Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Syndicalisme

Pour se retrouver dans la négociation en petite enfance

C’est bien connu, une négociation, ça peut être complexe. Particulièrement lorsque le Conseil du trésor est de la partie. Pour établir les demandes salariales, il faut faire des calculs complexes, et il est parfois difficile pour les membres de s’y retrouver, et donc de s’approprier ces demandes.

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Pour aider les intervenantes en petite enfance des CPE et les responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) qui sont présentement en négociation, la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) a développé un calculateur en ligne permettant de comprendre les impacts des demandes syndicales sur les différents échelons salariaux en CPE et sur le montant de la subvention des RSE.

Des demandes raisonnables et nécessaires

Les intervenantes en petite enfance, malgré de grandes responsabilités et un travail essentiel, ne comptent pas parmi les travailleuses les mieux rémunérées au Québec. En tenant compte de l’inflation des dernières années, leur pouvoir d’achat a d’autant plus diminué.

Pour les RSE, la FIPEQ-CSQ revendique une hausse les protégeant de l’inflation. Les RSE doivent fournir deux collations par jour en plus d’un repas à six ou neuf enfants à même le montant de leur subvention. Leur revenu est directement affecté par la hausse du coût de l’alimentation. Depuis 2020, le coût du panier d’épicerie a augmenté de 13,9 %, et rien n’indique que la situation se résorbera puisque les projections parlent d’une hausse de 9,9 % à 11,3 % en 2023. La demande syndicale consiste en une augmentation de 6,12 $ de la subvention totale par enfant au terme de l’entente collective, en 2026.

Quant aux travailleuses des CPE, elles demandent un ajustement salarial à l’indice des prix à la consommation afin de protéger leur pouvoir d’achat et empêcher leur appauvrissement. Elles demandent, en outre, une bonification salariale afin de poursuivre le rattrapage salarial avec les autres secteurs et les autres provinces. Pour 2023, la demande est de 2,86 $ l’heure (environ 100 $ par semaine). Pour les deux autres années de la convention, elles demandent 3 % et 4 %, respectivement.

Pas qu’une question d’argent

Les RSE veulent également pouvoir être remplacées lorsqu’elles s’absentent pour des raisons personnelles afin d’éviter des bris de service aux familles et aux tout-petits. Elles souhaitent aussi que tous les enfants ayant des besoins particuliers puissent bénéficier de la subvention nécessaire afin de pouvoir répondre à leurs besoins tout en respectant le rythme de leur développement. Par ailleurs, les RSE revendiquent un soutien lors des moments difficiles, comme un deuil, soutien qui consisterait en des congés sociaux payés pour s’occuper des nombreuses obligations entourant le décès d’un proche.

Ces demandes trouvent écho dans les demandes des intervenantes en petite enfance des CPE, qui voudraient avoir accès à plus de personnel spécialisé pour accompagner les enfants ayant des besoins particuliers. Elles veulent également que les CPE embauchent davantage de personnel afin de diminuer la surcharge et augmentent le nombre de journées pédagogiques permettant des moments dédiés à la planification en lien avec le programme éducatif.

On remarquera au passage que, dans les deux cas, les demandes portent sur la capacité des intervenantes en petite enfance à offrir des services de qualité et à accompagner au mieux les enfants dans leur développement.

Des solutions à la pénurie de main-d’œuvre

Les services de garde éducatifs à la petite enfance publics sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre qui compromet l’ouverture de nouvelles places très attendues par les parents, qui, dans certains cas, se voient contraints de reporter leur retour au travail.

Pour attirer et retenir le personnel des CPE et les RSE, il faut réussir à démontrer qu’elles auront les moyens de réaliser leur travail dans de bonnes conditions, tant sur le plan salarial que par la réponse aux besoins exprimés, tant en termes de ressources matérielles que sur le plan de la surcharge de travail.

C’est dans cet esprit que, pour la première fois dans l’histoire de la FIPEQ-CSQ, les intervenantes en CPE et en milieu familial régi et subventionné vont unir leurs forces afin de mener une négociation commune. Il s’agit d’une opportunité unique d’allier l’ensemble des intervenantes afin de bonifier leurs conditions de travail et de poursuivre la valorisation de la profession.

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