votre part, nous vous prions d’agréer, Madame la
Ministre de l’Habitation, l’expression de nos salutations distinguées.
Samuel Bonneau
Laurence Emond
Rosalie Levac
Zolikha Remagui Temam
Jasmine Renteria-Huerta
Delphine Vermette
Étudiant.es en techniques de travail social au Cégep du Vieux-Montréal
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